Avant que ne débute la seconde saison, retour sur les débuts de Homeland, certainement l’une des meilleures nouvelles séries de 2011/2012, en grande partie grâce à son duo d’acteurs au top !
Pour le pitch, c’est simple, Nicholas Brody, un marine est de retour au foyer après 8 ans de captivité chez Al Qaida. Tout le monde pourrait être heureux de ce retour mais Carrie Mathison, agent de la CIA, est persuadé qu’il est revenu à la surface afin de commettre un attentat sur le sol américain. Elle va alors tout faire pour trouver les indices qui prouveront qu’il n’est pas de retour seulement pour sa famille.
Avec une telle histoire, on pourrait s’attendre à des rebondissement à chaque seconde et ce n’est pourtant pas le cas. Tout au long des 12 épisodes, le rythme est plutôt lent, les scènes de dialogues parfois rébarbatives. Pourtant les indices semés petit à petit font que l’on accroche bien à mi-parcours avec l’envie de connaitre le fin mot de l’histoire et savoir si oui ou non Nicholas Brody va commettre l’irréparable. Entre innocence et grande suspicion, les scénaristes jouent parfaitement de l’ambiguïté du personnage et de son passé trouble pour nous emmener sur de fausses pistes tout en gardant une ligne claire. Certains rebondissements et révélations doucement amenés arrivent ainsi parfois de manière abrupte pour nous laisser sous le choc de l’instant.
Mais si Homeland est une réussite, c’est avant tout grâce à ses deux personnages remarquablement interprétés. D’un côté nous avons donc Nicholas Brody campé par un Damian Lewis véritablement insaisissable. Avec un retour à la vie de famille pas des plus facile (et cette facette est très largement explorée pour montrer à quel point cette guerre est difficile à vivre pour les familles), Brody fait maintenant figure de héros national presque intouchable. Pourtant on sait bien que quelque chose cloche et que sa captivité l’a changé. Et même lorsque l’on pense bien qu’il est innocent, il y a toujours cette attitude suspecte qui semble nous dire que tout cela est voulu mais on comprend, grâce aux nombreux flashbacks, les motivations du personnage.
D’un autre côté, Carrie Mathison est toute aussi intéressante. Alors que nous ne connaissons que peu sa vie privée (celle-ci étant toute dédiée à la CIA), elle nous entraine dans sa réflexion et sa paranoïa à chaque instant, trouvant toujours les arguments et ayant toutes les raisons de se méfier. Pourtant on ne devrait pas la croire puisque qu’elle souffre de troubles psychologiques la rendant instable. Cet ingrédient ajoute alors au show une dimension de suspicion supplémentaire. Car en plus de douter de Brody, on se demande également si Carrie n’est pas en train de fabuler toute cette histoire. Difficile alors de démêler la réalité des idées de l’agent. En cela, Claire Danes fait preuve d’un talent immense, faisant de Carrie un personnage fort et ambigu qui possède une part de fragilité qu’elle ne peut pas montrer.
Évidemment, les meilleurs instants de la série sont alors les rencontres entre ces deux personnages explosifs. Entre la suspicion des premiers instants puis les sentiments qui s’en mêlent face aux pressions extérieures (la famille pour Brody, le travail pour Carrie) avant que tout ne devienne encore plus flou, leur relation est très intéressante à suivre. Mais avec une telle paranoïa et des comportements aussi suspects, on a peut-être parfois du mal à s’identifier aux personnages et c’est sans doute là l’un des problèmes de la série. Toutefois, en plus de résoudre la question de l’attentat dans le dernier épisode, les scénariste ont pris le temps de conclure sur un cliffhanger mettant à mal l’un des personnages, si bien que l’on est assez impatient d’en connaitre le destin dans la seconde saison.
Avec ses personnages complexes et toujours sur le fil du rasoir grâce à des acteurs qui se donnent complètement et son atmosphère paranoïaque reflétant encore le climat qui règne aux USA, Homeland mérite donc bien son statut de série phare de l’année dernière et on se prend d’impatience pour découvrir la suite.