Wrong, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Quentin Dupieux a perdu son chien et part dans un nouveau délire absurde avec émotions. Wrong est une curiosité à découvrir.

Avec Rubber, Quentin Dupieux avait fait de la démonstration du non-sens un véritable crédo et il continue aujourd’hui avec Wrong sans toutefois aller aussi loin pour questionner le spectateur. Car plutôt qu’un film concept, Wrong est avant tout une histoire qui se veut touchante, celle d’un homme qui a perdu son chien et va tout faire pour le retrouver. Mais en connaissant le sens de l’absurde étonnant de Dupieux, l’aventure prend un ton bien particulier.

En lançant des indices dès le départ, en commençant le film à 7h60, on a l’impression de se retrouver dans un monde étrange, à la fois proche du quotidien et mais aussi irréel, bref, le monde si personnel de Dupieux, toujours filmé avec une grande clareté, une lumière épurée qui donne le sentiment d’être dans un rêve. Et c’est bien ce qu’il se passe, entre un bureau noyé sous l’eau, cette voiture en plein désert, ces personnages étranges aux buts louables mais pas de la bonne manière, … on se retrouve dans un temps suspendu où règne l’absurde.

Pourtant, pour peu que l’on accepte cet univers toujours aussi barré et malgré quelques carences sur le rythme, l’histoire de Dolph et de sa recherche désespérée de son chien perdu devient plutôt touchante. Jack Lotnick y est bien pour quelque chose, jouant habilement entre le mec désespéré, un brin naïf et complètement en décalage avec le monde dans lequel il vit. Il faut dire qu’il est aussi entouré de pointures adeptes de Dupieux, que ce soit Eric Judor assez drôle en jardinier à deux balles ou surtout William Fichtner en écrivain à succès un légèrement mafieux et au pouvoir étrange. Dupieux construit ainsi une galaxie de personnages qui sortent totalement du réel. D’ailleurs, ils entraînent non pas des éclats de rires faciles mais un sourire permanent devant les nombreuses petites trouvailles et drôles idées du réalisateur.


Évidemment, à ces personnages et cette manière de filmer ce rêve étrange qui n’a pas la prétention d’être un film réflexif sur le cinéma comme l’était Rubber, vient s’ajouter une BO éléctro comme seul Mr Oizo peut nous la proposer, ajoutant un supplément de poésie décalée à tout cela.

Quentin Dupieux a fait des OFNI (Objet filmique non identifié) sa spécialité et ce Wrong s’ajoute sans prétention à la liste, avec un récit plus personnel mais toujours en décalage avec la réalité pour nous offrir un moment dans un étrange ailleurs. A découvrir.