Après le choc Martyrs, Pascal Laugier revient avec The Secret, pas aussi dérangeant que son prédécesseur mais à la morale toute aussi ambigüe mais dont on ne va pas parler pour garder la surprise du twist qui change le point de vue du film à mi-parcours.
« On n’a pas été aussi bluffé depuis Sixième Sens» … encore une fois, il ne faudra pas se fier à l’accroche purement marketing (et qui plus est non sourcée) en allant voir The Secret. D’une part parce que l’histoire n’a strictement rien à voir et d’autre part car le twist n’arrivera pas à la fin du film mais en changera la direction en plein milieu. Mais puisque Sixième Sens qui a maintenant 13 ans (déjà) est tellement ancré dans la culture pour son fameux twist, autant tirer encore un peu sur la corde pour ramener un public ignorant et lui indiquer tout de suite qu’il va être surpris (ou pas vu qu’il va maintenant attendre le fameux twist).
Bref, passée cette anecdote marketing, concentrons-nous sur le film de Pascal Laugier qui embarque Jessica Biel à Cold Rock, petite bourgade isolée des États-Unis, qui connait depuis peu de temps une étrange « malédiction» puisque ses enfants se font régulièrement kidnapper par un étrange boogeyman surnommé le « Tall Man» . Une nuit c’est à son tour d’être frappée et elle voit l’homme embarquer son fils. Elle part alors à sa poursuite pour récupérer son enfant et peut-être résoudre le mystère de ces disparitions !
Après l’épuisant et fascinant Martyrs, que l’ont peu aisément faire entrer dans la catégorie des meilleurs films de genre français, le réalisateur Pascal Laugier calme son jeu. Ici, il n’y aura pas de choc aussi immense, pas d’effets gores ni de gros frissons. Avec The Secret, il s’embarque dans une histoire en apparence plus simple et classique, plus grand public aussi. Mais cela ne veut pas forcément dire qu’il ne va pas y mettre un peu de piquant dans un questionnement moral ambigu qu’il posera au spectateur.
Car en changeant complètement de point de vue au milieu de l’histoire, il emmène son récit plutôt convenu qui aurait pu basculer dans le classique film de boogeyman aux limites du fantastique vers une direction plus réaliste et pessimiste sur l’éducation des enfants. Le questionnement aura vite fait de cataloguer le réalisateur avec un point de vue parfois douteux mais permet aussi de faire réfléchir son public.
Malheureusement, cette réflexion posée à la fin du film est amenée de manière assez maladroite et n’est jamais impliquante. Car avec un rythme qui ne décolle jamais, quelques jump scares qui ne prennent pas (le film n’est pas effrayant pour un sou), une intrigue finalement très prévisible (l’identité du Tall Man est vite devinable et l’issue du film, une fois le twist passé, est toute aussi aisément jouée d’avance), un énorme manque d’émotion qui nous laisse indifférent et une héroïne finalement assez antipathique, difficile de ressentir quelque chose devant le film.
Et c’est bien dommage, malgré une réalisation carrée on aurait aimer détester ou encourager Jessica Biel dans sa démarche mais si au final nous la comprenons, cela ne nous laisse pas d’autre impression que d’avoir vu dans The Secret un essai de « film à twist» légèrement provocant qui tombe à plat.
On aurait bien voulu l’aimer ce secret. Malheureusement, sa maladresse à la fois dans le discours et dans l’écriture nous laissent assez indifférents et c’est bien dommage.