Avec la sortie prochaine de The Amazing Spider-Man, il est évidemment impossible de ne pas se rappeler de la trilogie sur l’homme-araignée qu’a réalisé Sam Raimi. Petite rétrospective.
Après le succès de X-Men en 2000, nombreux sont les studios à vouloir leur propre film de super-héros et de préférence un Marvel étant donné que DC appartient à Warner et que plus personne ne veut de Batman depuis le massacre de Schumacher. Et quel est le héros Marvel le plus connu ? Spider-Man. Pourtant le projet était dans les tiroirs d’Hollywood depuis près de 10 ans et plus exactement entre les mains de James Cameron (il projetait d’en faire un film avec Arnold Schwarzenegger). Mais épuisé par un imbroglio juridique sur les droits du tisseur, il laissa tomber. En 1999 c’est donc Sony qui récupère enfin l’intégralité des droits et met le film en chantier.
Le scénariste David Koepp est engagé pour écrire le scénario sur les bases du traitement de James Cameron (c’est ce dernier qui avait abandonné les lance-toiles mécaniques) tandis que le studio cherche un réalisateur. David Fincher était l’un des réalisateur pressentis mais c’est finalement Sam Raimi qui a décrocher le poste. Plus connu pour sa trilogie horrifico-comique Evil Dead, on était loin d’imaginer le réalisateur underground et créateur de Hercule et Xéna, sur une aussi grosse machine mais sa passion pour le héros et son enthousiasme pour le projet ne sont pas à démontrer (et au passage, Sam Raimi a déjà fait preuve de son intérêt pour les super-héros dans the Darkman).
Le film sort en 2002 et c’est un véritable triomphe à la fois artistique et public. A la surprise générale, le réalisateur arrive à porter Spider-Man à l’écran en gardant tout l’esprit de la bande-dessinée de Stan Lee à ses débuts, plaçant l’innocence et la précarité de son héros dans un New-York rêvé et intemporel. La bonne idée est d’ailleurs de ne pas s’attarder sur la période du lycée pour vite faire entrer Peter Parker à la fac et l’emmener dans les galères du quotidien. Si le casting de Tobey Maguire avait fait couler beaucoup d’encre avant la sortie, les plus irréductibles y ont finalement retrouvé le Peter Parker mal à l’aise qu’ils connaissaient.
Aux prises avec un Bouffon Vert dont le costume est plutôt kitsch mais impeccablement interpréter par Willem Dafoe, Spider-Man se déplace entre les gratte-ciel tel qu’on pouvait l’imaginer dans le comics. En ce sens, la mise en scène dynamique et en pleine voltige de Sam Raimi portée par la musique héroïque d’un Danny Elfman plutôt inspiré retranscrit l’esprit des cases de BD de la manière la plus cinématographique qui soit tout en nous offrant l’un des baisers les plus mémorables du grand écran. Avec un romantisme délicieusement suranné il fait de son héros l’icône de New-York qui en avait bien besoin après le 11 septembre 2001 (d’ailleurs, on se rappelle que le tout premier teaser de Spider-Man sorti à l’été 2001 montrait le héros prenant des gangsters dans sa toile entre les deux tours du World Trade Center, vite censuré).
Après le triomphe mondial de Spider-Man, le studio annonce tout de suite un second volet et Sam Raimi embarque tout de suite avec toute l’équipe (malgré quelques tractations avec Tobey Maguire). Débarrassé du Bouffon Vert, Sam Raimi met en scène l’un des méchants les plus intéressants et charismatiques du comics : le docteur Octopus. Alors que Peter Parker / Spider-Man doit faire face dans ce second volet aux conséquences de Spider-Man (son éloignement de Mary-Jane, la vérité pour Tante May, la haine de Spider-Man de Harry), il pense encore une fois pouvoir trouver un père de substitution en Otto Octavius (impeccable Alfred Molina) mais cela va mal tourner.
Le réalisateur et les scénaristes (David Koepp est de retour accompagné des scénaristes de Smallville) vont donner plus de cœur à cette suite qui n’hésite pas à prendre des allures de soap. Mais Sam Raimi joue agréablement avec et surtout, va faire encore plus fort du côté des scènes d’action. Avec le succès du premier volet, le réalisateur a en effet plus de libertés et va pouvoir presque tout se permettre. Ainsi, il retrouvera son style horrifique dans la séquence jouissive du réveil de Doc Ock mais c’est surtout la bagarre entre ce dernier et Spider-Man du sommet d’une tour au métro aérien qui sera le clou du film et même sans doute l’une des scènes d’action les plus prenantes de la décennie. Plus intense, plus complet, ce second volet surpasse l’exposition du premier pour trouver la quintessence du film de super-héros du quotidien. Encore une fois, c’est le carton plein.
Avec un nouveau record, il n’en faut pas plus à Sony qui demande immédiatement un 3e volet. Pourtant, le casting a un peu plus de mal à revenir. Sam Raimi traine des pieds après 5 ans de sa vie consacrés au tisseur et Kristen Dunst aimerait bien faire autre chose que crier dans les airs. Mais le studio arrive à faire rempiler tout le monde dans un volet encore plus énorme. Alors que l’on attendait le Lézard comme grand méchant (après les apparition du Dr. Conners dans les 2 précédents volets), c’est finalement l’Homme-Sable qui sera préféré. Mais il ne sera pas seul. Sous la pression des fans et de Marvel, le studio force la main à Sam Raimi pour intégrer Venom. Résultat, le film est bancal. A vouloir intégrer trop d’éléments (les deux méchants, le côté sombre de Spider-Man, Gwen Stacy, et le mauvais Harry Osborn), il perd en simplicité et l’on sent moins l’amour du héros que dans les précédents volets.
Avec un budget colossal, le réalisateur en fait beaucoup trop dans tous les sens, du romantisme exacerbé au patriotisme en passant par des séquences parodiques qui n’ont pas vraiment leur place. C’est simple, Spider-Man devient une attraction, un produit qui en fait beaucoup trop pour montrer sa force (il en oublie d’ailleurs de traiter Venom comme il se doit et l’on sent bien qu’il n’en avait pas envie). Mais si on peut déplorer le scénario et des acteurs blasés, on ne peut nier que Sam Raimi se fait plaisir derrière la caméra avec certaines séquences mémorables. Le réveil de l’Homme-Sable, la séquence de la grue ou la transformation d’Eddie Brock sont à ce titre certaines des séquences les plus réussies de la saga. Malgré les critiques, le film sera encore une fois un carton.
Évidemment Sony voudrait un 4e volet mais Sam Raimi préfère prendre une pause avec l’excellent train-fantôme qu’est Jusqu’en Enfer. Après des moins de tractations, le studio ne trouve pas d’accord avec le réalisateur pour une suite. C’est alors que l’on apprend abruptement que, plutôt que de continuer la saga de Sam Raimi qui avait pourtant de bons plans pour continuer, le studio préfère miser sur un reboot. Finalement, peut importe la qualité du film à venir, Sam Raimi a en tout cas fait ses preuves sur Spider-Man et nous a offert l’un des meilleurs films de super-héros, à la fois grand moment du cinéma et fidèle à l’esprit du comics original.