Les Crimes de Snowtown est sorti en vidéo mercredi. Plongée dans l’horreur d’une banlieue abandonnée à la tyrannie discrète d’un serial-killer !
Pour son premier film, Les Crimes de Snowtwon, il nous embarque dans une banlieue mal famée où le jeune Jamie trouve en John Bunting un père de substitution. Mais plus il apprendra à le connaître, plus il prendra conscience de influence qu’il a sur la petite communauté locale et surtout se rendra compte qu’il s’agit d’un dangereux tueur en série.
En lorgnant plus sur le drame social violent que sur le thriller, Justin Kurzel donne tout de suite un visage humain auquel se rattacher. Plutôt que de partir sur une banale enquête, voir cet ado chercher un père et tomber dans l’horreur devient rapidement aussi poignant qu’éprouvant. Car il s’agit avant tout là du portrait d’une banlieue délaissée et où les habitants enfermés sans le moindre espoir d’en sortir pour une vie meilleure font la loi, sans l’ombre d’un seul flic en vue. Nous ne sortirons pas du quartier, comme un huis-clos à ciel ouvert et à la chaleur suintante.
Petit à petit, à mesure qu’il révèle toutes les intentions du fameux John Bunting, le réalisateur installe une tension latente sans montrer la violence de face, laissant le soin au spectateur d’imaginer le pire dans les coupes qu’il exerce. Il fait alors de son film un objet étouffant et en même temps fascinant devant la complexité de ses personnages et des rapports qu’ils entretiennent. Car à côté de la violence psychologique, le film explore aussi la tendresse d’un père pour son fils de substitution qu’il veut emmener avec lui sur le chemin horrible qu’il parcourt. Basculant ainsi régulièrement de moments de tensions intenses en instants plus doux, Kurzel donne un visage humain à l’horreur qui n’en est que plus effrayant.
Pour un premier film, on peut remarquer que Justin Kurzel maîtrise parfaitement son récit mais aussi l’image. Habillé par une photo naturelle donnant tout son sens à l’aube et au crépuscule et par une musique qui appuie comme il le faut les instants les plus durs qui font basculer la psychologie de Jamie, le film montre bien que son réalisateur est à suivre de près. Une chose est sûre, l’Australie n’est finalement peut-être pas le paradis que l’on attendait … mais se révèle sans doute l’un des meilleurs foyers de réalisateurs de films noirs.