Après des mois d’attente, le générique de Game of Thrones (le Trône de Fer) a de nouveau retenti pendant les 10 épisodes d’une seconde saison riche en évènements, entre le développement des personnages et une guerre des rois inévitable et des thèmes plus profonds abordés. Inutile de chercher dans les salles, le monument médiéval et dark fantasy est sur HBO.
Le final de la première saison nous avait soufflé. En n’hésitant pas à sacrifier l’un de ses personnages phares, Game of Thrones laisse de multiples pistes à explorer mais engage surtout le royaume des sept couronnes dans une nouvelle guerre inévitable pour trouver un nouveau prétendant légitime au Trône de Fer. La famille Stark se retrouve maintenant éparpillée aux quatre coins de Westeros (Catelyn et Robb sur le front contre Tywin Lannister, Sansa aux prises du Prince Joffrey, Arya en fuite, les benjamins Brandon et Rickon s’occupent des affaires de Winterfell et le bâtard Jon Snow dans les neiges au déjà du Mur) et nous permet alors de suivre les différentes actions des principales familles, des frères Baratheon qui se disputent le droit de succession à l’arrivée de Tyron Lannister à la cour en passant par le parcours de Daenerys et ses dragons. En ce sens, le premier épisode avec la comète pour fil rouge permet aux scénaristes de se remettre en mémoire chaque personnage tout en en invitant de nouveaux dont l’importance n’est pas négligeable.
Il faudra donc quelques épisodes pour se replonger dans le bain des manipulations diverses pour obtenir le pouvoir mais aussi pour prendre conscience des nouveaux enjeux. Car après la mort d’Eddard Stark, le royaume est en proie aux délires d’un Joffrey plus sadique que jamais, n’hésitant pas à faire couper la moindre tête ou à battre les prostituées qui lui sont offertes par son oncle. La guerre est là, mettant face à face pas moins de 5 rois qui veulent leur part du gâteau. Mais plus que cette lutte entre différentes familles, ce sont aussi les trahisons qui couvent au sein de celles-ci qui nous importe. Qu’on se le dise, dans Game of Thrones, à quelques exceptions près, chacun ne pense qu’à soit et tout le monde peut y passer. Ainsi, Stannis et Renly Baratheon se livrent une lutte fratricide tandis que Catelyn trahira son fils afin de secourir ses filles. De même, Tyrion se méfie, à raison, comme la peste de sa soeur Cersei alors que le fils adoptif, des Stark, Theon Greyjoy, pupille d’Eddard, prendra Winterfell au nom de la famille qu’il essaie de reconquérir.
A côté des hommes se livrant à la guerre, on remarquera aussi cette saison que les femmes prennent une véritable importance. Que ce soit Catelyn devant maintenant épauler son fils avec la chevalière Brienne, Arya toujours aussi garçon manqué, Cersei avec ses machinations pour conserver sa famille mais aussi la force que doit trouver en elle Sansa (loin de ses rêves de princesse de la première saison) pour affronter les Lannister et la cour, Melissandre manipulant à son aise Stannis, sans oublier évidemment Daenerys passée par les statuts d’enfant, soeur, épouse et maintenant mère des dragons et prétendante au trône, elles ont toutes autant de batailles à mener que les hommes.
Même si le rythme est parfois lent afin de développer les personnages, il mène naturellement vers des évènements riches en rebondissements. A ce titre, les scénaristes arrivent à retranscrire à merveille toute la complexité du livre de manière assez lisible à l’écran sans jamais perdre les personnages de vue. Bien sûr, il s’écartent quelques fois de l’écrit original pour mieux retrouver le fil de l’histoire. En ce sens, les fans du roman seront ainsi surpris mais jamais trahis. La fidélité est bien au rendez-vous et la patte supplémentaire de violence (oui, des décapitations et démembrements sont encore à prévoir) et de sexe (on ne s’étonne même plus des relations incestueuses qui peuvent arriver) qui est encouragée par la chaine HBO ne fait qu’ajouter à l’ambiance dure, sombre et adulte de la série.
En dehors de la famille et des trahisons et guerres, d’autres thèmes commencent également à prendre de l’importance dans cette seconde saison. Ainsi, la religion qui était vaguement abordée prend ici beaucoup plus d’importance avec l’arrivée de la sorcière-amante de Stannis, Melissandre. Son personnage et sa croyance en un certain « maître de la lumière» nous permet d’approfondir les différences entre anciens et nouveaux dieux tout en faisant surgir des éléments surnaturels de manière réaliste tout en donnant toujours plus de profondeur à l’univers créé par George R. R. Martin.
En effet, alors que la première saison était restée sur un style presque exclusivement médiéval réaliste (avec quelques incartades du côté du Mur et de Daenerys et ses dragons), nous commençons à plonger dans les arcanes de Westeros, comme si cette guerre commençait à réveiller les monstres des histoires fantaisistes du passé. Des sorcières au dragons en passant par les rêves prémonitoires, peuples de sorciers et autres sombres créatures, Game of Thrones prend avec ces atouts magiques une nouvelle dimension.
Toute l’intrigue menée pendant cette seconde saison nous amène donc à une nouvelle conclusion épique et remplie d’émotion. Ainsi, le 9e épisode réalisé par le britannique Neil Marshall (the Descent, Doomsday, Centurion) fait la part belle à la bataille confrontant les bateaux de Stannis au mur de Port Réal dans un élan épique rarement vu à la télévision tandis que le 10e lui répond par l’émotion, donnant encore plus de profondeur à Tyrion qui s’avère incroyablement touchant. Mais nous n’en resterons pas là et les bases pour la saison suivante sont déjà posées dans un grand final offrant des images à couper le souffle qui vont nous faire mourir d’impatience !