Retour sur la série par laquelle Brian Michael Bendis a installé le nouveau ton des séries estampillées « heroes» chez Marvel : Secret War.
Alors que Brian Michael Bendis travaillait sur les séries Ultimate (Spider-Man, Fantastic Four, X-Men) Alias et Dardevil, Marvel lui offre l’opportunité de raconter une mini-série impliquant les plus grands héros Marvel. Une nuit, certains super-héros sont attaqués chez eux par des ennemis qui leur déclarent se venger. Mais se venger de quoi ? Seul Nick Fury a la réponse, car un an auparavant, il a envoyé secrètement une équipe regroupant Captain America, Luke Cage, Spider-Man, Daredevil, Wolverine et la Veuve Noire accomplir une tâche que le gouvernement ne cautionnait pas mais qui était pourtant la seule solution à un acte terroriste imminent. Aujourd’hui, sans le savoir ils en payent le prix et doivent livrer une bataille épique aux abords de New-York qui ne sera pas sans conséquence.
Le récit éparpillé en flashbacks est écrit par un Bendis en pleine forme qui arrive à maintenir le suspense tout en développant une ambiance sombre et mystérieuse. Le lecteur entre dans les arcanes du Shield et des méthodes son directeur et se rend compte que tout n’est pas coloré dans l’univers Marvel. Le scénariste arrive également à cerner tout de suite ses personnages et les implique dans cette histoire d’espionnage sans les trahir. En nous rappelant que chacun a une dette envers Fury, raison pour laquelle il les recrute, il dépasse le côté artificiel de cette équipe regroupant des pointures de l’univers Marvel et rend crédible leur mission que tout diplomate aurait refusé.
Mais ce qui est intéressant, c’est de lire cette histoire avec le recul que nous avons aujourd’hui sur tout ce qu’a accompli Bendis chez Marvel et de s’apercevoir que tout est bien là dès le départ. D’un côté, l’équipe formée par Bendis dans Secret War (qui d’ailleurs n’a rien à voir avec les crossovers des Guerres Secrètes de Marvel des années 80) se rapproche de celle qu’il écrira quelques temps plus tard dans New Avengers dans laquelle il implique Wolverine, Spider-Man et Luke Cage. Mais la série préfigure des événements qui suivront. Car la fuite de Fury se ressentira ensuite jusqu’à Secret Invasion en passant par Civil War. Toutes les bases (que ce soit les histoires ou le ton) de la nouvelle orientation des séries super-héroïques des années 2000 de Marvel sont ici, dans cette petite mini-série passée relativement inaperçue (à l’image du Shield, aussi discrète qu’indispensable).
Il faut dire que la série a accusé de nombreux retards, ce qui a donc pâlit à sa notoriété malgré la popularité de ses héros. En cause, le rythme irrégulier de l’artiste Gabriele Dell’Otto. Mais on lui pardonne facilement quand on voit la qualité des planches fournies. Avec son style plus peint que dessiné, Dell’Ott nous plonge dans une ambiance sombre et étrange qui correspond parfaitement au secret qu’entretien la série. Si la dynamique des cases n’est pas son fort pour le story-telling, on reste tout de même bouche-bée devant certaines planches exposant de nombreux héros en pleine bataille.
Mine de rien, Secret War se révèle donc être une mini-série indispensable pour tout lecteur Marvel mais sera aussi très agréable pour n’importe quel amateur de super-héros et d’espionnage, le talent de Bendis et Dell’Otto nous offrant un récit court (5 épisodes) mais dense et prenant.