Margin Call, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Entrez dans les coulisses du crash boursier qui a provoqué une crise financière mondiale avec Margin Call, premier film de J.C. Chandor et servi par un casting de premier choix.

L’une des dernières visions que nous avions eu de Wall Street au cinéma, c’était le retour de Gordon Gekko aux affaires sous la caméra d’Oliver Stone qui manquait complètement le coche pour ancrer son personnage cynique dans la crise financière. Mais heureusement nous pouvons compter sur la relève et le jeune réalisateur J.C. Chandor pour remettre les choses en perspective. Pour son premier film, il nous entraîne dans les coulisses d’une firme boursière qui va provoquer le crash. Entre cynisme et regard réaliste à la veille du crash sur ce que cette catastrophe va provoquer, il nous enferme pendant 24 heures dans un genre difficile à filmer (le film de bureau) et arrive à maintenir un intérêt permanent avec une écriture acérée.

Car toute la force de ce Margin Call réside dans le scénario écrit par J.C. Chandor. Sans en faire un brûlot politique, il s’intéresse avant tout aux hommes par qui a commencé cette crise financière et nous permet de découvrir de manière neutre plusieurs profils, du jeune trader surdoué qui se rend compte de la catastrophe à venir au patron sans remords en passant par le chef de service partagé entre sens moral et devoir envers la firme. Il ne diabolise ainsi pas tous les traders de manière manichéenne et leur apporte un visage humain … peut-être trop d’ailleurs par moment mais cela est fortement compensé par l’attitude acerbe du PDG et le traitement impeccable avec lequel il traite son sujet.

Car l’autre risque était aussi de perdre complètement le spectateur sous les explications techniques qui concernent les subprimes. Évidemment, ce n’est pas le sujet plus simple à expliquer et on peut trouver cela un peu confus au début mais le réalisateur-scénariste arrive finalement à nous donner une petite leçon de finance assez subtile pour comprendre le sujet et ses enjeux sans pour autant nous prendre par la main, traitant ainsi ses spectateurs avec respect tout en restant clair dans son propos.

Avec un scénario écrit avec une telle minutie, il est alors bien simple de comprendre pourquoi un tel casting a rejoint Chandor sur Margin Call avec une véritable implication. Kevin Spacey, Jeremy Irons, Demi Moore, Stanley Tucci, Simon Baker et même le plus jeune Zachary Quinto (ce dernier est d’ailleurs l’un des producteurs du film) sont tous parfaits entre froideur et humanisme. Mais le réalisateur ne se repose pas dessus et arrive à dépasser les images des acteurs pour montrer ce qui se trame dans les coulisses de telles organisations. Il arrive d’ailleurs à installer dès son générique une ambiance pesante, comme si une épée de Damoclès était suspendue au dessus de la tête de chaque personnage alors que nous avons pertinemment ce qui finira par arriver, et cette impression nous menace jusqu’à la fin du film.

Pour un premier film, J.C. Chandor fait preuve d’une maîtrise totale, à la fois avec un scénario parfaitement écrit et documenté mais aussi dans sa direction d’acteur et sa mise en scène pour nous livrer un thriller financier qui ne souffre jamais de son indépendance. Inutile de dire que l’engagement du réalisateur sur de prochain projets est à suivre de très près.