Avec la sortie de the Dark Knight Rises, impossible de ne pas revenir sur le précédent volet de la trilogie de Christopher Nolan. Après avoir parlé de Batman Begins, reparlons de The Dark Knight, du légendaire Joker et de cette parabole dense sur la paranoïa américaine.
Après avoir relancé avec un succès modeste le personnage de Batman en installant un ton réaliste et en faisant de la pègre la menace principale de Gotham City, Christopher Nolan a pris son temps pour réaliser une suite à la hauteur. En poursuivant le schéma initial prévu par le scénariste David S. Goyer (inspiré par le récit A Long Halloween que l’on retrouve particulièrement dans la relation entre Batman, Dent et Gordon) et avec son frère Johnathan Nolan, il va explorer davantage Gotham et mettre le héros face à son pire ennemi. Ainsi, alors que le film commence sous les meilleurs auspices lorsque Batman aide le nouveau procureur Harvey Dent à coffrer toute la pègre de Gotham, l’espoir renait. Mais tout de suite, un élément perturbateur va venir tout dérégler, un personnage imprévisible, sans autre but que celui de créer la panique et semer le chaos.
Si Batman Begins était complètement centré sur son héros, ses peurs et la quête de vengeance se transformant en quête de justice, cette suite est directement centrée sur le Joker. Figure insaisissable, il est l’exact opposé de Batman. Ainsi, nous ne connaitrons pas ses origines exactes mais seulement son but qui est de voir le monde brûler. Sa quête de chaos s’oppose ainsi à la soif de contrôle que développent Dent et Batman pour restaurer la justice et la liberté à Gotham. Figure du terroriste fou, il entraine Batman dans ses derniers retranchements et va lui imposer de franchir les limites qu’il s’était fixer pour l’arrêter, le forçant alors lui aussi à devenir le monstre auquel il s’oppose.
Le Joker développé par Nolan et Heath Ledger est donc un personnage fascinant qui va changer le destin que pensaient avoir des hommes justes et va aller jusqu’à infecter leurs propres pensées. Le plus flagrant est ainsi sa manipulation de Dent, chevalier blanc de Gotham, justicier à visage découvert, pour en faire un homme déchu et désespéré, reniant tous ses idéaux au nom de la vengeance. Mais il va aussi forcer Gordon et Batman à cacher la vérité, à créer un martyr pour avoir ne serait-ce qu’un espoir pour que la ville se relève et voit un jour la lumière. Alors Batman prend conscience de son rôle et accepte la part sombre de son travail pour devenir le chevalier noir, celui qui doit agir dans l’ombre et faire le sale boulot pour que le peuple puisse vivre en paix.
A très vers la menace du Joker sur Gotham, Nolan dresse dans the Dark Knight un portrait fascinant d’une Amérique post-11 septembre en proie à la paranoïa. Ici, les habitants restent cloitrés chez eux, les rues sont presque désertes et ne servent qu’aux défilés pour rendre hommage aux disparus ou aux règlements de comptes. La peur habite Gotham et le réalisateur le montre avec une tension qui habite chaque minute du film. Mais en plus de montrer cette peur, il va aussi montrer que les moyens employés pour l’apaiser ne sont pas forcément les plus éthiques. Du simple fait de faire justice en dehors du cadre de la loi, de violer les juridictions en allant chercher un criminel à Hong-Kong jusqu’à la surveillance de chacun via les téléphones portables, tous les moyens les plus désespérés sont utilisé pour tenter de ramener l’ordre. Le réalisateur donne donc ici une vision pessimiste des forces de l’ordre aux Etats-Unis après le 11 septembre et va jusqu’à tuer la femme pour le montrer.
Mais au milieu de tout cela, il y a une lueur d’espoir. Car si la justice, la police et même les héros ont échoué face au chaos (Dent, Gordon et Batman on chacun perdu face au Joker), au travers des la tension qui s’inscrit dans la séquence opposant les passagers des deux ferries, le peuple à montré qu’il ne s’y soumettrait pas, qu’il ne s’autodétruirait pas et qu’il valait donc la peine d’être sauvé et de se battre pour lui.
Si the Dark Knight est en tout point réussi dans le genre du thriller et du film de gangster dans la lignée de Heat (référence assumée par son réalisateur) qui donnerai presque à Batman sa place dans notre monde, il est donc aussi un film d’une densité, d’une richesse et d’une profondeur incroyable qui n’hésite pas à montrer la noirceur de l’Amérique et de ses héros. Il ne nous reste donc maintenant plus qu’à savoir de quelle manière Nolan conclura sa trilogie pour connaitre a destinée du héros mais aussi et surtout de Gotham.