Amour, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Amour était donné grand favori à Cannes et, presque sans surprises, a permis à Michael Haneke de récolter sa seconde Palme d’Or. Un prix mérité pour un sujet difficile exploré avec une dureté et un détachement qui fait froid dans le dos et ne laisse pas insensible.

On connait les œuvres de l’autrichien Michael Haneke froides, psychologiquement violentes et l’on se disait qu’en parlant d’Amour il allait changer de registre. Après tout, il s’agit de l’amour de deux octogénaire qui doit faire face à la maladie, un drame gériatrique en somme. Mais le réalisateur imprime toute sa patte dans cette histoire d’amour pour en retirer tout le mélo et traiter son sujet avec une distance qui ne fait pas de cadeau à la vieillesse.

Ainsi nous découvrons rapidement le couple dans son quotidien et celui-ci va vite basculer dans l’horreur et la plus grande tristesse lorsqu’Anne devient paralysée. Traitée sans fioritures, sans musique tire-larme, sans romantisme lyrique, Haneke montre comment la maladie s’immisce dans un quotidien parfaitement réglé et va bouleverser la vie de ces vieux « comme tout le monde» . L’amour qui uni ainsi nos aînés est mis à rude épreuve et chaque pas vers un destin inéluctable devient plus déchirant.

Avec sa mise en scène peu dynamique mais millimétrée pour être au plus près des émotions, Haneke traite son sujet avec pudeur et détachement, laissant toute leur place aux comédiens dans ces instants difficiles. Car même si l’on n’aime pas la réalisation statique de Haneke, si certains passages du films sont longs et ne servent pas forcément à grand chose (ce pigeon), on ne peut pas enlever au film le talent immense de ses deux acteurs. Alors que Emmanuelle Riva doit montrer l’horreur de la maladie sans que l’on ne s’apitoie sur son sort, Jean-Louis Trintignant surmonte les épreuves avec un caractère et une sensibilité immense, à la fois d’une dureté et d’une violence qui fait mal mais aussi d’une grande dignité auprès de sa femme.

Alors oui, c’est peu dynamique et l’on peut facilement rester hermétique au sujet, mais force est de constater qu’Amour est un témoignage dur et fort sur les sentiments après une longue vie partagée qui ne laisse pas insensible et il coule de source que le film récolte cette Palme d’Or cette année face à une sélection bancale.