Culte du dimanche : Indiana Jones et le Temple Maudit

Par Fredp @FredMyscreens

Plus d’action, plus d’humour mais aussi plus de noirceur … toute l’équipe d’Indiana Jones est de retour dans le Temple Maudit pour le volet le plus intéressant de la saga.

Après le succès des Aventuriers de l’Arche Perdue, il était indispensable de faire revenir au plus vite Indiana Jones sur les écrans. Ça tombe bien, c’était dans les projets de George Lucas qui voyait les aventures de l’archéologue comme une trilogie. Et comme pour ses Star Wars, le second volet se devait d’être plus sombre. A partir des séquences écrites pour le premiers volet mais qui n’ont pas été montrées à l’écran, Lucas et les scénaristes Willard Huyck et Gloria Katz vont alors envoyer notre héros en Inde, à la recherche de pierres sacrées et d’enfants kidnappés et faits esclaves.

Alors qu’il venait de rencontrer son plus grand succès avec E.T. l’Extra-terrestre, Spielberg n’avait pourtant pas besoin d’une suite pour se remettre en selle (contrairement à la future Dernière Croisade). Mais son amitié avec George Lucas et son nom indissociable des Aventuriers ont eu raison de ses a priori négatifs sur le scénario de ce second volet. Non pas parce que le scénario était mauvais mais plutôt parce qu’il se sentait beaucoup moins à l’aise avec la noirceur et la violence qui y sont présents (il faut dire qu’on y voit un cœur arraché et des enfants fouettés). Mais ce n’est pas pour autant que Spielberg va se laisser abattre. Au contraire, porté par la noirceur et la folie macabre de ce récit, il se montre particulièrement efficace et mène son histoire à un rythme d’enfer sans jamais répéter ce qu’il avait fait sur le premier volet.

Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, cette suite est en fait un prequel des Aventuriers de l’Arche Perdue, se déroulant avant la guerre et alors que les occidentaux pouvaient encore se balader en Chine. Mais le héros ayant été déjà présenté auparavant, il n’y a pas besoin de l’introduire ici et il n’est pas question d’en présenter ses origines. Il s’agit simplement de l’une des nombreuses aventure du Pr Jones, comme c’était le cas des nombreuses influences qui ont amené à la création du héros (James Bond, Tintin, …). C’est ainsi que, plutôt que de reprendre le personnage de Marion, Lucas et Spielberg décident d’introduire une nouvelle femme dans la vie de l’archéologue, telle une nouvelle James Bond girl. Cette femme, c’est Willie Scott, chanteuse de cabaret un tantinet pourrie gâtée mais finalement bien attachante dans ses excès !
L’autre changement, c’est le sidekick Sallah, nous passons maintenant à l’intrépide Demi-Lune, protégé de Jones qui ne se laissera pas faire facilement. Alors que son personnage aurait facilement pu alléger le propos sombre du film, il n’en sera rien puisqu’au contraire, il permettra de montrer de manière encore plus dure la violence du film et le mauvais traitement des enfants par les adulte tout en apportant tout de même une touche d’espoir.

Toutefois, le film ne manque pas d’humour en étant particulièrement méchant avec ses personnages. Ici, plus que dans le premier volet, ils vont en voir de toutes les couleurs, en particulier lors d’un banquet assez animé et grand guignol ou encore dans l’exploration de tunnels remplis de détestables insectes. Mais ces séquences marquantes ne sont rien par rapport aux scènes d’action qui vont suivre. Ainsi Spielberg nous embarque dans de véritable montagnes russes dans la poursuites en chariots qui s’engage dans la mine tandis que la tension ne cesse de grimper sur le pont suspendu qui servira pour le grand final. Ainsi, même si le réalisateur se sent éloigné de son sujet de son sujet, il redouble d’efficacité dans sa mise en scène pour nous embarquer dans un voyage exotique et au rythme effréné sans jamais perdre de vue ses personnages.

Mine de rien, la violence inattendue de ce Temple Maudit va changer la donne à Hollywood puisque c’est pour la sortie de ce film que sera créé le fameux PG-13 (déconseillé aux moins de 13 ans) que s’arrachent aujourd’hui la plupart des blockbusters qui veulent montrer un peu de violence en restant accessible à un public adolescent. Et malgré les critiques trouvant ce volet trop sombre, cette nouvelle restriction ne va pas empêcher le public de se rendre en salle pour retrouver l’aventurier. Toutefois, en raison de cette noirceur, alors que ce volet se montre finalement le plus intéressant et le plus profond de par son sujet (on pourrait même le rapprocher de la filmographie du Spielberg  désabusé des années 2000), il reste encore aujourd’hui celui qui est le moins aimé de la trilogie. Et pourtant, que de séquences cultes et d’aventure ! Et au moins, même si son réalisateur n’est pas le plus heureux du film, il aura tout de même rencontré sa femme sur le tournage …