Après une nuit zombie qui ne nous a finalement pas achevé, place à une nouvelle fournée de films à l’Etrange Festival qui se montre toujours bien internation avec le hong-kongais A Chinese Ghost Story, l’espagnol Games of Werewolves, le russe Bullet Collector, le frenchie Dead Shadows et l’islandais Black’s Game.
Il n’y a pas qu’aux USA que la mode est aux remake. Cela arrive aussi à Hong-Kong où le film culte A Chinese Ghost Story vient trouver une nouvelle jeunesse. Histoire classique de légende chinoise à base de démons, de malédiction, d’amour interdit et d’arts martiaux dans les airs. Finalement, ça ne propose pas grand chose de neuf, que ce soit par rapport à l’original ou au genre. Il reste toutefois un spectacle plutôt agréable à regarder, ultra-prévisible dans sa construction et sa dramaturgie mais avec ses quelques belles images. Il n’y a en fait pas grand chose d’autre à dire si ce n’est que c’est vite vu et vite oublié.
On voit trop rarement des loups-garous au cinéma … encore moins dans des films espagnols ! Le genre est apparemment victime d’une malédiction qui n’attire visiblement pas le public et c’est bien dommage. Juan Martinez Moreno nous propose donc sans prétentions sa vision du mythe avec Game of Werewolves. Clairement nourri de Landis et consorts il embarque un écrivain qui va retrouver ses racine dans le village de son enfance à moitié déserté où il retrouvera ses habitants patibulaires. Mais très vite il se devient l’objet d’une étrange légende locale.
Ne se prenant jamais au sérieux (faisant ainsi passer la pilule des costumes en fourrure finalement pas si ridicules), le film ne nous laisse que très peu de répit, alignant les personnages un peu frappés, les situations burlesques, les scènes gentiment trashs et l’humour noir à un rythme très agréable pour trouver finalement un ton assez british. Une belle petite surprise.
Heureusement, la Russie n’a pas que Timur Bekmambetov comme réalisateur et d’autres essaient de trouver leurs marques de manière indépendante. Alexander Vartanov réalise ici son premier film complètement hors norme et invendable. Non pas pour sa violence, bien que les images choc ne manquent pas, mais par son ton et son approche. Avec un noir et blanc sublime, il raconte l’histoire d’un môme qui déteste sa vie et se rebelle contre le système (l’école, ses parents, …) tout en étant la victime des autres. Entre réel et imaginaire violent, il commence à perdre la raison et par là-même à perdre le spectateur.
Sans jamais nous prendre par la main, le réalisateur hypnotise autant qu’il dérange, énerve autant qu’il intéresse, de telle sorte qu’il offre une expérience radicale qui marque encore après la sortie (que l’on aime ou que l’on déteste). Malgré un rythme assez lent, il peut compter sur la performance habitée de son jeune acteur et un travail impressionnant sur le son, la musique et l’image renforcer la vision sensorielle prégnante du film. Sans doute l’un des film les plus étranges mais percutants de la sélection.
Depuis un petit moment, Dead Shadows fait le buzz. Et pour cause puisque quelques journalistes en sont à l’origine et l’ont finalement produit de manière complètement indépendante et fauchée. Pour l’histoire, c’est bien simple, des extra-terrestres aux tentacules géantes envahissent la Terre en prenant possession des humains. On ne va pas y aller par quatre chemins, étant donné son budget minuscule investit essentiellement dans les effets spéciaux, tout fait vite assez cheap, de l’histoire au jeu des acteurs en passant par la réalisation, le son et les dialogues. Alors évidemment, on sent que l’équipe s’est bien amusée à tourner le film avec des maquillage vraiment bien foutus… mais quelque chose fait entre potes n’a pas forcément sa place sur grand écran. A n’en pas douter, étant donné ses contraintes, Dead Shadows aurait en fait eu beaucoup plus de potentiel au format web-série.
Pour conclure ce début de semaine, place à un polar islandais du nom de Black’s Game produit entre autres par Nicolas Winding Refn. Et si l’histoire et le déroulement sont plutôt classiques dans le genre du film noir de mafia nordique, il n’en est pas moins assez efficace. Ici, on assiste à la naissance d’un réseau de trafic de drogue au milieu des années 90 avec tout ce qu’il faut de violence, de camés, de menace et de sexe. Heureusement, l’ambiance est bien là avec une réalisation assez stylée pour nous laisser accrocher durant 2 heures sans nous lâcher. On espère donc le voir prochainement distribué en France où nous avons trop rarement des films ce moulant dans le genre de ce calibre.