Dans la maison est le 15e ( !) long métrage de François Ozon, l’intrigue est librement adaptée de la pièce espagnole Le garçon du dernier rang de Juan Mayorga. Il sortira le 10 octobre 2012.
Synopsis : Un garçon de 16 ans s’immisce dans la maison d’un élève de sa classe, et en fait le récit dans ses rédactions à son professeur de français. Ce dernier, face à cet élève doué et différent, reprend goût à l’enseignement, mais cette intrusion va déclencher une série d’événements incontrôlables.
Casting : Fabrice Luchini, Ernst Umhauer, Kristin Scott Thomas, Emmanuelle Seigner
Ce film est le nouveau petit bijou du cinéma français. Tout y est bon. Les acteurs d’abord, à commencer par Luchini qui interprète magistralement son rôle de professeur de français aigri mais encore épris de littérature, Umhauer ensuite, dont les yeux flamboyants de manipulateur nous transpercent, Emmanuelle Seigner, aussi, qui incarne à merveille la femme qui s’ennuie et se résigne mais reste insaisissable.
Qui est Claude, ce garçon de 16 ans, doué pour la littérature, qui détaille la vie d’une famille avec la précision vicieuse d’une caméra cachée ? Qui est ce prof hanté par son échec dans le monde littéraire qui s’attache au don de son élève à en oublier les autres pans de sa vie ? Nulle réponse n’est réellement apportée dans ce film. Mais sous nos yeux s’opère la lente naissance d’un écrivain, d’un couple maître-élève et surtout d’un processus de création artistique qui s’appuie sur l’observation voyeuriste et vicieuse d’une famille.
Claude (Umhaueur) est troublant, on ne sait si on doit le détester ou l’admirer, parce que l’on garde toujours à l’esprit que ce quelque chose en plus qui rend les génies si supérieurs est aussi ce qui les rend effrayants. Qui est réellement l’élève, qui est le maître dans ce film ? Les rênes de l’histoire sont tenues par Claude, c’est lui écrit, qui choisit les scènes et les imagine, la caméra semble être à son service, être ses yeux même.
La fiction, écrite sur des feuilles à carreaux d’écolier, s’empare du film et nous confond, on ne sait plus si ce qui se déroule devant nos yeux est le réel ou ce qu’imagine l’adolescent. Même les adultes du film s’y perdent, et y perdent leur raison. Nous, spectateurs, sommes sous l’emprise du film qui associe le rire des moments légers (le couple Luchini-Scott Thomas) et l’angoisse d’entrer une fois de plus dans les yeux du jeune auteur et par là même dans l’intimité d’une ‘famille normale’ dont il se moque et dans laquelle nous nous reconnaissons un peu tous. Le ‘maestro’ dit que la fin d’une bonne histoire doit surprendre, la fin l’était à mon goût et s’inscrit parfaitement dans l’esprit du film, puisqu’elle est une fois de plus décidée par Claude.
Dans la maison est un très bon film, on en sort en ayant l’impression d’avoir vécu une expérience étrange, il nous trouble encore le jour d’après et une nuit de repos n’est pas de trop pour parvenir à mettre à plat l’impression qu’il nous a donné.
Note de Waterlily: 9/10 –en lui souhaitant un joli succès.
Dans la maison