Dark Shadows, critique

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Nouvelle histoire gothique pour Tim Burton avec Dark Shadows qui embarque à nouveau son Johnny Depp costumé au milieu d’un casting événement et d’une chronique familiale bien vide.

Dark Shadows, critiqueCela fait maintenant une dizaine d’années que Tim Burton tourne en rond en nous livrant perpétuellement la même recette, depuis qu’il s’est commis dans le remake de la Planète des Singes et dont l’apothéose était son Alice au pays des merveilles qui tenait finalement plus du marketing que de la vision artistique. Est-ce son PACS cinématographique avec Johnny Depp qui s’est installé dans la routine ou une attitude nouvelle du cinéaste qui se repose sur ses acquis et ne cherche plus vraiment à se renouveler ? Quoi qu’il arrive, ses films sont tout de même toujours attendus au tournant, comme si on espérait encore queqleue chose de celui qui a fait du romantico-gothique une machine à dollars calculée et non plus un rêve d’homme qui ne trouvait pas sa place.

Voici donc que le réalisateur nous présente Dark Shadows, adapté d’un soap opéra culte outre atlantique et qui n’a même pas posé un pied dans nos contrées. Inutile de se demander pourquoi Tim Burton s’y était intéressé quand on voit qu’il s’agit d‘une chronique familiale un peu particulière. Barnabas Collins a été transformé en vampire et enfermé par une sorcière. 200 ans plus tard, il est libéré et retrouve son foyer occupé par ses descendants. En plus de devoir s’adapter aux années hippies, il va aussi retrouver la sorcière diablement sexy qui règne sur la ville.

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Que l’on se rassure tout de suite, ce Dark Shadows n’est pas la catastrophe d’Alice au Pays des Merveilles et le fait d’ancrer son récit dans un monde un peu plus proche du notre, sans toutefois oublier son côté fantaisiste, permet d’apporter un petit vent de fraîcheur dans l’univers du réalisateur. Car il apporte quelque chose qui manquait cruellement à ses précédentes productions : l’humour. Ici, les répliques font mouche régulièrement et le décalage du personnage avec son époque fait régulièrement sourire (même si rappelant parfois l’humour … des Visiteurs …). Mais c’est surtout la bande-originale bercée au son des 70′s qui arrive à donner du rythme et un côté plus pop au film et à lui donner une atmosphère qui change légèrement du Burton habituel que l’on a rarement connu d’aussi bonne humeur.

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Pour le reste, Dark Shadows regroupe tout ce qui fait le cinéma de Burton depuis des années et ne va pas réinventer la poudre. Imagerie gothique entre le noir et blanc et les couleurs pimpantes, hommage aux films d’horreur d’antan, ton décalé et les personnages de freaks au centre du récit, et présence de Johnny Depp et Helena Bonham Carter, les ingrédients sont toujours là. Mais on s’aperçoit bien vite que finalement, cet ersatz de la Famille Addams par Burton est assez vide et ne raconte rien de neuf, que ce soit dans la mise en scène, dans le récit ou les personnages.

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Alors oui, on sauvera bien le design gothique et quelques scène où Burton a l’air de sortir de son sommeil comme cette partie de jambes en l’air sur du Barry White, le caméo génial d’une ancienne star du hard rock ou la confrontation finale face à cette sorcière tragiquement amoureuse de ce vampire. Mais c’est bien tout ce que l’on retiendra tant le reste est creux et ne sert une fois de plus que d’écrin à Johnny Depp jouant en automatique, laissant tout le reste sous la poussière d’un musée visité par quelques fidèles visiteurs.

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Car l’un des aspects les plus intéressants de ce Dark Shadows était sans conteste son aspect « chronique familiale»  dans lequel chacun des personnage pourrait avoir ses moments. Il n’en sera malheureusement rien et c’est encore une fois le Depp show qui cannibalise tout le récit. On se demande alors à quoi bon recruter un casting aussi haut en couleurs si c’est pour lui couper la parole et jeter les personnages aux oubliettes. Seule Eva Green, magnifique et tragique poupée de porcelaine brisée, réussira à tenir la dragée haute face à Depp imitant tous les vampires ayant existé au cinéma avant lui (ou mimant tous les personnages qu’il a interprété pour Burton, on ne sait plus très bien).
Mais à côté d’eux, Michelle Pfeiffer fait ce qu’elle peut pour exister tandis que les histoires personnelles des autres sont tout simplement sacrifiées. Les plus maudits exemples étant la crise d’ado bien particulière de Chloe Grace Moretz qui aurait pu être bien plus approfondie, de même que la personnalité du père indigne campé par Jonny Lee Miller. Tous servent seulement à définir le personnage de Barnabas Collins et n’ont jamais l’occasion de s’exprimer par eux-même. Ces sacrifices posent alors dès le départ un sérieux problème d’empathie lorsque le réalisateur les fait partir ou revenir dans le récit pour pas grand chose.

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Handicapé par un sérieux problème de rythme mais surtout par une paresse qui devient de plus en plus énervante chez Burton, Dark Shadows reste un divertissement plutôt agréable mais qui manque clairement son but. Alors que l’on aurait pu avoir une chronique familiale délicieusement fun, on ne ressent finalement qu’un grand vide et une recette appliquée à la lettre et sans surprises par son créateur qui ne va même pas prendre le soin de faire vivre ses personnages. Peut-être serait-il bon que Burton et Depp fassent une pause pour tenter de se renouveler enfin ?