Culte du dimanche : Outsiders

Par Fredp @FredMyscreens

Même en réalisant de petits films Coppola a on de de souvent les rendre cultes. Et c’est en grande partie grâce à son casting que ce petit Outsiders l’est devenu.

Après le tournage monumental d’Apocalypse Now, on ne reprendrait plus Francis Ford Coppola dans d’aussi gros projets. Au début des années 80, son cinéma devient d’un seul coup plus confidentiel mais pas dénué d’intérêt avec de réelles préoccupations graphiques. Ainsi, nous découvrirons Coup de Cœur, Rusty James ou encore Cotton Club qui seront des revers financiers obligeant le réalisateur à faire des films de commande. Mais entre ces films s’est glissé Outsiders, au premier abord petite chronique adolescente réalisée en 1983.

Avec Outsiders, Coppola replonge dans l’univers de la banlieue des années 60, celui où la jeunesse commence à prendre son indépendance. A Tulsa, les « Greasers» , jeunes des quartiers populaires sont en lutte permanente contre les « Socs» , fils de bourgeois. Vivant seul avec ses deux frères, Ponyboy et son pote Johnny vont avoir avec une altercation avec quelques Socs suite à la rencontre de la douce Cherry. Mais pour protéger Ponyboy, Johnny va tuer l’un de ses adversaire. Ils partent alors tous les deux avant que la police ne commence à les rechercher, laissant leur groupe de Greasers sur le carreau.

En s’intéressant à ces ados en fuite dans Outsiders, Coppola rejoint le discours des films comme La Fureur de Vivre, présentant une jeunesse abandonnée (ici on ne verra jamais l’ombre d’un parent et même d’une manière général, les adultes sont très rares) avec le recul qu’il a au moment de réaliser le film, 20 ans après cette période. Il montre alors toute la difficulté de grandir dans un milieu social qui offre peu d’échappatoires (le seul avenir que Ponyboy voit c’est celui de son frère pompiste alors qu’il rêve de ces personnages de cinéma et de romans) et où le modèle familial a déjà explosé. Ici, les enfants doivent grandir vite, trop vite, et, à 14 ans, se retrouvent impliqués dans des bagarres de jeunes adultes et doivent s’en sortir seuls.

En parallèle de ce sujet on peut déceler chez Coppola une véritable recherche esthétique donnant parfois des allures légèrement irréelle à son film. Ainsi il n’hésite pas à faire quelques ellipses évocatrices pour s’attarder plus spécialement sur les conséquences que le drame a sur les personnages. Ainsi, le meurtre est éludé au travers d’un montage couleur sang judicieusement choisit.
D’un autre côté, il montre que malgré la violence qu’ils vivent, il se dégage une certaine poésie, à l’image du poème récité par Ponyboy sur fond de ciel d’or en hommage à Autant en Emporte le Vent qu’il lisait à son ami quelques scènes plus tôt. Le film est ainsi particulièrement soigné et la musique apporte à tout cela une atmosphère 60′s et un rythme qui nous immerge réellement dans le film et dans l’histoire de ces jeunes.

Mais si Outsiders est aujourd’hui devenu vraiment culte, c’est parce qu’en plus de son histoire touchante et de son atmosphère prenante, Coppola dirigeait ici certains acteurs débutants qui allaient pour certains devenir de vraies valeurs sûres d’Hollywood. Si certains n’ont pas vraiment percé, à l’instar de C. Thomas Howell, d’autres ont ensuite explosés grâce à leurs rôle de gentils rebelles. Tom Cruise, Patrick Swayze, Matt Dillon et dans une moindre mesure Rob Lowe et Emilio Estevez font ainsi leur débuts bagarreurs en équipe et leur esprit de camaraderie fonctionne parfaitement.

Outsiders n’est aujourd’hui pas le plus grand film de Coppola, ni l’un des plus populaire, mais il a tout de même cette étincelle qui fait que l’on s’y attache en un instant et c’est bien ce qui le rend culte.