Après Kick-Ass et Nemesis, voici le nouveau héros du « Millar World» : Superior. Et sous ses premiers aspects classiques, l’auteur arrive à délivrer un récit finalement assez intéressant qui va enfin au delà de son concept pour toucher à l’émotion.
Si Mark Millar est l’un des plus gros vendeurs de comics et celui qui est arrivé le plus facilement à s’imposer à Hollywood ces dernières années, c’est bien pour deux raisons. La première, c’est qu’il arrive toujours à imaginer des concepts très alléchants sur le papier, la secondes c’est que, tel un pro du marketing, arrive très bien à les vendre grâce à la violence qu’il y insère. Le souci, c’est que parfois (souvent même), le marketing prend le pas sur l’écriture et les nouveaux concepts ne sont finalement que des feux de paille. Ainsi, si Millar s’est avéré très bon sur Ultimates et Civil War, il a souvent été à côté de la plaque et Red Son ou Nemesis peuvent rester nous rester en travers de la gorge. Quand au cas de Kick-Ass, il est encore un peu à part.
Avec l’arrivée de son nouveau héros, on redoutait le pire et pourtant il s’avère pour une fois assez juste, sans donner dans la violence gratuite, se rapprochant plus de ce qu’il avait fait avec 1985. Sous le label Icon de Marvel (qui laisse les auteurs libres avec les droits de leurs créations contrairement aux séries classiques), il apporte donc une nouvelle variation sur le super-héros tout puissant dans la lignée de Superman, Shazam ou Sentry. Cette fois, c’est un enfant handicapé qui va devenir du jour au lendemain son super-héros de comics préféré : Superior. Il va sans dire que cette transformation aura de grosses répercussions à la fois pour la vie du jeune Simon Pooni mais aussi pour le monde.
En 7 numéros l’auteur arrive à nous intéresser à son personnage et à sa destinée. Pourtant ce n’était pas gagné d’avance puisque sur les 2 premiers numéros le récit est très classique avec la transformation et l’apprentissage de l’utilisation des super-pouvoirs, l’arrivée de la journaliste … Mais une fois son héros mis en place, l’auteur va ensuite faire bouger les choses. Dès que le héros va vouloir changer le monde et que celui qui lui a donné son pouvoir ne semblera pas si angélique, le récit s’intensifie pour ne plus nous lâcher, d’autant plus que les personnage se révèleront plus complexes qu’ils n’en ont l’air. Nous avons alors droit à du grand spectacle rempli d’émotions et de choix cornéliens pour l’ex-handicapé.
Côté dessins, l’auteur laisse un peut tomber Romita Jr et McNiven pour confier les crayons à Leinil Yu qui va apporter une touche à la fois plus humaine et plus spectaculaire au scénario de Millar. Pas de grandes giclées de sang ou de membre arrachés mais les batailles en pleine ville sont tout de même assez épique et mises en page comme un grand blockbuster (il coule de source que Millar à créé Superior dans l’unique but d’en faire un film et l’on serait vraiment très curieux de voir ce que cela donne en live) mais sans oublier les scènes intimiste où l’on ressent la proximité des personnages.
Si l’on peut déplorer un final qui vire dans le n’importe quoi dans son invocation de démons et la conclusion quelque peu facile, Millar livre tout de même son récit le mieux construit depuis un moment. Entre l’hommage à l’icône qu’est Superman mais aussi le récit intimiste et initiatique d’un gamin qui doit choisir entre ses rêves et son intégrité, il fait de Superior un récit à la fois spectaculaire et touchant.