Pierre et Elisabeth, un couple de bobos parisiens, accueille le frère de celle-ci, Vincent, et son épouse Anna, enceinte de cinq mois, ainsi que Claude, un vieil ami de la famille. Au bout d’un moment, la discussion dérive naturellement sur la question du prénom que les futurs parents ont choisi de donner à leur enfant. La réponse de Vincent provoque l’incompréhension, puis la colère de ses proches, et la soirée tourne au cauchemar, chacun profitant de l’occasion pour tomber les masques et dire aux autres ce qu’il pense d’eux…
Un dîner en famille qui vire au règlement de comptes. Des quiproquos, des petits mensonges et des vérités qui blessent. Des réparties sarcastiques et des pétages de plomb… Ca vous rappelle quelque chose? Normal : il y a comme un air de famille avec… Un air de famille, justement, ou avec Cuisine et dépendances, deux pièces d’Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri adaptées au cinéma respectivement par Cédric Klapisch et Phillipe Muyl.
Le Prénom, la pièce, écrite par Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte, s’inscrit en effet dans la veine acerbe et cruelle des oeuvres théâtrales des “Jabac”. Avec un certain succès, puisque le public est venu en nombre la découvrir sur scène, ce qui a inévitablement incité les auteurs à vouloir l’adapter sur grand écran…
Pourquoi pas… Mais le problème, c’est que transposer une pièce de théâtre sur grand écran peut s’avérer aussi délicat et compliqué que de choisir un prénom pour un enfant. Il ne faut surtout pas se tromper dans le choix des prénoms – et des noms – que l’on doit engager pour que l’oeuvre cinématographique soit réussie.
Du côté des acteurs, rien à redire, puisque les auteurs ont choisi de faire confiance à la même troupe de comédiens que sur les planches : Valérie (Benguigui), Judith (El-Zein), Patrick (Bruel), Guillaume (De Tonquédec). Les échanges entre eux sont parfaitement huilés, grâce aux automatismes crées lors des 250 représentations jouées ensemble. Le seul nouveau de la troupe, Charles (Berling), qui remplace Jean-Michel (Dupuis) à l’écran, s’est intégré sans problème au reste du groupe et est impeccable dans son rôle de prof de fac bien moins tolérant et ouvert d’esprit qu’il ne le laisse paraître.
En revanche, Alexandre (De La Patellière) et Mathieu (Delaporte) ont été mal inspirés de passer eux-mêmes derrière la caméra. Ils ne sont ni Cédric (Klapisch) ni Philippe (Muyl) et se contentent d’illustrer assez platement leur récit en espérant que les dialogues réussissent à leur sauver la mise. C’est en partie raté…
Certes, on ne s’ennuie pas. Il faut également avouer que certaines répliques sont assez irrésistibles et que les acteurs prennent un plaisir communicatif à jouer certaines situations. Mais l’ensemble ne décolle pas vraiment non plus.
A cause de ce côté “théâtre filmé” peu engageant, le rythme s’essouffle assez vite, et les réparties comiques échangées par les acteurs perdent de leur force. Et comme Alexandre et Mathieu, malgré leur talent de plume certain, ne sont pas non plus Agnès (Jaoui) et Jean-Pierre (Bacri), ni même Francis (Veber), le film, insuffisamment drôle, insuffisamment cruel et finalement trop sage, à l’image de son final décevant, peine à nous enthousiasmer.
On ne conseille donc pas spécialement cette adaptation filmée sans relief du Prénom. On assume. Au risque de se faire appeler Artur par nos lecteurs fans de la pièce originale ou indécrottables bruelmaniaques (ça existe encore?)…
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Le Prénom
Le Prénom
Réalisateurs : Alexandre de La Patellière, Matthieu Delaporte
Avec : Valérie Benguigui, Judith El-Zein, Patrick Bruel, Charles Berling, Guillaume De Tonquédec, Françoise Fabian
Origine : France,
Genre : Théâtre filmé
Durée : 1h49
Date de sortie France : 29/04/2012
Note pour ce film : ●●●○○○
contrepoint critique chez : 20 minutes
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