Autant vous y faire, jeunes Padawans, même si c’est difficile à entendre, lorsqu’un aspirant scénariste s’attaque à un projet de sa seule initiative, il prend le risque considérable que son scénario finisse son existence sur une étagère… et dans la corbeille à papier de toutes les maisons de production de la capitale. Ce qu’il vous faut bien comprendre, c’est que les producteurs reçoivent vraiment beaucoup de scénarios alors qu’ils produisent relativement peu de films. Et vu le budget d’un film, ils préfèrent investir sur des valeurs sures. Suis-je en train de vous dire que vous n’avez aucune chance de faire lire votre texte? Non, simplement que pour être considéré comme un professionnel… il fait agir et démarcher en professionnel. Je vous propose d’écouter le producteur américain Steven J. Wolfe nous expliquer comment il se fournit en scénarios…
Comme va l’expliquer Steven J. Wolfe dans la vidéo qui suit, il ne lit pas les scénarios qui lui sont directement adressés par des scénaristes inconnus, il a déjà bien assez à faire avec ceux qu’il reçoit via des intermédiaires:
La masterclass que j’ai animée lors du dernier Festival International des Scénaristes m’a permis de constater, une fois encore, à quel point le métier de scénariste véhicule fantasmes et idées reçues, notamment en ce qui concerne la façon de débuter une carrière. J’ai donc choisi de vous montrer cette brève interview car les propos de ce producteur sont très révélateurs de la manière dont fonctionne l’industrie du cinéma vis à vis du marché du spec-script, à Hollywood aussi bien que sur notre sol: les scénaristes débutants qui font le tour des sociétés de productions, leurs oeuvres sous le bras n’ont quasiment aucune chance qu’elles soient lues.
Comment faire pour avoir enfin une opportunité me direz-vous? Et bien il vous faut la créer… en contournant l’obstacle! Avez-vous bien écouté les propos de l’interviewé? Les producteurs reçoivent avec grand intérêt les scénarios émanant:
- de cinéastes
- d’agents
- de scénaristes connus et/ou avec lesquels ils ont déjà travaillé
- éventuellement de comédiens connus
Si l’on ramène la problématique au marché français, autant vous le dire tout de suite, c’est la carte cinéaste qu’il vous faut jouer, et au plus vite, car les agents ne s’intéressent pas aux scénaristes débutants.
Le cinéma est un art collaboratif dont le scénario n’est qu’un premier maillon, certes essentiel, mais destiné à être pris en mains par d’autres intervenants que son auteur. Pour avoir une chance de devenir scénariste, il vous faut traiter dès aujourd’hui l’écriture comme un véritable métier, comprendre comment cette profession fonctionne et vous y adapter…
Inutile de créer un site Internet pour y publier vos oeuvres, les producteurs n’iront pas le visiter. Inutile de payer les services de soi-disant consultants/intermédiaires/script-doctors/coachs qui promettent d’optimiser vos chances de vendre vos oeuvres, ce serait de l’argent jeté en l’air. Méfiez-vous des appels à scénarios à moins qu’ils n’émanent de festivals ou sociétés de productions reconnues. Si vous souhaitez avoir une chance de devenir scénariste, brisez votre isolement au plus vite, créez votre propre réseau professionnel au lieu de mettre la charrue avant les boeufs.
Copyright©Nathalie Lenoir 2012