Retour à la maison pour Buffy dans une 5e saison surprenante qui revient aux origines de la série pour mieux y apporter une fin.
Après une 4e saison qui se cherchait un peu et qui avait déconcerté les fans, les scénaristes de Buffy ont ramené la tueuse au bercail pour s’occuper de sa mère malade. Mais il ne faut pas croire à un simple retour au statu quo et au confort de la maison. Car les scénaristes ont osé nous imposer un personnage de plus irritants au premier abord : une sœur. Dès l’irruption de Dawn, les fans ont pu crier au scandale devant un tel affront. Comment peut-on amener d’un seul coup dans la série un personnage dont on n’a jamais entendu parler auparavant ? Mais cette nouvelle venue n’est pas là par hasard et les raisons de sa présence sont l’objet de toute la saison qui voit arriver la déesse Glory à la recherche d’une mystérieuse clé à Sunnydale.
Alors que nos personnages s’étaient perdus à la fac, la présence de Dawn va nous permettre de retrouver nos marques. En effet, elle nous permet de retrouver l’esprit adolescent de la série que les autres personnages ne peuvent plus assurer tout en nous permettant de retrouver Buffy à la maison. Comme un retour aux bases, cette dernière va d’ailleurs finir par se séparer douloureusement de Riley, seul rappel des erreurs militaires de la 4e saison. Non, ce qui va compter, c’est donc un retour à certaines valeurs familiales et le lien entre Buffy, sa sœur et sa mère deviendront le cœur de cette saison.
Le sujet avait été abordé dans le précédent season finale, Buffy va chercher à mieux se connaitre, comprendre la nature de la tueuse, son but, afin d’avancer dans sa mission. Cela commence dès le premier épisode qui la confronte au légendaire Dracula. Si la rencontre qui était inévitable fait sourire et se révèle assez kitsch, le roi des vampires donne tout de même à Buffy les premières clés pour accomplir cette quête des origines qui se complétera par une longue discussion avec Spike pour en savoir plus sur la mort des tueuses (épisode qui nous permet d’ailleurs de revenir sur le passé de William le sanguinaire) et par une séance de méditation qui fera bien comprendre à la tueuse que sa mission ne prendra fin que lorsqu’elle trouvera la mort. Ainsi, sous ses abords de série adolescente, Buffy contre les Vampires se met à aborder l’une des étapes les plus redoutées de la vie : la mort.
La mort est d’ailleurs le sujet central de l’épisode The Body dans lequel la tueuse retrouve sa mère décédée sans avoir pu la sauver. Notre héroïne et tout le groupe font alors face à la mort naturelle d’un proche contre laquelle ils sont impuissants. Un épisode d’une intensité rare à la télévision, sans musique et aux partis pris de mise en scène glaciale de Joss Whedon particulièrement intéressants. Ici le réalisateur regarde la mort et ses conséquences en face, sans détourner le regard et montre les réactions on ne peut plus naturelles des personnages, de Buffy qui découvre le corps et doit affronter l’attitude froide des ambulancier puis du médecin légiste à Dawn remplie d’émotions en passant par la colère de Xander, l’indécision de Willow et l’incompréhension enfantine d’Anya, ex-démon centenaire. Particulièrement éprouvant, cet épisode est sans doute l’un des meilleurs de la série mais aussi probablement l’une des œuvres traitant de la mort les plus passionnantes.
La maladie puis mort de la mère de Buffy survenant au moment où on s’y attend le moins, notre héroïne va alors devoir faire face à de nouvelles responsabilités et encore une fois grandir. C’est le thème central de la série et il prend ici un coup d’accélérateur. Buffy va alors devoir prendre soin de sa sœur. Mais surtout, elle prend conscience qu’elle n’existe que pour protéger les siens. Ainsi, lorsque vient le moment de protéger le monde difficile dans lequel nous vivons, elle n’hésitera pas à se sacrifier dans un épisode au final émouvant, concluant en beauté le destin de la tueuse.
Comme dans toutes les saison de Buffy contre les Vampires, la tueuse n’est jamais seule et tous les personnages du « scooby-gang» connaissent eux-aussi des évolutions, que ce soit au travers d’épisodes qui leur sont presque entièrement dédiés ou de trames qui vont les concerner pendant toute la saison. Aujourd’hui, chacun va trouver sa voie en tant qu’adulte, que ce soit Anya qui prend conscience de sa citoyenneté, Giles qui continue d’endosser l’image paternelle de Buffy ou la progression de Willow dans la sorcellerie et l’accueil progressif de Tara dans le groupe. Mais celui connaitra l’évolution la plus surprenante, c’est Spike qui va développer une obsession pour Buffy presque malsaine.
Si la famille, les origines de la tueuse et la mort sont les thèmes centraux de cette saison, il ne faut pas non plus oublier que Buffy parle de tous les aspects de la vie. Ainsi on retrouve le thème du féminisme et des clichés superficiels à travers Glory, version toute puissance et mauvaise de Cordelia. Mais cette 5e saison parle aussi de drogue avec Riley en recherche de sensations vampiresques, de femme objet (la création du buffy-bot) ou encore de l’affirmation en tant qu’adulte (que ce soit Tara vis-à-vis de sa famille ou Buffy vis-à-vis du conseil des observateurs).
Déconcertante dans ses premiers épisodes où nous devons nous habituer à la présence de Dawn qui coulera finalement de source, cette 5e saison de Buffy se révèle passionnante et remplie de grands moments d’émotion. Dans un triptyque final qui navigue entre l’épique et l’intimiste, Buffy trouvera sa raison d’être pour offrir à la série une fin qui coule de source, d’autant plus que la WB n’a pas demandé de saison supplémentaire. Mais c’était sans compter sur la petit chaîne UPN qui ferait renaitre Buffy pour la période la plus sombre et fascinante de son histoire.