Après tous ces aléas autour de sa sortie cafouilleuse, il est donc temps de parler du film. Car the Proposition n’est pas un western comme les autres. Se déroulant en Australie à la fin du XIXe siècle, en pleine époque coloniale, le film met en scène deux hommes opposés. D’un côté le Capitaine Stanley (Ray Winstone), officier s’étant donné pour mission de civiliser le pays. De l’autre, Charlie Bruns (Guy Pearce), bandit capturé avec son cadet par Stanley. Pour retrouver la tête du gang, le capitaine passe un marché avec Charlie. Ramener la tête de son frère ainé ou le plus jeune mourra. Un gros dilemme s’impose alors à lui tandis que Stanley reste en proie au doute sur sa mission.
Avec The Proposition, John Hillcoat impose d’emblée une ambiance poisseuse où la chaleur du désert le dispute à la sécheresse des hommes. Abordant en toile de fond l’esclavage des aborigènes pour alourdir encore l’atmosphère, il propose alors un film âpre où les choix qui s’imposent aux protagonistes sont particulièrement difficiles à prendre. Avec un rythme assez lent, privilégiant largement le dialogue aux scènes d’action (la fusillade sera l’ouverture du film et rapidement expédiée pour laisser ensuite toute sa place aux personnages et à leur évolution), il réalise en fait ici plutôt une chronique sur la vie en Australie à cette époque où le continent était encore sauvage. Puis il jouera assez justement entre quelques instants de tendresse (entre Stanley et sa femme, entre Charlie et son frère) avant de faire montrer la pression dans son final d’une violence captivante.
Cette réussite, Hillcoat la doit évidement beaucoup à Nick Cave au scénario et à la musique. C’est grâce à son écriture qu’il arrive à saisir toute la difficulté de la vie à l’époque et que les comédiens donnent le meilleur d’eux-même, loin des personnages clichés du genre, toujours tourmentés par leurs actes passés ou à venir. Et c’est grâce à sa composition que l’atmosphère se fait tantôt apaisante (aidée par les magnifiques images de l’outback sur fond de couché de soleil) ou au contraire tendue. Avec l’Assassinat de Jesse James de son (presque) compatriote Andrew Dominik, The Proposition de John Hillcoat fait donc partie de ces westerns récents s’intéressant plus à ses personnages qu’aux duels au milieu de la rue et cette approche n’en est alors que plus intéressante quand elle est en plus parfaitement maitrisée.