Après avoir poser son univers dans une première saison, Buffy est de retour pour explorer davantage les problèmes d’ado. Mais quand c’est toujours supervisé par Joss Whedon, c’est toujours bien plus passionnant et subtil que bon nombre de séries sur le sujet. C’est parti pour une seconde saison romantique et tragique.
Si dans une première saison Joss Whedon posait les bases de son univers et caractérisait ses personnages, il n’attendait qu’une seconde saison pour leur donner toute leur profondeur, les faire évoluer et montrer plus largement de quoi est fait le « buffyverse« . Et cette fois il n’aura non pas 12 mais 22 épisodes pour y arriver, naviguant entre épisodes stand-alone et d’autres qui servent pleinement la mythologie. Mais il ne va pas pour autant dévoiler tout de suite la menace planant sur la saison. Il commence par re-situer ses personnages et les enjeux de la tueuse en en finissant définitivement avec le Maître qui était l’ennemi de la saison précédente et avait laissé quelques traces.
Assez vite il introduit de nouveaux personnages et alors que l’on attendait que le « juste des juste» prenne la suite du Maître, il se fera tout de suite griller la place par un couple détonnant : Spike et Drusilla. Très vite, les deux vampires rock’n'roll, aussi modernes que le Maître était traditionnel, révèlent le thème de la saison : l’amour. Et celui-ci sera présent sous toute ses formes, du flirt adolescent à l’histoire tragique en passant par la tendresse adulte. Que ce soit l’amour naissant entre Giles et Jenny Calendar, l’amour passionné entre Buffy et Angel mais aussi le couple étrange que Xander va former avec Cordelia ou la tendresse que dégage l’attirance progressive de Willow et OZ, impossible de passer à côté des différentes facettes des amours représentées ici, contradictoires, rêveuses, intenses.
Mais il ne faudrait pas croire que tout va dans le meilleur des mondes car cette saison parle aussi du mensonge et de la trahison. Ainsi, quelques épisodes indépendants (comme Mensonges avec l’ex-petit ami de Buffy qui vient de Los Angeles avec un but bien précis) abordent pleinement cette problématique mais c’est surtout lorsqu’après leur première nuit ensemble, Angel redevient le monstre sans âme qu’il était autrefois que la série et le personnage de Buffy évoluent (épisode Innocence).
Parabole du petit ami qui ne faisait la cour que pour coucher avec la fille, le changement de caractère d’Angel à la moitié de la saison pour en faire le grand bad-guy ajoute un aspect de tragédie grecque à la série quand l’héroïne prend conscience qu’elle devra le tuer dans un affrontement émouvant en fin de saison (Acathla, réalisé par Joss Whedon himself).
Le mensonge se cache aussi parfois dans ce que dissimulent les personnages et de ce côté, certains ont un passé bien plus houleux qu’on ne pourrait le penser. Si l’histoire d’Angel sera révélée en fin de saison, nous montrant ainsi comme il est devenu vampire et en est venu à aider Buffy à lutter contre les forces du mal en passant par le mal qu’il a fait à Drusilla, c’est surtout la jeunesse de Giles qui va nous intéresser. On pensait l’observateur coincé dans sa stricte veste en tweed mais à travers deux épisodes (Halloween et La Face Cachée), les scénaristes nous indiquent qu’il a donné dans la magie noire lorsqu’il était étudiant. Mais ce secret n’a pas pu être conservé bien longtemps lorsqu’il refait surface et menace le groupe. A travers cette histoire, la série étend encore son univers et continue de nous en montrer les règles, en l’occurrence, l’usage de la magie a toujours un prix.
L’autre règle à laquelle doit faire face la tueuse est celle de sa mort qui a engendré l’apparition d’une seconde tueuse, Kendra. Nous voyons alors toute la différence entre l’attitude très spartiate de la nouvelle venue et de Buffy qui trouve sa force dans son entourage, avec un groupe qui la soutien. Cela lui permet de prendre conscience de l’affection que Giles lui porte, renforçant ainsi l’image du père de substitution qu’incarne son observateur… une relation qui sera importante pour Buffy lorsqu’elle se sentira trahie par Angel.
Ainsi, la série développe de plus les rapports entre les personnages, les épreuves qu’ils traversent servant surtout à mettre en évidence les relations qu’ils entretiennent. C’est ainsi que la mort brutale de l’un des personnages qui venait enfin d’être accepté dans le groupe de la main d’Angel (dans l’épisode la Boule de Thesula) renforce l’affection que l’on a pour eux. On prend alors conscience qu’ils sont mortels et peuvent être sacrifiés selon le bon vouloir des scénaristes qui ancrent alors leur série dans un ton de plus en plus adulte.
Bien entendu, cette saison parle avant tout d’amour et continue à parler de l’adolescence. A ce titre, la série n’a pas encore atteint toute la noirceur dont elle a le potentiel mais commence à semer des pistes intéressantes pour la suite comme l’attirance de Willow pour la magie, la révélation de toute la vérité à la mère de Buffy dans une dispute poignante en fin de saison et la menace du Maire qui est discrètement évoquée. Mais il faudra avant tout que Buffy retrouve sa place après avoir été bannie par sa mère, virée de l’école par le principal et perdu tragiquement son amour. Avant de la retrouver dans la 3e saison qui mettra fin à la période lycéene de la série, cette seconde saison a installé durablement le couple Buffy& Angel dans le panthéon des plus beaux couples tragiques de la télé.