Cloclo

Par Cinephileamateur

De : Florent Emilio Siri.
Avec : Jérémie Renier, Benoît Magimel, Monica Scattini, Sabrina Seyvecou, Ana Girardot, Joséphine Japy, Maud Jurez, Marc Barbé, Eric Savin, Sophie Meister, Robert Knepper...
Genre : Biopic - Drame.
Origine : France.
Durée : 2 heures 28.
Date de sortie : 14 mars 2012.
Synopsis : Cloclo, c’est le destin tragique d’une icône de la chanson française décédée à l’âge de 39 ans, qui plus de trente ans après sa disparition continue de fasciner. Star adulée et business man, bête de scène et pro du marketing avant l’heure, machine à tubes et patron de presse, mais aussi père de famille et homme à femmes…
Cloclo ou le portrait d’un homme complexe, multiple ; toujours pressé, profondément moderne et prêt à tout pour se faire aimer.
Bande annonce française

Bien que je ne sois pas un fan de Claude François, je dois admettre que j’aime bien ses chansons du moins ses grands classiques qui font toujours leurs petits effets lorsqu’on les entends. De plus, j’aime beaucoup en général les films de Florent Emilio Siri et depuis quelques temps, la présence de Jérémie Renier dans un casting attise ma curiosité. Bref, tout était réuni pour faire de « Cloclo » l’une de mes principales attentes.
J’ai pas été déçu du résultat. J’ai beaucoup aimé ce film où j’ai vraiment découverte une facette caché de l’artiste et de l’homme que je ne connaissais pas. Le scénario écrit par Julien Rappeneau est vraiment très bon en évitant les principaux pièges dans lesquels il aurait pu tomber. Sans aucun voyeurisme (à l’image de sa fin montré de façon très habile et très juste je trouve), le film ce concentre sur son sujet. Il aurait pu nous mettre en boucle des fans en pleurs, des clips à tout va et des paillettes mais plutôt que d’opter pour la facilité, l’intrigue nous dresse un portrait pas toujours flatteur de l’artiste mais dont le chemin nous aide parfois à comprendre comment il en est arrivé là et quels sont les faits qui ont guidé ses différents choix dans sa vie mais aussi dans ses chansons. A la fois tragique et drôle, j’ai été touché par ce destin qui encore une fois, hormis son final, je ne connaissais pas. Malgré les défauts de l’homme, le film réussit à nous rendre l’artiste sympathique, accessible avec ses forces et ses faiblesses. Du point de vue de l’écriture, c’est vraiment très bien travaillé. Je m’attendais à quelque chose de qualité mais le résultat final est au delà de mes espérances. On s’intéresse vraiment plus à l’homme plutôt qu’à l’artiste et je trouve que c’est une excellente idée. J’ai aimé aussi traversé tout une époque que j’aime bien voir au cinéma en général et qui arrive à nous rendre nostalgique d’un certain passé par moment.
Si le scénario nous accroche, c’est aussi parce que l’interprétation est bluffante. Sans chercher la parodie ou le mauvais copier-coller, les différents acteurs ont su très bien incarnés leurs différents personnages avec leur propre touche personnelle sans tomber dans le grand guignol. C’est le cas de Jérémie Renier qui porte le film sur ses épaules en Claude François. C’est un acteur qui m’impressionne de plus en plus avec le temps et ici sa prestation est vraiment remarquable. Il marque sans nul doute un grand virage avec ce film dans sa carrière où il nous démontre l’étendu de son talent. Si son personnage nous est sympathique malgré ses défauts, c’est aussi grâce au jeu de l’acteur qui à su nous l’humaniser avant tout plutôt que de chercher à le copier. A ses côtés, le reste du casting est lui aussi impressionnant à l’image d’un Benoit Magimel en Paul Lederman excellent. Au vue de la bande annonce, j’avais quelques craintes, j’avais peur que son rôle et son jeu sonne faux et soit ridicule pourtant, si je dois admettre que ça première apparition à l’écran m’as beaucoup fait sourire, par la suite je l’ai trouvé très crédible sans tomber lui aussi dans le piège de la parodie. Grande performance aussi pour Monica Scattini qui incarne à merveille une Chouffa François à l’image de son fils. Complexe, bourré de défauts mais attendrissante et sympathique. Le choix de l’actrice est très bon et sonne juste à l’écran.
Dans cette distribution, personne n’as livré de prestations qui m’ont paru choquante. C’est aussi le cas de Joséphine Jappy en France Gall dont l’interprétation m’as plus intéressé que celle de Sara Forestier dans le pourtant très bon aussi « Gainsbourg, vie héroïque ». L’actrice dégage une naïveté et une innocence très touchante qui fait plaisir à voir et qui nous donne elle aussi une autre vision que celle que je pouvais avoir de cet artiste. Marc Barbé m’as beaucoup plu aussi dans le rôle de Aimé François. Je trouve qu’il incarne vraiment à merveille ce père intransigeant et autoritaire qui à sa façon aura façonné Claude François et fait de lui l’homme qu’il est devenu. L’acteur possède un charisme très fort et une très bonne présence à l’écran. Sabrina Seyvecou en Josette François, Ana Girardot en Isabelle Forêt, Maud Jurez en Janet Woolacot ou encore Eric Savin en Jean Jacques Tilche m’ont eux aussi bien plu à leur niveau tandis que j’ai bien aimé l’acteur incarnant Johnny Hallyday jeune sans parler du toujours très classe et appréciable à l’écran Robert Knepper en Frank Sinatra.
