Pour consoler sa collègue, en pleine dépression après son divorce, Corinne (Alice Pol) lui parle de malédiction qui frappe les femmes de sa famille : impossible pour elle de trouver la félicité au premier mariage. Sa grand-mère, sa mère, et elle-même ont dû d’abord divorcer d’un premier conjoint avant de trouver une certaine stabilité conjugale. Elle lui raconte aussi l’histoire de sa soeur, Isabelle (Diane Krüger), à qui cette histoire de malédiction a valu quelques soucis et de drôles d’aventures…
Tout commence avec une belle histoire d’amour. Isabelle et Pierre (Robert Plagnol) filent le parfait amour depuis plus de dix ans. Isabelle s’est toujours refusée à se marier, pour ne pas mettre en péril ce bonheur sans tache. Seulement voilà, sentant son horloge biologique tourner très vite, elle se met à désirer un enfant. Le problème, c’est que son homme, issu d’une famille moralement très stricte, refuse de concevoir un enfant tant qu’ils vivent “dans le péché”… Aïe…
L’idée du mariage revient sur le tapis, en même temps que la superstition familiale.
Isabelle et Corinne mettent alors au point un stratagème “simple” pour contourner la malédiction : Un mariage blanc avec divorce dans la foulée, et hop, le tour est joué!
Hop, direction le Danemark, où cela est possible… Mais le mari factice n’honore finalement pas sa promesse et ne se présente pas au rendez-vous, laissant Isabelle en plan à l’aéroport.
La jeune femme improvise alors en se rabattant sur le premier pigeon venu : Jean-Yves Berthier (Dany Boon). Un type sans gêne, insupportable, un peu couillon sur les bords, mais célibataire et prêt à épouser dans la minute la première femme à lui faire du gringue. Elle décide de le suivre au Kenya, où l’homme doit se rendre pour son travail, rédacteur pour un guide touristique. Débute alors une opération séduction périlleuse, qui va la mener du Kilimandjaro jusqu’à Moscou…
Le plan du titre est peut-être parfait, mais le film, lui, l’est moins… Nettement…
Comme beaucoup de spectateurs, on avait bien aimé L’Arnacoeur, le premier film de Pascal Chaumeil. Et on attendait le même plaisir de ce second effort de mise en scène, qui repose sur exactement les mêmes ingrédients : romance sucrée, comédie débridée, un soupçon d’exotisme, un zeste d’aventures…
Hélas, ici, cela ne fonctionne pas…
Ce qui fonctionnait dans L’Arnacoeur, c’était le bon équilibre entre les différents ingrédients. La touche de charme et de fantaisie romantique apportée par le duo Paradis/Duris et l’apport burlesque de François Damiens et Julie Ferrier, tous deux très drôles.
Ici, la plus grossière erreur de Pascal Chaumeil est de tout faire reposer sur le tandem Diane Krüger/Dany Boon.
Si Diane Krüger est très crédible en héroïne romantique, il est clair qu’elle est peu habituée aux rôles comiques. Pour compenser son manque d’expérience, elle force le trait et gesticule beaucoup, en vain.
Pour Dany Boon, c’est l’inverse. Habitué aux rôles comiques, il n’est en revanche pas très crédible quand il doit endosser l’habit du séducteur. Sans vouloir lui faire offense…
Les deux acteurs semblent sans cesse chercher la bonne distance entre les deux registres qu’on leur a confiés. Et ils doivent de surcroît composer avec des personnages particulièrement agaçants. Elle, garce manipulatrice n’hésitant pas à malmener le pauvre type qu’elle a séduit. Lui, neuneu égocentrique, goujat et couard, se laissant mener par le bout du nez sans réagir…
Pas facile, même avec tout le talent du monde, de faire dans la nuance avec des rôles aussi caricaturaux… Et plus encore quand il faut donner l’impression d’une alchimie entre les personnages. Ici, elle est loin d’être évidente.
On n’y croit pas. Ce n’est ni irrésistiblement drôle, ni franchement émouvant. A vrai dire, on s’ennuie un peu devant les péripéties proposées, toutes plus prévisibles les unes que les autres. Et on voit les failles d’un scénario assez paresseux, qui se contente mollement d’appliquer de vieilles recettes de comédie romantique.
Cela fonctionne un peu dans la deuxième moitié du film, au cours de l’épisode moscovite, malgré l’ignoble chapka en fourrure dont l’accessoiriste a affublé le pauvre Dany Boon – pour un gag plus pathétique que bidonnant. Et le final, assez sympathique, apporte une petite touche de fantaisie bienvenue. Mais insuffisamment pour dissiper la déception laissée par cette deuxième réalisation de Pascal Chaumeil.
Le problème vient aussi des seconds rôles. Dans L’Arnacoeur, on trouvait une ribambelle de seconds rôles attachants, Helena Noguerra en tête, qui pimentaient le récit. Ici, ils sont quasiment inexistants. Tout repose exclusivement sur le duo de personnages principaux.
Il y a bien la famille d’Isabelle et la collègue dépressive, mais ils ne sont là que pour assurer la narration – sous une forme assez médiocre, soit dit en passant -et n’interviennent quasiment jamais, sauf pour des saillies “humoristiques” où les acteurs (Alice Pol et Jonathan Cohen) s’autorisent un cabotinage horripilant.
Non, décidément, Un plan parfait n’a rien de parfait… Sauf à considérer que ce film n’a été conçu que dans l’optique de surfer sur le succès de L’Arnacoeur et de faire un maximum de recettes sur un médiocre produit formaté, en prenant le spectateur pour un pigeon et/ou une vache à lait… Dans ce cas-là, le plan semble fonctionner… Mais moralement, ce n’est pas terrible…
Ou alors, il y a vraiment une malédiction qui oblige un cinéaste à foirer son deuxième long-métrage après un premier réussi…
On pardonnera cet incident de parcours à Pascal Chaumeil si et seulement si celui-ci nous propose quelque chose de valable la prochaine fois. La bonne nouvelle, c’est que le cinéaste semble avoir voulu rebondir avec quelque chose de différent et de plus ambitieux avec A long way down, coproduction internationale en langue anglaise, d’après un roman de Nick Hornby – au moins, le scénario devrait s’appuyer sur quelque chose de solide – avec Pierce Brosnan, Aaron Paul et Toni Collette. Reste à voir si le film sera à la hauteur…
En attendant, vous pouvez aisément vous dispenser de ce très mauvais plan…
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Un plan parfait
Un plan parfait
Réalisateur : Pascal Chaumeil
Avec : Diane Krüger, Dany Boon, Alice Pol, Jonathan Cohen, Robert Plagnol, Etienne Chicot
Origine : France
Genre : L’arnaqueur plutôt que l’arnacoeur
Durée : 1h44
Date de sortie France : 31/10/2012
Note pour ce film : ●○○○○○
Contrepoint critique : Studio Ciné-Live
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