10 maladresses qui plombent un dialogue selon Robert McKee

10 maladresses qui plombent un dialogue selon Robert McKee

Quatrième rendez-vous avec Robert McKee qui nous invite à réfléchir à ce qui distingue un bon scénariste d’un mauvais. Si le culte médiatique autour des grands théoriciens du scénario agace nombre de mes confrères, qui arguent (et ils n’ont pas tort) que les gourous en question se sont fort peu (et souvent mal) illustrés en tant qu’auteurs, je considère pour ma part que la pédagogie et la capacité d’analyse sont certes des qualités annexes au travail de création, mais plus que complémentaires. 

La vidéo que je vous propose de visionner aujourd’hui en est le parfait exemple: certains d’entre vous jugeront peut-être que le script-doctor enfonce des portes ouvertes mais ont-ils réellement assez de recul sur leur travail pour certifier qu’ils n’ont pas pêché par orgueil?

Devenu script-doctor à l’aube des années 80, Robert McKee commence dans la foulée à enseigner l’écriture de scénario à l’Université de Californie du Sud. Le succès de ses cours donne rapidement naissance à des séminaires, dont le célèbre Story, qu’il a dispensé dans le monde entier et dont vous pourrez découvrir un condensé dans l’ouvrage éponyme.

Après nous avoir expliqué que les mauvais auteurs n’ont rien à raconter, que l’écriture de dialogues est participative, puis avoir disserté au sujet des forces et faiblesses de l’écriture télévisuelle postmoderne, le grand « screenwriting guru » recense aujourd’hui dix caractéristiques des mauvais dialogues:

Comme je suis trèèès gentille, je les traduis pour les lecteurs non-anglophones:

  1. dialogues redondants
  2. personnages qui échangent des banalités
  3. personnages qui s’expriment tous de la même façon (vocabulaire, phrasé, expressions…)
  4. vocabulaire pompeux, scénariste qui veut faire étalage de sa science
  5. discours aride des personnages, manque de rythme, d’intérêt
  6. discours exalté, hystérique qui ne repose pas sur un réel conflit
  7. digressions: pavés de dialogues qui ne font pas avancer l’action
  8. dialogues explicatifs quant à l’intrigue: l’auteur fait énoncer à ses personnages des informations qu’ils possèdent déjà, juste pour être sûr que le spectateur a bien compris
  9. dialogues mal structurés, confus
  10. dialogues explicatifs quant aux sentiments des personnages

L’écriture de dialogue est souvent, et à tort, considérée comme facile par les scénaristes débutants. Ils pensent maîtriser la biographie de leurs personnages et ne plus avoir qu’à les laisser s’exprimer.

Grossière erreur car le dialogue n’est que le dernier élément d’un tout complexe, il a plusieurs fonctions à remplir et de façon subtile. Les erreurs et maladresses que pointe Robert McKee vous semble couler de sens énoncées en trois minutes mais êtes-vous vraiment persuadés qu’on n’en retrouve aucune dans vos propres scénarios? ;-)

Coming next: un autre entretien avec Robert McKee

Copyright©Nathalie Lenoir 2012