Un étrange documentaire était projeté à la Quinzaine des réalisateurs, sur l’un des films les plus étranges du cinéma et qui ne cesse de fasciner. Avec Room 237, Rodney Ascher décortique le mythe de Shining de Kubrick.
On a l’habitude des documentaires making-of racontant la genèse d’un film, sa construction et puis son succès. Plus rares sont ceux qui plongent en profondeur dans l’analyse de l’œuvre, cherchant son sens profond et ses multiples interprétations. Évidemment, pour cela, il faut revenir sur un film riche en histoire et en métaphores et recueillir les témoignages de personnes passionnées. En s’intéressant de près au sens de Shining de Stanley Kubrick, le réalisateur Rodney Ascher est donc sûr de faire parler, à la fois les passionnés qui livreront leur interprétation mais aussi les spectateurs qui réagiront également différemment selon leur ressenti sur le film original.
Dans Room 237, Ascher fait intervenir 5 personnes sur leurs propres visions du film et l’on peut dire qu’il y a à prendre et à laisser. Ainsi, à l’interprétation plutôt classique sur la famille en décomposition s’ajoutent ici des hypothèses des plus crédibles et sensées aux plus farfelues. Ainsi, les idées sur le cimetière indien et leur massacre côtoient celles sur les nazis mais aussi la rumeur du film sur la lune top secret qu’aurait réalisé Kubrick. On y retrouve également mention de faits étranges comme la géographie particulière de l’Overlook Hotel ou de faux raccords qui n’en sont pas et ajoutent à l’étrange atmosphère.
On sent que chacun des intervenants est passionné par le film, qu’ils l’ont décortiqué maintes fois et qu’il fait partie intégrante de leur vie, comme une obsession et finissent par y voir parfois des choses insensées (comme voir un minotaure à la place d’un skieur). Mais leur passion révèle aussi d’étranges choses comme celui qui a réalisé un montage superposant le film dans ses deux sens de lecture et délivrant des images assez troublante pour interpréter le film d’une nouvelle manière.
Mais le réalisateur arrive à prendre de la distance sur ces témoignages livrés de manière brute. Il alterne des effets de montage assez drôles avec des extraits montrant les personnages qui semblent réagir aux interprétations des témoins. Il arrive ainsi à garder une distance avec l’analyse qui fait sourire mais donne en tout cas très envie de revoir Shining une nouvelle fois pour y déceler nous-même de nouveaux indices et le redécouvrir d’une nouvelle manière. On ne demande alors à Ascher qu’à faire la même chose sur d’autres films cultes de cette trempe pour nous inviter à y replonger.
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