La Cabane dans les Bois

Par Fredp @FredMyscreens

Oubliez tout ce que vous connaissiez sur les films d’horreur. La Cabane dans les Bois va vous en dévoiler tous les secrets et le résultat inattendu, un peu foutraque mais bourré d’idées qui en fait l’une des surprises les plus intéressantes et plaisantes du moment.

Joss Whedon et Drew Goddard, voilà une équipe qui a fait ses preuves. Le premier créateur de Buffy et réalisateur de Avengers, le second scénariste sur la 7e saison de la tueuse de vampires mais aussi sur Alias, Lost ou Cloverfield. Aussi, dès lors que cette réunion collabore sur un film d’horreur, on est en droit d’en attendre quelque chose de bien plus intéressant et corrosif que les histoires sanglantes qui pullulent sur les écrans. Le souci est que le film réserve tellement de surprises et emprunte tellement de directions différentes qu’il est difficile d’en parler sans révéler quoi que ce soit.

Nous nous en tiendrons donc au pitch de base, celui d’une bande d’étudiants répondant aux normes du genre (la bombasse, le sportif, l’intello, …) qui vont passer quelques jour dans une cabane isolée au fond des bois à côté d’un lac. Le cadre idéal pour se reposer et bourrer la gueule entre amis si il n’y avait une malédiction qui pesait sur le lieu. Mais rien ne va se passer comme prévu, car au delà du cliché, nous allons vite nous rendre compte que derrière cette histoire se cache une machination bien plus intéressante, de celles qui donnent une raison d’être à tout les films d’horreur quels qu’ils soient.

Car avec la Cabane dans les Bois, le duo Whedon/Goddard nous emmène finalement dans les coulisses dans les films d’horreur et nous dévoilent d’une certaine manière pourquoi il s’agit toujours de la même histoire, pourquoi les personnages sont toujours aussi débiles et pourquoi ils finissent toujours par se séparer en différents groupes. Sans cynisme mais plutôt avec un véritable amour du genre ils s’amusent à jouer avec les ficelles du genre pour mieux les démonter et créer un univers qui regroupe tous les sous-genre avec une certaine efficacité. C’est ainsi que le film révèle de nombreuses surprises mais surtout joue avec le spectateur, que ce soit dans la cave qui recouvre de nombreuses possibilités quand à la suite du film,  mais surtout en lui montrant directement comment il réagit face à ce genre de film. On lance des paris sur ce qu’il va se passer, on attend la scène où la première victime transgressera les règles et sera punie…

Un peu comme si Evil Dead rencontrait the Truman Show avec des ramifications inattendues, La Cabane dans les Bois trouve aussi parfaitement sa place dans le « Whedonverse» . Ainsi, en plus de personnages qui sont régulièrement apparus dans les shows de Joss Whedon (Fran Kranz dans un rôle primordial mais surtout quelques personnages secondaires que les fans devraient retrouver sans peine), cette Cabane dans les Bois pourraient très bien être, par son thème ou les secrets enfouis derrière les mythes urbains des films d’horreur, l’extension de l’une des saisons de Buffy ponctuée par une séquence dont rêverait tout fan de films d’horreur. Sans oublier évidemment l’efficacité avec laquelle le duo écrit ses personnages avec un humour toujours bienvenu.

En multipliant les pistes, La Cabane dans les Bois ne va jamais dans le sens que l’on imagine. Bourré d’idée, malin comme le diable, le film déroute même dans son final plus mystique loin des codes traditionnels. Mais heureusement, les auteurs ne se laissent jamais déborder par leur imagination et arrivent à maintenir un cap clair  qui fait de cette Cabane non pas une parodie mais une étude astucieuse du genre et de ses règles qui procure un plaisir instantané au spectateur qui se voit non seulement traité avec intelligence mais qui en plus est invité à participer inconsciemment au film.

Décidément, avec le parfait pied de nez au genre qu’est la Cabane dans les Bois, Joss Whedon réserve bien des surprises et prouve encore ici qu’il connait parfaitement la culture geek pour s’amuser avec et emporter le spectateur avec lui.