Guilty of Romance, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Sono Sion a enfin le droit aux écrans français avec Guilty of Romance, l’occasion de découvrir le cinéma excessif, hystérique, érotique, violent, fou et coloré du réalisateur japonais !

Depuis qu’il s’est fait repérer avec Suicide Club, Sono Sion est devenu une bête de festivals. FanTasia, Berlin, Venise, Deauville ont accueilli le réalisateur japonais qui n’est que rarement reparti bredouille. C’est à la Quinzaine des réalisateurs lors de Cannes 2011 qu’a été présenté en version longue ce Guilty of Romance qui inaugure donc la présence dans les salles françaises de Sono Sion (en version internationale plus courte mais sans manque).

Avec Guilty of Romance, le réalisateur nous entraine dans la plongée en enfer d’Izumi. Mariée à un romancier froid et absent, sa vie n’est qu’attente à la maison, prison dorée dont elle ne peut s’échapper. Mais lorsqu’elle décide de sortir, une femme vient lui faire une étrange proposition : poser nue. Un premier pas qui va l’entrainer dans une spirale sexuelle infernale où elle pourra assouvir ses désirs depuis si souvent refoulés ! En parallèle nous suivrons une enquête policière après la découverte d’un étrange cadavre dans le quartier des « love hotels»  … l’enquête nous mènera alors vers le destin d’Izumi.

Mêlant le giallo et le roman porno japonais avec la folie qui le caractérise, Sono Sion délivre avec Guilty of Romance un récit initiatique et érotique étrange, fascinant et déroutant et n’hésite pas à montrer l’envers du décors de la société japonaise pour le faire exploser. Au travers de la relation fausse entre Izumi et son mari, le réalisateur montre bien toute l’hypocrisie qui peu régner dans un couple et dans certaines traditions de la femme au foyer. Puis c’est à travers la libération sexuelle de cette femme que s’affirmera un discours féministe ambigu et jamais gratuit car au travers de son aventure, Izumi va trouver la force de faire face à son mari et d’affronter la vérité qui se cachait à l’extérieur.

On pourra reprocher au film d’être finalement assez prévisible et d’entretenir une certaine lourdeur dans son propos mais Sono Sion sait en jouer et en fait même sa force. Toujours excessif, il n’hésite pas à montrer des personnage caricaturaux pour les détruire ou en révéler une autre facette mais surtout il ne fait pas dans la demi-mesure dans l’interprétation. Loin de la froideur du foyer, les personnages crient, grimacent  et y vont franchement dans les gestes violents dans la nuit colorée et psychédélique avec une méchanceté réelle. Après le calme de surface du début du film, la folie gagne le métrage qui finira dans le fluo débridé, nous mettant aussi mal à l’aise devant la perversion qui se dégage de l’histoire que fasciné par cette mise en image d’une esthétique à tomber.

Œuvre de l’underground japonais par excellence, Guilty of Romance est donc aussi magnifique que tordu et hystérique, aussi grandiloquent que violent et coloré et c’est bien ce qui en fait une expérience de cinéma marquante. Un nouvel excès de Sono Sion qui frappe autant par son discours que par ses personnages et sa maitrise du cadre. Il ne nous reste donc plus qu’à espérer maintenant que les autres œuvres de l’auteur aient aussi droit aux honneurs des salles de cinéma.