Avec la sortie immanquable de The Dark Knight Rises, impossible de ne pas revenir sur le premier volet de la trilogie Batman de Christopher Nolan : Batman Begins.
Le réalisateur repéré sur Memento et Insomnia travaille donc le scénario avec David Goyer (Blade et Dark City) en empruntant tout de suite une voie plus réaliste que ses prédécesseurs. Oubliez le gothique de Burton ou les néons de Schumacher, la Gotham City de Nolan sera une ville plus proche de Chicago gangrenée par la pègre. D’ailleurs, l’inspiration première de ce nouveau Batman vient directement du Year One de Frank Miller (comme la suite sera inspirée, pour la relation entre Batman, Gordon et Dent de A Long Halloween), se concentrant sur les origines du héros et les gangsters plutôt que sur des vilains hauts en couleurs.
En effet, dans Batman Begins, c’est bien la première fois que l’on s’intéresse autant aux origines du super-héros et à sa psychologie. Alors qu’auparavant la mort des parents de Bruce Wayne était rapidement évoquée pour laisser toute la place aux méchants, c’est ici le contraire. Nous prenons le temps de découvrir Gotham City et l’héritage de la famille Wayne avant de s’intéresser à la mort des parents puis aux peurs et envies de vengeance de Bruce. Place ensuite à son entrainement (période de la vie assez obscure du personnage que Nolan peut donc utiliser avec assez de liberté) et à son retour à Gotham. Il faudra attendre un bon tiers du film avant de voir Bruce Wayne revêtir la cape du Batman et partir en croisade contre la pègre. D’ailleurs dans ce premier tiers, Nolan n’hésite pas à brouiller l’esprit du spectateur en fragmentant son récit en divers flashbacks s’imbriquant les uns dans les autres, une marque de fabrique du réalisateur depuis ses premiers films.
En choisissant l’Épouvantail comme l’un de ses ennemis, Nolan explore ainsi les peurs de son héros et développe sa psychologie, tout comme il le manipule avec le personnage de Ra’s Al Ghul à la fois mentor et grande menace de Gotham. Avec un récit complexe et finalement assez intimiste, le réalisateur embarque ainsi son héros dans un univers noir et réaliste (Nolan privilégie d’ailleurs au maximum les effets en direct pour ne pas avoir à faire au trucages numérique) où le héros se prend les coups, où la batmobile devient un tank, où le milliardaire playboy doit gérer l’héritage familial, …
Épaulé par un casting de luxe privilégiant la qualité d’interprétation (Christian Bale impeccable dans le double rôle du héros, Gary Oldman rassurant dans l’imper de Gordon, Michael Caine père de substitution et confident, Liam Neeson en mentor obtus … seule Katie Holmes, fade, ressemble à une erreur de casting heureusement remplacée dans la suite) au star-system, le réalisateur s’approprie complètement le mythe de Batman et place les pions qui lui permettront de proposer une suite bien plus percutante.
A sa sortie, ce n’est pourtant pas la folie. Refroidi par les précédentes incarnations du Chevalier Noir, le public ne se rue pas dans les salles mais la critique est positive et le film s’avère tout de même suffisamment rentable pour que le studio envisage directement une séquelle qui sera nettement plus ambitieuse. La suite, on la connait, The Dark Knight battra (presque) tous les records aux USA et marquera grandement les esprits avant de conclure aujourd’hui sa trilogie.