Plongée directe et violente dans le quotidien des CRS italiens. Un uppercut maladroit dans son propos mais tout de même sacrément efficace.
Loin de l’image touristique de Woody Allen, il y a quelques soucis sociaux en Italie (et c’est un euphémisme) et le réalisateur et scénariste Stefano Sollima, qui s’était occupé de la série télé Romanzo Criminale (et accessoirement fils du réalisateur Sergio Sollima), va s’y intéresser dans ACAB. A.C.A.B, c’est l’acronyme de All Cops Are Bastards, slogan initialement utilisé en Angleterre dans les années 1970 par les skinheads et qui a été rapidement adopté un peu partout dans les milieux contestataires des forces de l’ordre. Dans son film, Stefano Sollima va donc nous raconter le quotidien d’une brigade de CRS, entre arrestations, coups de gueule, manifestations et vie privée pas toujours facile.
En plongeant au plus près de ce groupe on constate tout de suite un certain ras-le-bol vis-à-vis du système, de la hiérarchie qui ne les prend jamais en considération. Adapté d’un livre qui a fait un peu polémique dans son pays, ACAB n’y va pas par quatre chemin pour dénoncer tous les maux de la société, que ce soit sur la politique, l’immigration, la police, … finalement chacun en prend pour son grade. Et au milieu de tout cela il ne reste finalement que des hommes désabusés qui ne vont peut-être pouvoir se faire respecter que par la violence.
Les CRS sont d’ailleurs les premiers en ligne de mire. Dépeints comme des hommes violents, qui n’hésitent pas à couvrir leurs bavures sous prétexte qu’ils sont frères d’armes et à aller tabasser du hooligan incognito, on ne peut pas dire qu’ils soient gentiment dépeints. Mais Sollima, à travers leurs histoires personnelles touchantes arrive à nous faire comprendre les raisons de leurs agissements. A partir de là, on ne va pas cautionner leurs actes mais on en comprend la cause et surtout le désespoir de cette middle class sacrifiée. Mais le discours est pourtant confus, n’hésitant pas non plus à brocarder les immigrés pour voler le logement ou le travail des italiens. Dès lors, Sollima s’embourbe et va dénoncer le système de façon maladroite, entrant finalement dans le jeu des CRS ripoux et de la réponse par la violence.
Si l’on adhère pas forcément au discours, il faut en tout cas reconnaitre à Stefano Sollima deux choses. La première est de développer suffisamment d’empathie pour ses personnages que l’on a envie de suivre malgré leurs actes. La seconde, c’est l’efficacité de sa mise en scène, nerveuse, coup de poing. On a toujours l’impression d’être au milieu des échauffourées avec eux, même dans les scènes plus intimistes et s’en est d’autant plus prenant. Ajoutez à cela une BO revendicative à base de White Stripes ou Kasabian et forcément, ça prend.
A.C.A.B est donc un film qui n’a pas manqué de créer la polémique de tous bords dans son pays et ça se comprend devant la maladresse politique de son propos. Mais il a le mérite de poser efficacement le doigt sur des questions et des problèmes qu’il faut résoudre.