Dans Nou3, de mignons animaux transformés en machines à tuer en fuite. Il n’y avait que Grant Morrison pour imaginer cette histoire avec talent. Mais fallait surtout son compère Frank Quitely au crayon pour y apporter une véritable narration graphique innovante et surprenante !
Si l’histoire est simple et assez prévisible dans l’ensemble, Grant Morrison a le don de la raconter d’une manière tout à fait inédite. Tout d’abord parce qu’en prenant 3 animaux pour en faire des machines de guerre, là où d’autre n’auraient mis que des humains, il va rendre la violence du récit encore plus percutante. Ceux qui croyaient que l’histoire allait être pleine de bons sentiments autour de 3 mignons animaux de compagnie seront vite désarçonnés en voyant des planches sanglantes sur leurs méfaits où ce qui leur arrivera. Car nos 3 héros vont en voir de dures. Poursuivis par l’armée alors qu’ils voudraient trouver leur propre maison tout en ayant chacun une vision différente du refuge qu’ils recherchent, ils vont se déchirer et se sauver les uns et les autres.
D’autre part, Morrison ne s’encombre pas de dialogues. Non seulement nos 3 héros ne parlent qu’avec un vocabulaire ultra limité mais en plus la part belle est donnée aux images qui suffisent à raconter l’histoire. Le découpage qu’il a indiqué a son compère lui permet de se passer facilement de mots. Il n’y a qu’à voir la première partie du premier épisode, presque muette pour se rendre compte de la qualité de la plume de l’auteur. En fait, il ne fait dialoguer que les humains pour donner des indications sur le récit mais on pourrait presque s’en passer.
D’une certaine manière, avec Nou3, Morrison explore davantage le principe qu’il avait du aborder dans l’épisode « nuff said» de New X-Men (pendant 1 mois, les principales séries Marvel avaient eu droit à un épisode sans bulles de dialogues) pour l’appliquer à un récit qui s’y prête complètement.
Mais si Nou3 doit bien évidemment beaucoup au récit de Morrison, celui-ci est complètement transcendé par les planches de Frank Quitely. Le dessinateur reste bien évidemment fidèle à son style qui se retrouve tout de suite dans sa manière de dessiner les humains ou les passages un peu gores mais c’est dans la construction du récit et la dynamique des cases qu’il fait preuve de talent voir même de génie. C’est bien simple, dans Nou3, il y a presque une idée de composition par page qui rend le récit aussi clair que passionnant à suivre.
Ici, avec l’absence de dialogues et des héros inhabituels, tout repose sur cette composition peu commune des pages. Le dessinateur peu ainsi passer d’une d’une suite de vignette illustrant des caméras de surveillance à une double page apportant d’un seul coup un élan de liberté tout comme il n’hésite pas à décomposer les séquences d’action au rythme d’attaque des héros aux capacités étonnantes.
Nou3 est ainsi, avec un récit simple mais efficace, réellement prenant, la démonstration du savoir-faire et de l’entente qui règne entre ses deux auteurs. Grant Morrison et Frank Quitely délivrent ici une véritable perle du comics qui marque réellement par sa narration graphique surprenante. L’album se révèle être une curiosité à découvrir, d’autant plus que l’éditeur Urban Comics y a ajouté quelques intéressantes. pages de bonus sur la conception de l’univers de Nou3, montrant le travail de recherche des deux auteurs.