Dans la série des remake qu’on ne voulait pas voir, Total Recall était en bonne place mais Len Wiseman en a décidé autrement. Résultat, un film tout simplement sans âme et sans intérêt.
Avant le prochain Robocop et un hypothétique reboot de Starship Troopers, voici donc le premier des remake des films de Paul Verhoeven pour cette nouvelle décennie par un Hollywood complètement aseptisé. En s’attaquant à Total Recall, l’équipe pensait nous offrir une nouvelle interprétation de la nouvelle Souvenirs à vendre de Philip K.Dick. Exit l’action sur Mars donc, mais ce n’est que pour garder exactement la même histoire sur une Terre invivable sans forcément se rapprocher du récit originel. Plutôt qu’une réinterprétation c’est bien un remake auquel nous avons droit.
Dans un futur proche et presque apocalyptique, nous retrouvons donc Douglas Quaid, ouvrier qui en a assez d’une vie frustrante et monotone dans un monde en berne. Il va donc tenter de s’offrir des souvenirs de vacances hors du commun mais l’expérience tourne mal et réveille de vieux souvenir chez Douglas qui se révèle être un agent secret poursuivit par les autorités. Entre illusion et réalité, il va se faire entraîner dans une course poursuite le liant à une grosse affaire qui pourrait bien mettre toute la population en danger.
En mettant le réalisateur d’Underworld à la barre de ce remake, on savait à quoi s’attendre et l’on ne sera donc pas surpris de le voir passer complètement à côté de son sujet. Alors qu’un gros boulot a été effectué afin de nous présenter un monde futuriste plausible et plutôt bien décrit avec un contexte politique complexe, Len Wiseman ne va surtout pas s’attarder dessus et entrainer son héros dans une course poursuite infernale en oubliant ce qui fait l’intérêt premier de l’histoire : la psychologie.
En effet, alors que le récit soulève normalement de nombreuses questions sur ce qui fait une personnalité et sur la frontière qui sépare le réel de l’imaginaire, le réalisateur les zappe complètement pour faire courir son héros toujours plus vite, toujours plus haut, sans temps mort. Et lorsque temps mort il y a, c’est soit ridicule soit ça tombe tout de suite à l’eau, que ce soit ce passage où Colin Farrell se retrouve au piano ou lorsque son ancien collègue vient lui dire que tout cela n’est que dans son imagination.
Dans le cadre de cette course poursuite sous grosses influences (impossible de ne pas penser à un gros melting-pot de Minority Report, Blade Runner, I Robot ou même l’Attaque des Clones mais avec moins de talent) ou clins d’œil (le réalisateur s’amusant à citer le film original régulièrement) et avec une réalisation souvent brouillonne qui accumule les incohérences et les scènes d’action lourdes malgré leur rythme efficace, ce sont aussi les personnages qui en prennent un coup. En effet, à côté des questions posées par le sujet du film, ce sont aussi les psychologies des héros qui ne sont jamais explorées.
Et Colin Farrell le premier n’arrive jamais à nous impliquer dans l’histoire, comme un pantin bondissant partout sans but réel. A ses côté, Kate Beckinsale et Jessica Biel se crêpent le chignon sans parvenir à nous intéresser malgré quelques lignes de dialogues bien senties tombant vite à plat (ne parlons pas de la dernière scène de bagarre arrivant comme un cheveu sur la soupe parce qu’ils avaient oublié de parler du destin d’un personnage). Quand au grand bad guy interprété par le talentueux Bryan Cranston, impossible de savoir pourquoi il est si méchant … à part qu’il est juste méchant … Cet ensemble bien superficiel ne nous implique alors que très peu dans l’histoire.
Évidemment, nous ne ferons pas l’affront de comparer ce remake sans grande personnalité et sans psychologie à son modèle sous peine de le rabaisser encore un peu (il faut dire tout de même que tirer dans la tête de robots ou arracher des bras mécanique, c’est tout de même moins trash que chez Verhoeven, sans parler du second degré ici totalement absent) mais force est de reconnaitre que ce nouveau Total Recall est assez inintéressant, vite oublié et manque sacrément d’âme.