Que vous ayez déjà ou non découvert sa tendrement culottée série Girls, je suppose que le nom de Lena Dunham vous est déjà familier? A… vingt-six ans à peine (sic!), elle est la nouvelle coqueluche des studios hollywoodiens et la presse américaine la compare déjà, certes à la va-vite, à Woody Allen. Si la série qu’elle co-produit, écrit, réalise et interprète ne révolutionnera sans doute pas l’histoire du petit écran, il faut reconnaitre que cette nouvelle it girl du scénario y brosse avec talent le portrait d’une génération de New Yorkaises nettement moins conquérantes et glamour que les héroïnes de Sex and the city. Portrait de cette jeune scénariste couillue…
Au mois de mars nous évoquions un sujet très sensible: la place des femmes scénaristes dans les industries cinématographique et télévisuelle et je vous parlais des membres du Fempire, ces nouvelles scénaristes hollywoodiennes qui entendent bien prendre le pouvoir. La plus médiatisée d’entre elles est sans conteste Diablo Cody mais la benjamine du groupe est en train de lui voler la vedette dans le coeur des médias.
A vingt-six ans à peine, Lena Dunham a réussi l’exploit de vendre sa propre série à HBO, de la co-produire avec Judd Apatow, de l’écrire, la réaliser, tout en interprétant la protagoniste, et ce alors qu’elle n’avait qu’un film indépendant, certes remarqué, Tiny Furniture, à son actif.
Girls raconte les déboires existentialo-sexuels de quatre new-yorkaises pour qui la vingtaine n’est vraiment pas le plus bel âge de la vie.
La comparaison avec le cultissime Sex and the City est inévitable, d’autant que Girls est diffusée elle aussi sur HBO et que sa protagoniste est écrivain, on voit d’ailleurs une affiche de Carrie Bradshaw et ses copines dans son appartement. Mais la scénariste balaie la question dès le pilote, et via le dialogue d’un personnage: Girls n’a rien à voir avec son aînée, ou si peu.
Ici les quatre filles n’ont rien de glamour ou sexy, ni de très aimable, ce sont des looseuses pur jus, des emmerdeuses égocentriques, immatures et complexées. Et pourtant on finit par s’attacher à elles, grâce au ton très personnel de la série, à ses dialogues et situations décalés. Ce qui est intéressant à vrai dire c’est que l’écriture de Girls n’est absolument pas télévisuelle à la base, il n’y a quasiment pas de structure, un rythme plutôt lent, bref, on est dans la pure ambiance, comme dans un film indépendant. Difficile de ne pas faire le rapprochement avec la plume de Diablo Cody, je pense notamment à son Young Adult, mais l’écriture de Lena Dunham est plus intellectuelle qu’acide, d’où les comparaisons (poussives) avec Woody Allen.
Autre audace de cette fiction: des scènes de sexe assez crues mais des-érotisées au possible, dans lesquelles la créatrice se met en scène et à nu, assumant un physique très loin des stéréotypes de la fille sexy.
Si outre-Atlantique, presse professionnelle et blogosphère sont dithyrambiques, les premières réactions sur notre sol sont nettement plus mitigées. Il faut dire qu’il faut visionner plusieurs épisodes avant de se mettre dans le bain, la faiblesse de cette série étant son pilote.
Quoi qu’il en soit Lena Dunham est désormais sur orbite et j’ai hâte de la voir appliquer sa sensibilité douce-amère et son humour potache à de nouveaux projets, notamment pour le grand écran…
Je vous invite à lire ces quelques articles au sujet de cette jeune scénariste:
- Le portrait que lui a consacré The Guardian
- Une conversation entre Lena Dunham et sa vénérable ainée Nora Ephron, grande spécialiste es comédies romantiques
- Une interview de Lena Dunham et Judd Apatow dans les colonnes d’Indiewire
- Un article de Pierre Langlais qui analyse pourquoi les garçons apprécient eux aussi Girls
- Et la réaction de James Franco
- Une très chouette interview vidéo de Lena Dunham:
Petit hommage en guise de dessert:
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