Les Bêtes du Sud Sauvage, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Sensation à Sundance voici donc l’attendu Les Bêtes du Sud Sauvage (Beasts of the Southern Wild) qui vient de récolter une standing ovation pour sa première projection dans le cadre de la sélection Un Certain Regard.

Finalement, on se dit que les cinéastes américains ont très peu évoqué les ravages de l’ouragan Katrina. Il y a bien eu plusieurs documentaires et même la série Treme. Mais il faut croire que la catastrophe n’a que très peu inspiré des œuvres de fiction. Et voici qu’arrive ce premier film de Benh Zeitlin qui nous embarque dans le fin fond du bayou, aux côté d’une gamine qui vit avec son père dans des taudis ravagés entre les arbres, les marais et les animaux sauvage. Alors que son père est malade et qu’elle va chercher à retrouver sa mère, elle va aussi trouver sa petite place dans un univers difficile.

Mais plutôt que de laisser sa place à l’aventure d’une enfant dans un monde d’adultes, chose déjà vue mille fois dans nombre de films initiatiques, son réalisateur ne va pas faire partir la petite Hushpuppy dans le bayou, dans l’inconnu. Il en profite plutôt pour décrire l’état d’esprit de personnes qui sont là pour vivre leur vie, peu importe les conditions difficiles qu’ils doivent affronter. Nous comprenons tout à fait pourquoi ils refusent toute aide extérieure, tout simplement car ils ont trouvé leur propre place ici. En ce sens, le film ne verse pas dans le misérabilisme à outrance et cherche à délivrer un superbe message sur la vie.

Au delà d’une description d’un mode de vie, Zeitlin n’hésite pas non plus à convoquer des éléments de conte qui renforcent un peu plus l’aura mystique du film, à l’image de ces aurochs préhistoriques lâchés par les éléments dont l’interprétation sera multiple mais qui permettront de remettre en exergue la force de volonté de la touchante Hushpuppy. Finalement, oui, c’est un voyage initiatique pour la jeune fille, mais jamais on n’avait pu en voir raconté de cette manière, … comme si dès son premier film, Benh Zeitlin tenait déjà son Tree of Life personnel.

Évidemment, au delà de son réalisateur dont la maitrise narrative et esthétique est implacable, relevant autant du réalisme difficile et que l’onirique, tout le monde saluera la performance de la jeune Quvenzhané Wallisqui fait preuve d’une force de caractère assez hallucinante et charmera à coup sûr les spectateurs.