Pour la mise en scène, j’avais très peu de craintes et j’ai eu raison de faire confiance à Florent Emilio Siri. Le cinéaste nous livre encore une fois une très belle réalisation qui donne toute sa splendeur au film. Chaque détail est parfaitement millimétré, parfaitement pensé et visuellement c’est un vrai régal pour les yeux. Il y à des plans qui sont à tomber comme le fameux plans séquence de la fête dans le jardin où l’on découvre Marc qui est saisissant et surtout très lisible ou encore l’utilisation de l’image vieilli pour nous donner une impression d’images d’archives pour ne citer que ses exemples. Tout est bien pensé et comme pour le scénario, on sens un vrai respect pour Claude François et à aucun moment on ne tombe dans le voyeurisme gratuit comme la fin tragique sans effets tape à l’œil et où l’on aurait pu mettre des heures d’images de fans en pleurs et où on se contente d’en mettre que trente secondes pour se concentrer sur la mère et revenir à l’humain plutôt qu’au mythe. Il y à juste une scène où j’ai eu un peu de mal sans que ça ne gâche mon visionnage, c’est celle de la caméra qui tourne sur elle même tout comme le disque qu’on est en train d’écouter et qui donne l’impression qu’on est sur une montagne russe mais fort heureusement, cette scène ne dure pas longtemps. Sinon, les décors sont vraiment bien fait tout comme le choix des différents costumes où là aussi on évite de tomber dans le piège du surplus de paillettes. Quant à la photographie, elle est très belle et utilise magnifiquement la lumière comme Claude François lui même le faisait pour ses photos afin qu’on ait l’impression de voir une aura au dessus de lui. Techniquement, l’ensemble est vraiment très soigné et on se trouve en présence non seulement d’un biopic réussi mais aussi d’un des meilleurs biopic sur un chanteur que j’ai pu voir jusqu’à ce jour.
Autre point important concernant ce film est pas des moindres : la bande originale. Composée par Alexandre Desplat (l’un des meilleurs compositeurs de films du moment en activité), la musique de ce film est génial et là encore, on n’as pas joué avec la facilité. On aurait pu se contenter de faire une succession de tubes de Claude François qui de toute façon aurait fait mouche mais si on retrouve des chansons de l’artiste (et pas que des classiques…), il y à aussi une autre partition originale tout aussi excellente. Concernant les chansons de Claude François, les fans seront ravi de retrouvés quelques uns de ses grands succès ainsi que des titres un peu moins connu pour ceux qui le connaisse moins le tout accompagné parfois d’une explication de texte qui rendent certains tubes encore plus fort comme le mythique « Comme d’habitude », mainte fois repris et qu’on ne présente plus. Quant à la seconde partition, celle d’Alexandre Desplat, elle est elle aussi parfaite. Elle colle plus à l’homme, à son histoire et nous envoûte durant tout le film sans jamais faire ressentir une fausse note. Les mélodies sont très belles et nous entraîne du début jusqu’à la fin en nous offrant une bonne alternance avec les chansons de Claude François. Très belle bande originale, je pense en tout cas tenté de me la procuré dès que je le peux car si le film est un très grand plaisir visuel pour moi, c’est aussi un très grand plaisir auditif. Je précise aussi que le choix d’avoir fait jouer les chansons en play-back par Jérémie Renier pour garder la voix si particulière de Claude François est une très bonne idée qui nous permet non seulement de voir les talents de l’acteur (jouait du play-back n’est pas si facile qu’on croit…) mais qui en plus permet de ne pas dénaturer la qualité de ses chansons qui font parti du patrimoine de la variété française.
Pour résumé, vous l’aurez compris j’ai adoré le film « Cloclo ». Biopic extrêmement maîtrisé de A à Z, Florent Emilio Siri signe là un excellent film qui à tout pour devenir une référence dans son genre. Jérémie Renier porte le film sur ses épaules mais il est très bien accompagné dans cette intrigue qui s’intéresse fort heureusement beaucoup plus à l’homme plutôt qu’à l’artiste ce qui nous évite de tomber dans certains pièges de facilité. Quant à la mise en scène, elle est juste brillante le tout accompagné par une bande originale qui ne m’as pas laissé indifférent. « Cloclo » est un film qui m’as procuré beaucoup de plaisir, un film que je reverrais volontiers et un film que je recommande chaudement que l’on soit fans ou pas de l’artiste. Un film pas si simple sur un homme complexe mais un film qui lui rend hommage à titre posthume je trouve de bonnes manière sans enjoliver la réalité mais sans la noircir non plus. Un grand film français (ça devient une habitude avec Florent Emilio Siri) à voir.
Ce que j’ai aimé :
  • Le scénario intelligent qui s’intéresse surtout à l’homme plutôt qu’à l’artiste
  • Les explications sur certaines chansons
  • Les pièges et autres facilités qui sont éviter du début jusqu’à la fin
  • L’interprétation remarquable de l’ensemble du casting bien mené par un excellent Jérémie Renier
  • Une mise en scène superbe et maîtrisé
  • Une bande originale qui mélange habillement classique de l’artiste et mélodie d’Alexandre Desplat
  • Une vision neutre de Claude François sans parti pris
  • On voit pas le temps passé
  • Les costumes, les décors, la photographie, la lumière qui sont excellent
  • Le plan séquence de dingue lors de la fête où on découvre Marc
  • Aucun voyeurisme gratuit que ce soit dans la façon de filmer la fin tragique ou dans les images pour montrer les fans en pleurs

Ce que j’ai moins aimé :
  • La scène du disque qui tourne (mais c’est juste histoire de dire un truc…)