Nombreux sont les cinéphiles/bédéphiles qui reprochent à Sony d’avoir lancé ce remake de Spider-Man alors que le premier volet de la trilogie de Sam Raimi a été tournée il y a à peine dix ans. Faux débat…
Les “remakes” et “reboots” ont toujours alimenté l’industrie hollywoodienne sans que personne n’y trouve quelque chose à redire. Pour ne parler que des films de super-héros, Hulk a connu deux versions différentes en 2003 et 2008, et trois interprètes différents en dix ans, si on ajoute Mark Ruffalo dans The Avengers. Les Batman de Christopher Nolan n’ont été mis en chantier que douze ans après les deux épisodes signés par Tim Burton, et cinq ans après ceux réalisés par Joel Schumacher…
La différence, c’est que ces adaptations avaient le mérite d’être très personnelles et ne ressemblaient pas du tout les unes aux autres. Evidemment, les niveaux de ces oeuvres sont très hétéroclites. Pour les Batman, inutile de préciser que les purges de Joel Schumacher sont bien inférieures aux version de Burton et Nolan. Il n’empêche que même ratés, ces films possèdent une identité propre, qui se démarque de celles des autres. Et c’est là le principal.
Le public de ce genre de film se déplace pour découvrir les nouvelles versions des aventures de leurs super-héros préférés quels que soient les réalisateurs ou les acteurs, comme jadis, les spectateurs découvraient des versions alternatives de Tarzan, des Trois Mousquetaires, de Dracula… Mais il s’attend quand même à ce qu’on lui propose quelque chose de nouveau, un regard différent sur les personnages, un style sensiblement différent…
Le problème avec The Amazing Spider-Man, c’est que, alors que son équipe de production affichait l’ambition louable de repartir de zéro pour proposer autre chose, plus fidèle aux comics originaux, elle semble se contenter de refaire en moins bien ce que Raimi avait magistralement réussi avec sa trilogie.
Et comme celle-ci est encore fraîche dans l’esprit des spectateurs, la comparaison fait mal, car le film de Marc Webb est inférieur dans tous les domaines, de la mise en scène (basique) aux effets visuels (assez laids), en passant par la musique (une partition assez paresseuse). Même les petits clins d’oeil aux fans de comics, qui faisaient le charme des films de Raimi, sont ici moins efficaces (mais rassurez vous, Stan Lee y fait quand même sa traditionnelle apparition, en bibliothécaire sourdingue…)
L’interprétation n’est pas vraiment exceptionnelle non plus. Certes, Andrew Garfield n’est pas un mauvais Peter Parker, mais il ne convainc qu’à moitié. D’un côté, il possède une sorte de fraîcheur juvénile, une allure de grand gamin qui convient bien au personnage. De l’autre, il apparaît parfois comme trop âgé pour le rôle, alors qu’il a le même âge que Tobey Maguire dans le premier Spider-Man de Raimi. Peut-être est-ce parce qu’on ne ressent pas encore suffisamment le côté tourmenté du personnage. Si le(s) prochain(s) volet(s) explorent davantage cet aspect des choses, le jeune acteur devrait se montrer plus à son avantage, car on sait depuis Boy A qu’il peut se montrer brillant dans ce registre.
Emma Stone fait son travail tout à fait correctement dans le rôle de Gwen Stacy, mais se retrouve cantonnée à jouer les utilités.
Au moins, ces deux-là sont suffisamment proches des personnages du comics book original, ce qui n’est pas le cas de Sally Field, loin, très loin derrière Rosemary Harris, ou de Martin Sheen, qui ne parvient pas à éclipser le souvenir de Cliff Robertson.
Reste Denis Leary, plutôt pas mal en George Stacy, mais son personnage, à l’instar de celui d’Emma Stone, se retrouve insuffisamment développé, si bien qu’on ne s’attache pas vraiment à lui et que la fin du film perd un peu de sa saveur. Et Rhys Ifans, dans le rôle du lézard, le méchant du film. Lui aussi fait ce qu’on attend de lui, et il le fait bien, mais on l’a connu plus inspiré.
Marc Webb aussi d’ailleurs…
Quand on a appris que le cinéaste avait été choisi pour diriger ce reboot, on s’était montrés plutôt optimistes, car on avait en tête le travail effectué sur (500) jours ensemble. On s’attendait naïvement à ce que le cinéaste apporte à la franchise Spider-Man un regard nouveau, original, qu’il redynamise le genre du “super-hero movie” comme il avait redynamisé celui, ultra codé, de la comédie romantique.
Las, sa mise en scène est platement illustrative et n’apporte aucune touche de nouveauté, en se contentant bêtement de repomper les idées de Raimi.
Seule satisfaction, le film n’a pas été conçu de façon à attirer les seuls ados amateurs de Twillight & consorts, contrairement à des rumeurs qui avaient circulé lors de sa mise en chantier. Ouf! Au contraire, le film ébauche les futurs tourments du jeune Parker, qui devra choisir entre celle qu’il aime et son rôle de justicier masqué, pour ne pas la mettre en danger.
On retrouve là, effectivement, l’esprit des comics originaux imaginés par Stan Lee, et le film, de ce point de vue, se démarque bien de la trilogie Raimi, axée autour du triangle amoureux Peter/Mary-Jane/Harry.
Cela dit, l’essentiel est quand même atteint, malgré la faiblesse globale de la réalisation.
On ne s’ennuie pas vraiment, et le film constitue un honnête divertissement. Et surtout, on a envie de découvrir la suite , en espérant que Marc Webb se lâchera un peu et tentera enfin d’apporter sa patte à la saga. En est-il capable? Toute la question est là…
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The Amazing Spider-Man
The Amazing Spider-Man
Réalisateur : Marc Webb
Avec : Andrew Garfield, Emma Stone, Rhys Ifans, Denis Leary, Sally Field, Martin Sheen, Irrfan Khan
Origine : Etats-Unis
Genre : (mal) copié
Durée : 2h17
Date de sortie France : 04/07/2012
Note pour ce film : ●●●○○○
contrepoint critique chez : Cinéma-teaser
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