Marvel : Fear Itself

Par Fredp @FredMyscreens

Retour sur le crossover de Marvel qui était sensé encore une fois chambouler la vie de nos héros et qui a finalement accouché d’une souris : Fear Itself.

Après le retour au statu quo de Siege qui a permis aux héros Marvel de retrouver leur place d’avant Civil War, le nouveau crossover annuel de la maison des idées nous était présenté comme le plus gros événement depuis des années. Celui qui redistribuerai encore les cartes comme l’avait fait Mark Millar dans son mega crossover qui avait réussi à atteindre une portée politique, idéologique inédite chez Marvel tout en bouleversant durablement la vie des héros. Mais l’éditeur a cette fois placé aux commandes de ce nouvel événement, un scénariste beaucoup plus malléable : Matt Fraction. Le scénariste qui essaie tant bien que mal de succéder à Ed Brubaker sur Uncanny X-Men mais qui a rendu un peu d’intérêt à Iron Man va donc nous embarquer dans une histoire tournant principalement autour de Thor et Captain America (alors que les 2 films de ces héros sortaient en même temps au cinéma lors de la parution américaine).

Le pitch de départ de Fear Itself pouvait nous permettre d’espérer un récit à la fois épique et dramatique. En effet, Sin, la fille de Crâne Rouge, a réussi à réveiller un vieil ennemi d’Odin tombé dans l’oublie : Le Serpent. Être surpuissant, il a besoin que les hommes puissent ressentir la plus grande des peurs pour retrouver ses forces et aller se venger de son vieux frère roi des dieux nordiques. Alors il fait appel à certains des plus puissants et destructeurs ennemis de nos héros pour prêter main forte à Sin et semer la terreur dans les villes alors que les dieux nous ont quitté, nous laissant seuls face à cette terrible menace.

Dès lors, on aurait pu imaginer une récit complexe dans lequel nos héros auraient été confrontés à leur peurs, à la défaite cuisante et au désespoir dans une lutte contre un être dont ils ne connaissent rien. Hélas, il n’en sera rien et Fraction va appliquer le plus simplement possible les règles du crossover Marvel : exposition de la menace – échec des héros – un mort – la revanche des héros – la victoire. Sur 7 épisodes (sans compter les tie in dans les séries courantes mais finalement pas si importants, les scénaristes n’ayant pas trop envie de s’impliquer dans ce crossover), le récit s’étale mais a du mal  à prendre. Plus fort, le scénariste n’arrive jamais à nous faire ressentir le danger, la difficulté de la situation ou même la perte de certains personnages tant il ne s’y intéresse pas. D’autant plus que l’on sait très bien que ces personnages ne resteront pas morts bien longtemps.

Il ne nous reste alors plus qu’à savourer quelques scènes de batailles bien senties mais bien souvent trop courte, à l’image de l’impressionnante lutte de Thor contre Hulk et la Chose possédés. Même le final voyant nos héros enfin armés pour lutter face aux soldats du Serpent sera rapidement expédié. D’ailleurs, le Serpent est lui-même un bad guy plutôt raté pour ce crossover, n’imposant, malgré les mots, jamais une menace physique et psychologique assez forte puisqu’il ne fait rien par lui-même. En ce sens, il n’a donc que peu d’intérêt et accentue alors le côté anecdotique de l’événement.

Matt Fraction n’avait donc clairement pas les épaules pour porter un tel projet mais au crayon, Stuart Immonem s’en sort de son côté plutôt bien, aussi à l’aise pour montrer des héros désespérés dans un cadre intimiste qu’une bataille de belle ampleur. Son trait s’applique plutôt bien à l’atmosphère qui se créé et son nouveau design de certains héros pour l’occasion est même plutôt réussi et impressionnant. Mais malgré cela, Fear Itself se révèle finalement assez inoffensif et quasiment aucune conséquence n’atteindra les héros. Dispensable.