Drôle, absurde, décalé, acidulé, bienvenu dans la Clinique de l’Amour d’Artus de Penguern, véritable tornade de fraicheur allant au bout du soap opéra et assumant complètement son décalage.
Cela faisait 12 ans que l’auteur Artus de Penguern n’avait pas réalisé de film, depuis Grégoire Moulin contre l’humanité. Envers et contre tous, il a enfin réussi à faire aboutir son nouveau film qui débarque maintenant sur les écrans. Avec la Clinique de l’amour il nous offre sa vision déjantée du soap opéra style les Feux de l’Amour à côté de laquelle Le Cœur à ses raisons (sitcom canadienne qui se moquait déjà des clichés du genre … si vous savez, « faites étoile» ) n’est qu’un apéritif. Ce n’est pourtant pas la première fois qu’il aborde le sujet puisqu’il s’y était intéressé dans le court-métrage La polyclinique de l’amour dont le film reprend les principaux personnages.
L’histoire vous donne déjà un aperçu des clichés sur lesquels va s’amuser le réalisateur. John et Michael sont deux frères médecins qui doivent prendre la relève de leur père pour gérer une clinique au bord de la ruine. Entre les histoires de cœur, les trahisons et des patients plutôt originaux, ils n’auront pas le temps de s’ennuyer. Personnages caricaturaux (de la garce à la douce infirmière en passant par le docteur adepte d’aventures et le manipulateur), situations rocambolesques et révélations impromptues, … le réalisateur-scénariste-acteur manie à merveille les poncifs pour les pousser à l’extrême et faire de la Clinique de l’Amour le plus grinçant des soap.
Artus de Pengern va même donner suffisamment de rythme pour ne jamais s’ennuyer et échappe ainsi au syndrome du sketch étiré en longueur. Justement, le fait d’aller complètement dans l’absurde, sans retenue, sert parfaitement son récit mis en scène avec tout le décalage et l’énergie qu’il faut. Avec un enthousiasme sans faille et une équipe d’acteurs soudés qui n’hésitent pas jouer complètement la caricature de leurs personnages, le réalisateur atteint un degré de folie (il fallait tout de même oser faire apparaitre cet ours câlin et se moquer d’une popstar de cette manière ! ) qui risque d’en exaspérer certains alors qu’il enthousiasmera les autres. Il faut dire que choisir le cartoony Bruno Salomone était un choix tout indiqué pour le « méchant frère» alors que la charmante Helena Noguerra était idéale pour l’infirmière qui fait chavirer les cœurs (sans oublier qu’elle avait déjà assez d’entrainement pour se prendre des coups sur la tête depuis l’Arnacoeur).
Mais le réalisateur ne va pas faire tout cela gratuitement et arrive à greffer naturellement une certaine forme de poésie absurde et d’émotion dans son récit. La parodie n’est donc pas gratuite et sert une histoire de cœur drôle et touchante. Artus de Pengern donne donc vie dans cette Clinique de l’Amour à toute la douce folie qui l’habite, où l’absurde se marie si bien aux sentiments dans un vent de fraicheur digne d’une pub pour dentifrice que l’on a trop rarement l’occasion de sentir dans la comédie française.