Abraham Lincoln : Chasseur de Vampires, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Attention les yeux, l’illustre président des Etats-Unis Abraham Lincoln se met à chasser le vampire devant la caméra de Timur Bekambetov. Une rencontre si improbable qu’elle repousse les frontières du mauvais goût.

Abraham Lincoln Chasseur de Vampires … dans le titre tout est dit. Il faut parfois avoir de drôles d’idées pour oser retoucher l’histoire pour y ajouter des vampires si bankable par les temps qui courent. C’est le cas de l’auteur du roman original Seth Grahame-Smith qui a donc cartonné en librairie avec ce mashup improbable (et, parait-il, plutôt réussi). Et comme tout best-seller se doit d’être adapté en film, autant le faire le plus rapidement possible en confiant la tâche à un réalisateur qui aura déjà touché aux vampires, avec un certain sens de l’image et qui ne coûte pas cher. Qui peut bien réunir ces critères ? Le réalisateur de Wanted pardi ! Oui, parce qu’avant de débarquer à Hollywood sur l’adaptation du comicbook de Mark Millar, le réalisateur russe avait déjà officié dans son pays avec Nightwatch et Daywatch, les 2 volets d’une trilogie vampirique (oui, on attend toujours la conclusion). Du coup, le studio se dit qu’il connait son sujet. Et comme en plus son pote Tim Burton (ils ont produit ensemble le très sympathique Numero 9) accepte de produire le film, il y a un argument marketing tout trouvé !

Sur le papier, l’association peut être assez explosive. Mais voilà, alors qu’Abraham Lincoln Chasseur de Vampires a tout ce qu’il faut pour devenir un gros divertissement bourré de second degré, il n’en sera rien. Le scénario essaie tant bien que mal de se donner une crédibilité, les acteurs sont super sérieux et cabotinent à mort pour se donner de la consistance, bref, le mot d’ordre est le premier degré absolu. C’est d’ailleurs étonnant de voir qu’un réalisateur étranger manque à ce point d’ironie et de mordant sur l’histoire américaine avec un projet qui ne devait surtout pas se prendre au sérieux.

Cette relecture de la Guerre de Sécession devient alors rapidement lourde et sans intérêt et ce n’est pas le ridicule des situations ou des scènes d’action qui nous feront rire jaune. Car il ne faut pas chercher, si le film nous fait rire par moment, ce n’est pas par ses pointes d’humour mais bien par le sentiment pathétique qu’il développe. Il n’y a qu’à voir la bêtise du flashback sur le personnage de Dominic Cooper pour s’en rendre compte … ou le traitement des méchants vampires à qui il suffit d’un peu de crème solaire pour se balader en plein jour … même Mary Elisabeth Winstead ne peut rien faire devant l’immobilisme de Benjamin Walker (qui interprétait Liam Neeson jeune dans Dr. Kinsey … Neeson qui devait d’ailleurs interpréter Lincoln chez Spielberg, il y a de quoi avoir un pieu en plein coeur) qui devrait rester encore inconnu après la sortie du film.

Abraham Lincoln Chasseur de Vampire risque aussi de vous faire pleurer mais pas forcément parce qu’il est émouvant … juste parce que vos yeux risquent bien de ne pas s’en remettre ! En effet, Bekambetov filme son histoire n’importe comment, avec des accéléré-ralentis inutiles comme on n’en fait plus depuis 10 ans, rendant ses scène d’action illisible et d’une laideur à tomber. Et quand la 3D s’en mêle, c’est simplement la catastrophe, tout se brouille, les yeux piquent et le mal de crâne guette. A ce niveau, la grand scène de poursuite au milieu d’une horde de chevaux et de poussière est non seulement ridicule mais en plus horrible à voir. C’est quand on voit ce genre d’images que même les détracteurs de Zack Snyder sont obligés de reconnaitre à ce dernier un véritable talent.

Je crois qu’il n’y a pas besoin de plus charger la mule, vous l’aurez compris, Abraham Lincoln Chasseur de Vampires est non seulement mal raconté et pas drôle mais en plus c’est une expérience visuelle qui vous coûtera une visite chez l’ophtalmo après la séance. Il ne nous reste alors plus qu’à espérer que nous n’aurons pas à subir Obama contre les loups-garous ou Nixon contre Frankenstein … quoi que, ça ne pourra pas être pire …