Argo, critique

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Reconstitution historique, espionnage, suspense et humour, Ben Affleck repasse derrière la caméra et confirme à nouveau son statut de réalisateur à suivre avec Argo.

Argo, critiqueAprès Gone Baby Gone et The Town, Ben Affleck s’est définitivement débarrassé de son image d’acteur aux choix douteux, toujours dans l’ombre de son pote Matt Damon et de son frère Casey. Il a même révélé un auteur digne d’intérêt et un réalisateur clairement doué pour raconter une histoire. Cette fois, il quitte Boston pour remonter à la fin des années 70 en Iran pour raconter l’improbable histoire de l’opération Argo.

En pleine révolution iranienne, des militants envahissent l’ambassade américaine, et prennent 52 Américains en otage. Mais six Américains réussissent à s’échapper et à se réfugier au domicile de l’ambassadeur canadien. Pour les secourir et les faire revenir au pays, l’agent de la CIA Tony Mendez, spécialiste de l’exfiltration monte un plan original et sacrément risqué. En effet, avec l’aide de producteur hollywoodiens, il va monter le projet d’un tournage de film de SF qui doit se rendre en Iran. Mais tromper les autorités ne sera pas aussi simple.

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En introduisant son film par les émeutes devant l’ambassade, Ben Affleck pose le ton et fait tout de suite grimper la tension. Il reste ainsi dans l’univers urbain et nous plonge d’un coup au cœur de l’action. Ainsi, il faudra un petit temps d’adaptation pour comprendre ce qu’il se passe mais aussi pour se faire à cette reconstitution des années 70 plus vraies que nature. Costumes, coupes de cheveux, lunettes et moustaches, mais aussi le grain de l’image, pas le moindre détail n’échappe au réalisateur qui rappelle les classiques du genre et de l’époque (et en particulier les Hommes du Président dès que nous verrons les personnages courir dans les bureaux de la CIA).

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Mais plus qu’une simple reconstitution, Ben Affleck a une histoire à raconter et aussi invraisemblable qu’elle puisse être, elle est labellisée « histoire vraie» . Une fois son contexte installé, le voici donc parti dans sa mission et celle-ci ne sera pas simple. En effet, le réalisateur doit jouer habilement sur deux tableaux avec d’un côté le drame qui se joue pour les réfugiés qui attendent douloureusement d’être fixés sur leur sort tandis que de l’autre côté il brocarde avec humour l’industrie cinématographique hollywoodienne de l’époque avec John Goodman et Alan Arkin en producteurs au grand cœur mais à la langue bien pendue.
Le risque est grand car une tonalité peut vite empiéter sur l’autre et pourtant le réalisateur s’en sort avec les honneurs en arrivant à faire monter la pression jusqu’à un final certes prévisible mais sacrément bien mené. Les touches d’humour bien senties servant alors de soupapes de décompression avant d’agripper son fauteuil de plus belle.

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Le réalisateur peut aussi s’appuyer sur une équipe d’acteurs solides. Car même si les rôles ne sont pas forcément très fouillés (Ben Affleck le premier reste d’ailleurs assez neutre), ils se révèlent suffisamment humains pour s’attacher à eux et à leur calvaire jusqu’au final qui nous dira si ils pourront rentrer ou non. Mais aussi sur un scénario qui ne s’embarrasse pas d’un discours stigmatisant l’une ou l’autre des parties il se concentre seulement sur ce sauvetage et les méthodes originales de la CIA. Contrairement au film politique ce qu’il serait devenu entre les mains de son acolyte George Clooney (qui lui a d’ailleurs suggéré l’histoire), il reste donc un efficace divertissement d’une intelligence rare qui confirme bien la maîtrise du récit et de la caméra par son réalisateur.

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Une nouvelle fois, Ben Affleck prouve donc son savoir faire derrière la caméra sans pour autant se répéter et cherche même quelques défis pour rendre son film digne de ses modèles. Définitivement, celui qui n’était qu’un pâle acteur s’est muté en réalisateur qui pourrait bien, tel un Clint Eastwood, nous sortir très bientôt un grand film, voire plusieurs.