Retour sur la croisette pour David Cronenberg qui présente Cosmopolis avec Robert Pattinson. Si le concept pouvait être génial et que le discours passionnant, il est malheureusement noyé sous un bavardage incessant et inintéressant qui rend le film assez irritant.
On avait laissé Cronenberg dans les méandres de la psychologie avec le décevant mais pas inintéressant A Dangerous Method. Mais on savait que pointait à l’horizon Cosmopolis, adaptation du livre de Don DeLillo racontant l’aventure d’un jeune as de la finance dans sa limousine qui le mène chez le coiffeur, à l’autre bout de la ville en pleine manifestation. Entre les rencontres charnelles qu’il fera , l’effondrement de son empire financier et la paranoïa qui le gagne, son parcours ne sera pas de tout repos. Sur le papier, on tenait sans doute là l’un des films les plus fascinants de son réalisateur avec un retour en fanfare sur ses préoccupations autour de la chair, de la passion dévorante mais aussi un huis clos anti-capitaliste acéré.
Mais c’est finalement très vite la déception car malgré une mise en scène des plus soignées, digne de ce qu’il a pu faire de meilleur par le passé, et une atmosphère assez prenante, le film est noyé sous les dialogues interminables, sans relief ni saveur de ses personnages. Et on ne peut pas vraiment compter sur Robert Pattinson pour y mettre de la personnalité. On pensait que l’acteur allait se donner à fond pour l’auteur qu’est Cronenberg, il se révèle finalement toujours aussi peu expressif que dans ses rôles précédents, débitant ses lignes de texte sur un ton monocorde à endormir le spectateur. Et comme les textes oscillent entre l’intéressant dénonciateur et le très superficiel, on a bien du mal à embarquer à bord de la limousine.
Il faut dire que les personnes qu’il invitera pour discuter et accessoirement pour tirer un coup (pour les personnages féminins comme Juliette Binoche inutile) se sont pas gâtées non plus par les dialogues et arrivent à chaque fois comme un cheveux sur la soupe. Les échanges se révèlent alors assez creux et très vite l’exercice de style du huis-clos en limousine atteint ses limites. D’autant plus qu’il ne va pas au bout dans un final que se serait voulu paranoïaque mais finit en diatribe sans intérêt malgré le talent de Paul Giamatti et un effet choc qui n’aura finalement aucune conséquence sur la psychologie de son héros antipathique.
La déception est d’autant plus grande lorsque l’on voit toutes les pistes de réflexion passionnantes qui nourrissent le film. Car en dehors de la limousine, on sent bien qu’une atmosphère de chaos gagne l’Amérique. Il est dommage de ne pas s’aventurer plus par là, en explorant un contexte qui aurait abordé la fin de l’ère capitaliste, répondant ainsi de manière intelligente et osée à l’actualité. Alors certes, on pourra se dire qu’un second visionnage nous permettra de mieux comprendre le film et sa réflexion … mais il faut bien reconnaitre que la tonne de dialogues abscons et le jeu de Pattinson ne nous y invitent pas vraiment.
On attendait un film percutant et fascinant… mais ce Cosmopolis est finalement bien en deçà du huis-clos psychologique malsain et chaotique qu’aurait pu nous offrir David Cronenberg. Malgré ses bases prometteuse, il se révèle vide, bavard et mal joué, laissant ainsi de côté la réflexion pour une joute verbale sans grand intérêt.