Touristes (Sightseers), critique

Par Fredp @FredMyscreens

Une bonne dose d’humour noir british a réveillé la Quinzaine des Réalisateurs et c’est Ben Wheatley qui en est le coupable avec Touristes (Sightseers en VO), nouvelle pépite du genre.

On avait repéré Ben Wheatley dans de nombreux festival de films fantastiques ou policiers l’année dernière avec le sombre et violent Kill List. Alors qu’il n’est toujours pas sorti dans les salles françaises, son nouveau film postule à Cannes et s’apprête déjà à venir visiter les écrans en fin d’année. Pour l’occasion, le réalisateur change totalement de registre sous l’impulsion d’Edgar Wright producteur exécutif et des scénaristes/comédiens Alice Lowe et Steve Oram pour s’orienter vers la comédie british à l’humour noir et brutal.

Touristes est donc l’histoire d’un couple, Chris et Tina, partant en vacances pour se changer les idées. Destination : le fin fond de l’Angleterre avec ses musées du tramway, ses grottes et ruines, le tout en camping car. Mais très vite, Tina va s’apercevoir que l’homme qu’elle a choisi pour partager sa vie, après avoir subi une mère possessive, n’est pas vraiment celui qu’elle croyait. Par amour elle va tout de même le suivre au bout de leur aventure.

Les premières scènes donnent le ton du film. On y découvre Tina qui doit négocier son départ avec sa mère qui n’arrête pas de se plaindre et donc la méchanceté relèguerai Tatie Danielle au statut de mère Noël. C’est clair d’emblée, la comédie ne fera pas dans la légèreté ou dans le gags facile. Non, l’humour est tranché, âpre, dur et même dégueu et même lorsque l’on attend le gag ou la réplique qui nous fera rire, ça n’arrive pas forcément de la manière dont on s’y attend… ou bien on pense jusqu’au bout qu’il ne vont pas le faire … mais au contraire, ils y vont franchement. Avec son écriture efficace, les spectateurs ne sont pas au bout de leurs surprises et vont rire de bon cœur si l’humour noir est leur tasse de thé.

Mais la comédie ne serait rien si les personnages n’étaient pas réussis. Et de ce côté, Alice Lowe et Steve Oram interprètent les rôles qu’ils ont soigneusement écrit avec une sincérité touchante et un second degré qui fait merveille. Entre la jeune femme rêveuse et un peu cruche et son homme bourru et soupe-au-lait, il y a une alchimie qui fonctionne bien et nous permet de nous attacher à eux. Si bien que les méfaits qu’ils vont finir par commettre seront facilement pardonnables.

Alors qu’on l’avait découvert avec un film d’une noirceur et d’une violence psychologique assez intense, on ne pensait pas retrouver Ben Wheatley sur une comédie que l’on pourrait presque qualifier de Tueurs Nés british. Et pourtant le réalisateur arrive à garder ici sa patte avec ses personnages un peu pathétiques, ses effets sanglants et son atmosphère brumeuse typique des campagnes anglaises. En variant ainsi les genres avec un bon savoir-faire et une vraie personnalité, on peut donc compter sur le réalisateur pour installer durablement son emprunte dans le cinéma UK décalé.

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