Casting 5 étoiles pour un thriller d’espionnage et d’action stylisé et de grande classe par Steven Soderbergh : Piégée.
Après le film d’épidémie Contagion avant le film de strip-tease Magic Mike, Steven Soderbergh, qui aime expérimenter tous les genres cinématographiques, s’essaie au film d’action et d’espionnage dans la droite lignée des Jason Bourne : Piégée. Sur le papier, le pitch est simple et ultra balisé, Mallory Kane est agent secret en fuite après une mission qui a mal tourné manigancée par sa hiérarchie. Mais comme Soderbergh aime bien rendre ça plus complexe que ça en a l’air, il va astucieusement composer son histoire tout comme il donnera au film une toute autre allure que ce à quoi le genre nous a habitué.
Car depuis des années, depuis la saga Jason Bourne en fait, les nouveaux codes du film d’action et d’espionnage sont des scènes de combats violents hyper découpées avec une caméra limite épileptique, Soderbergh va en prendre le contrepied total. Posant minutieusement sa caméra pour capter toute l’action et le moindre mouvement sans avoir besoin de bouger, il délivre là des combats anti-spectaculaires qui se révèlent dans toute leur brutalité. Appuyé par la musique entre lounge de David Holmes, il arrive même à donner une classe folle à son film, loin de la crasse de Bourne and co, un peu comme si il avait filmé ce Piégée comme un Ocean’s Eleven.
D’Ocean’s Eleven on retrouve d’ailleurs ce plaisir qu’à Soderbergh de vouloir gentiment nous perdre dans l’histoire. Sans donner toutes les clés tout de suite, construit à travers de nouveaux flash-backs, Piégée joue avec le spectateur qui connait pourtant ce type d’histoire par cœur. Et malgré le faux-rythme qui provoque soit l’endormissement (pour ceux qui attendaient un pur film d’action) soit la fascination (pour ceux qui sont ravis de voir l’exercice de style du réalisateur), le film réserve son petit lot de surprises, de retournements de situations sur seulement 90 minutes.
Mais si Piégée possède une classe telle, c’est aussi grâce à son casting impeccable. De Michael Fassbender à Ewan McGregor en passant par Michael Douglas ou Bill Paxton, impossible de ne pas reconnaitre au réalisateur sa capacité à rassembler les talents idéaux qui ont parfaitement leur place dans ses films en les faisant jouer à contre-emploi.
Mais au milieu de tout ces mâles c’est bien Gina Carano qui marque les esprits. Magnétique mais surtout action woman de poids, elle leur donne bien du film à retordre. Ses talents (elle est à l’origine championne d’arts martiaux mixte) sont aussi parfaitement exploités dans les scènes d’action, leur donnant un côté réaliste et brutal supplémentaire. C’est bien simple, on croirait vraiment qu’elle donne des coups à ses partenaires qui sont loin d’en sortir indemnes. Rarement, héroïne n’avait été aussi crédible à l’écran dans des scènes de castagne, imposant de fait un girl power frappant. A côté, Angelina Jolie peut bien aller se rhabiller.
Exercice de style très plaisant sur le film d’espionnage et d’action et en même tant pamphlet féministe percutant, avec Piégée, Steven Soderbergh ajoute encore une corde à son arc avec sa patte toute personnelle. C’est la classe totale.