Après son triomphe pour Un prophète, Jacques Audiard revient sur la Croisette avec De rouille et d'os. Sur le papier, adapter ce mélo trash issu d'un recueil de nouvelles de Craig Davidson aurait pu s'avérer casse-gueule mais sous la caméra d'Audiard, c'est tout autre. Car d'abord Audiard, c'est un metteur en scène. Un metteur en scène brillant. Marion Cotillard apparaît à l'image telle une estropiée paumée, autrefois belle dresseuse d'orques. Quant à Matthias Schoenaerts, que dire de son interprétation toute en puissance et en délicatesse. Mais aussi choc. Le film en effet multiplie les scènes chocs voire trash, tant les combats que dans les relations sexuelles. On ressent un côté sauvage de la mise en scène, les personnages dont le réalisateur a fait un important travail sur les corps, apparaît tels des animaux, des animaux certes, mais mutilés. Mutilés par le combat de la vie. Stéphanie (Marion Cotillard) par son combat contre son handicap, Ali (Matthias Schoenarts) par ses combats de boxe. Audiard filme ici, comme il avait pu le faire avec Sur mes lèvres (que je vais me presser de voir !), le handicap, celui d'une femme. Même s'il sublime Marion par moments (voire sa renaissance sur le balcon lorsqu'elle se rémémore les gestes qu'elle faisait autrefois), son cinéma apparaît très viril dans les relations entre personnages. Comme le dit Stéphanie, cela manque de délicatesse, surtout de la part d'Ali, personnage parfois antipathique. Seul son enfant le rendra plus humain à la toute fin.
De rouille et d'os marque par sa direction d'acteurs et par son sujet. Audiard laisse de côté la misère sociale pour se concentrer sur ses personnages. Un film au plus près des corps avec une Marion Cotillard, magistrale. Un prix d'interprétation féminine peut être ? C'est tout le bien que je puisse lui souhaiter.
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