Présenté à Cannes dans la Quinzaine des Réalisateurs, le film d’animation coréen the King of Pigs était présenté en compétition au Festival Paris Cinéma.
Pour son premier long-métrage d’animation au budget modeste, le réalisateur Yeun Sang n’a pas fait dans la facilité et s’attaque tout de suite à la rage adolescente dans un film noir, rageur, sans concessions mais sans subtilité. Il s’inscrit d’une certaine manière dans cette mouvance qu’a le cinéma coréen de montrer toujours une rage, un hurlement intérieur contre le système. The King of Pigs s’attache donc à raconter la scolarité difficile de Kyung-min et Jong-suk, persécutés à l’école par un groupe d’élèves sans scrupules jusqu’à ce qu’un de leurs camarades ose se rebeller.
Avec un travail sur l’animation assez sommaire et un trait plutôt dur, Yeun Sang risque bien de déstabiliser. Son film n’est pas spécialement beau à voir, plutôt brut de décoffrage en allant directement à l’essentiel. En ce sens, l’esthétique est articulée de la même manière que le fond du film.
En effet, loin d’aller chercher une quelconque subtilité, the King of Pigs va tout de suite broyer du noir pour broyer du noir, n’offrant jamais une once d’espoir pour ses personnages. On sent bien que cela tient à cœur au réalisateur de nous montrer toute la difficulté d’être adolescent en Corée mais il manque ici clairement de recul sur son sujet. Ainsi, nous resterons bloqués sur ces personnages qui tournent en rond entre deux bagarres et promesses de vengeance. Finalement, nous n’apprendront pas grand chose, que ce soit sur l’adolescence ou le système éducatif laissé apparemment à l’abandon puisque nous n’avons même pas un point de vue adulte ou en tout cas un peu extérieur sur l’histoire.
Bien sûr, l’expérience peut ainsi être radicale et l’auteur n’hésite pas à nous emmener dans une noirceur violente et percutante mais cette haute dose a plus vite fait de nous agacer que de nous infliger une véritable claque. D’autant plus qu’il traine son récit en longueur avant de nous proposer un double twist final qui n’a pas grand intérêt pour étayer le propos sinon de faire de ses personnages de vrais monstres, ce qu’on ne sent pas vraiment pendant le reste du film où ils sont plutôt victimes de la violence et de la manipulation des autres élèves.
En soi, the King of Pigs n’est toutefois pas inintéressant et nous permet de nous poser quelques questions sur une jeunesse sacrifiée et une radicale application de la loi du plus fort. Mais cela manque de subtilité à la fois dans le dessin et dans le propos pour vraiment convaincre.