Hemingway & Gellhorn, critique

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Après Paperboy, Nicole Kidman a remonté les marches du palais des festivals de Cannes pour présenter Hemingway & Gellhorn de Philip Kaufman, avec Clive Owen. Un biopic produit par HBO qui pourrait marquer discrètement l’arrivée des productions télévisuelles à Cannes.

Hemingway & Gellhorn, critiquePetit fait intéressant en projection spéciale, hors compétition, du festival de Cannes. Si Nicole Kidman, Clive Owen et le réalisateur Philip Kaufman ont monté les marches vendredi soir, ce n’est pas pour présenter un film mais un téléfilm produit par HBO. La chaîne américaine câblée qui a produit certaines des plus grandes séries télé (les Sopranos, Six Feet Under et aujourd’hui Game of Thrones) fait donc une entrée étrange sur le Festival. Alors que l’on commence enfin à reconnaitre la qualité exceptionnelle de ces séries, est-ce là un signe d’ouverture du Festival à d’autres productions audiovisuelles de qualité qui pourraient aussi un jour prétendre à des prix prestigieux ? La question est en tout cas lancée.

Pour en revenir au film, Hemingway & Gellhorn relate sur 2h30 la romance entre Martha Gellhorn (Nicole Kidman) et Ernest Hemingway (Clive Owen) sur fond de guerre civile espagnole. Comme toute romance, elle démarre évidemment par un conflits entre les personnages avant qu’ils ne se lient et se tournent autour façon « je t’aime, moi non plus» . Mais si la journaliste et l’écrivain s’entendent à merveille et réalisent des exploits pendant la guerre, les périodes de paix sont plus problématiques pour le couple. L’ennui qui découle de ces périodes calmes vont justement créer des conflits intimes.

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Pour réaliser cette fresque intimiste, les partis pris de Philip Kaufman sont assez audacieux, que ce soit dans le ton qu’il adopte ou dans sa mise en scène. Ainsi, plutôt que d’adopter la traditionnelle romance tragique, il s’oriente dans une légèreté inattendue, quitte à trahir les caractères de ses personnages historiques. Paradoxalement il n’hésite pas à sortir des images chocs et osées qui rompent totalement avec ce ton installé et créent la surprise. Du côté de la mise en images, il navigue entre le classique lumineux à la gloire de son actrice que l’on retrouve aussi enjouée (son duo explosif avec Clive Owen fonctionne d’ailleurs plutôt bien) que dans Australia et des fausses images d’archives granuleuses.

Hemingway & Gellhorn, critique

Le réalisateur est plutôt généreux et offre un rythme frénétique au film face à la rafale d’événements médiatiques ou intimistes que doit affronter le couple. Mais paradoxalement, la légèreté du film est aussi ce qui le rend assez lourd. A ce titre la trahison avec certains événements ou avec les caractères connus des personnages ne sera pas de goût de tous, même si ils sont le reflet d’une vision personnelle et un brin fantaisiste de son auteur. Hemingway & Gellhorn ne fera donc pas l’unanimité mais démontre en tout cas qu’HBO reste fidèle à ses ambitions créatrices légèrement décalées et se décide bien à investir dans des productions télévisuelles de luxe en mettant des auteurs et des acteurs de premiers plans pour défendre des projets ambitieux.

clive owen ernest hemingway

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NB : le film sera diffusé sur Orange Ciné Max le 6 septembre à 20h40