X-Men : Schism & Regenesis

Par Fredp @FredMyscreens

Avant qu’ils n’affrontent les Vengeurs dans un crossover qui devrait remettre les mutants sur le devant de la scène, il serait peut-être temps de faire un point sur ce que sont devenus les X-Men ces derniers temps suite aux remaniements de Schism et Regenesis.

Cela fait pourtant un moment que les X-Men n’ont pas beaucoup brillé dans les comics. Car hormis quelques fulgurances ces dernières années avec le run d’Ed Brubaker qui commençait fort avec Deadly Genesis et l’arc cosmique qui a suivit, ou encore le crossover Messiah Complex (et sa suite) qui sentait bon les années 90, nous n’avons pas eu grand chose d’intéressant à nous mettre sous la dent. En fait, il faudra plutôt chercher du côté des séries annexes comme X-Factor et (Uncanny) X-Force pour trouver de l’originalité et un esprit en décalage avec la série principale et mainstream. Sans doute la faute à une gouvernance des Vengeurs de Bendis sur tout l’univers Marvel, mais aussi à des auteurs moins inspirés (Matt Fraction est bien trop lisse pour donner de la personnalité à une série) les mutants sont donc passés complètement à la trappe.

Cette année, Marvel a donc décidé de faire bouger les choses. Tout d’abord avec l’arc Schism. L’objectif initial de la saga était d’établir dans les mutants la même situation qui était arrivée aux héros avec Civil War : diviser la communauté en deux camps.
La tâche incombe alors à Jason Aaron de mener le conflit. En convoquant un tout nouveau Club des Damnés et rappelant au monde ces maudites Sentinelles, le scénariste essaie de remettre les mutants au centre de l’univers Marvel (notamment à travers l’intervention de Cyclope au conseil de sécurité de l’ONU) mais cela a tout de même une portée assez confidentielle. En effet, en ne s’attachant qu’à quelques personnages ( Cyclope, Wolverine et le groupe de Generation Hope), il en oublie complètement d’impliquer les autres membres des X-Men. Loin de l’affrontement deux groupes aux idées diamétralement opposée, c’est l’affrontement violent de deux leaders qui décident de prendre des chemins différents pour la race mutante qu’ils veulent protéger qui est raconté ici mais sans la portée que cela aurait pu avoir.
Du coup, dans la mini-série, le Schism fait plutôt office de pétard mouillé, de simple prétexte pour re-dispatcher les différents groupes de mutants alors que l’on sait très bien que, tôt ou tard, ils se retrouveront bien autour d’un ennemi commun.

La principal conséquence de Schism est donc une nouvelle composition des équipes de X-Men avec d’un côté ceux qui se sont ralliés à l’idéologie de Cyclope pour garantir la survie des mutants à tout prix, quelles que soient les conséquences, d’un autre Wolverine qui préfère retrouver le rêve de Xavier qui avait été perdu de vue ces derniers temps sur Utopia où les mutants étaient plus préoccupés par leur destin et le pouvoir « prophétique « de Hope.

Dans le premier camp, on retrouve donc évidemment le relaunch des Uncanny X-Men guidés par Cyclope. Kieron Gillen et Carlos Pacheco reprennent donc en main le titre phare des mutants et la déception est déjà là. En voulant remettre Sinistre au coeur de la menace qui pèse sur les mutants il oublie tout le mystère qui entoure le personnage pour en faire un vilain grand guignolesque qui aligne les monologue sans grand intérêt. Heureusement que le trait de Pacheco aide à faire passer la pilule mais c’est un peu la douche froide pour le titre qui ne cesse de baisser en qualité depuis le départ de Brubaker.
L’autre série qui ne s’arrange pas, c’est le groupe des X-Men écrits par Victor Gischler. Si les membres ont changés et sont maintenant dirigés par Tornade et Psylocke, le scénariste applique toujours une recette identique à base de guests faisant du titre un « X-Men & friends»  toujours sans intérêt. Gillen étant passé sur la série phare des mutants, Generation Hope passse donc aux mains de James Asmus qui devra gérer les sautes d’humeur de « l’élue» .
En fait, du côté de San Fransisco, il faudra donc plutôt miser sur la série New Mutants qui, si elle doit subir les dessins assez fades de David Lopez, est toujours écrite par le duo Abnett & Lanning (architectes talentueux du coin cosmique de l’univers Marvel). Pas totalement opposé aux idées de Cyclope, le groupe de Moonstar préfère réétablir le lien avec les civils et s’intérgrer au monde. En se cherchant une place, les nouveaux mutants sont donc plus accessibles, plus humains et donc plus intéressants.

De son côté, Wolverine est de retour à Westchester pour refonder l’institut portant le nom de Jean Grey. C’est Jason Aaron, déjà scénariste de Wolverine qui lance donc la nouvelle série Wolverine & the X-Men avec Chris Bachalo aux crayons et là, c’est une réussite. Le scénariste reprend les nouveaux ennemis qu’il avait instauré dans Schism, développe ses personnages et leur potentiel tout en retrouvant un esprit frais (les rapports entres les étudiants et la gestion de l’école par Wolverine y sont pour quelque chose) qui nous manquait depuis bien longtemps. A coup sûr, la bonne surprise de cette nouvelle fournée.
Après un très long run, Mike Carey passe la main de X-Men Legacy à Christos Gage (qui a bien fait ses preuves sur Avengers Academy). Charge à lui de donner à Malicia un rôle important et de protéger l’institut. Et vu le talent du scénariste, on part déjà confiants. La série Astonishing X-Men redevient quand à elle régulière et nul doute qu’une écriture plus féminine devrait enfin nous apporter quelques émotions.
Enfin, on ne change pas deux équipes qui gagnent. Les détectives de X-Factor ont toujours eu une dent contre les méthodes de Cyclope. Pas étonnant de les retrouver du côté de Wolverine et comme Peter David est toujours à l’écriture, ça ne devrait pas beaucoup changer et rester l’une des séries les plus intéressantes de l’univers mutant.
Du côté d’Uncanny X-Force, après plusieurs arcs formidables comme cette saga dans l’Ange Noir, impossible de sortir ce punk de Rick Remender de la série la plus sombre de la famille X. Le scénariste va donc embarquer Wolverine, Deadpool et compagnie dans des combats encore plus difficiles et des dilemmes toujours plus forts.

Alors que le cheminement de Cyclope vers la dictature commençait à prendre un tournant intéressant dans Uncanny X-Men, il est étonnant de remarquer que ce sont finalement les titres dissidents qui se révèlent au premier abord les plus intéressants. Alors la fois parce qu’ils se rapprochent de l’esprit des X-Men que nous connaissions et que nous avions perdu mais aussi parce que leurs équipes créatives explorent vraiment les personnages et leurs interactions.
Et juste pour cela, on regrette déjà que le prochain crossover arrive pour tout chambouler. Dommage également que la politique éditoriale de Panini n’ai pas cherché la cohérence en regroupant les titres de chaque camps dans 2 magazines distincts plutôt que de tout mélanger … mais on ne refera pas les méthodes de Panini …