Du 16 au 23 novembre, on a plein de films déviants dans le PIFFF. Le Paris International Fantastic Film Festival est de retour pour la 2e année et commence déjà sur les chapeaux de roues. Au programme de cette première salve de film : du WTF, du mexicain raté, du collectif, un clown tueur, des bandes-annonces retro, …
Après les présentations en règle, le PIFFF a débuté sur un film qui nous a placé tout de suite dans le ton : John dies at the End. Le nouveau film du réalisateur de Bubba Ho-tep met à l’écran l’écrit de David Wong pour un trip complètement barré où se mélangent drogue, dimensions parallèles, mites infectieuses, créatures kitsch et visqueuses, moustache volante, télépathie temporelle grâce aux hot-dogs, visions et chien surdoué. Vous ne comprenez rien ? C’est normal, nous non plus et on doute même que les créateurs de cet OVNI sachent ce qu’ils viennent de créer. Et comme beaucoup de trips, ça se barre ici dans tous les sens, ce qui peut faire rire mais aussi souffrir de moments de creux et ça ne loupe pas. Finalement c’est plutôt vide (de sens mais pas que)mais ça aura au moins le mérite dans nous mettre dans l’ambiance du festival.
A noter que le film était précédé de l’étrange court-métrage belge Mort d’une ombre qui développe un univers rétro assez unique et bien travaillé pour une histoire mêlant photographie et pacte avec le diable. Intéressant.
Le premier film en compétition est donc le mexicain Here comes the Devil. Et d’emblée, il est clair que le film devrait repartir bredouille car si l’histoire aurait pu être intéressante (au cours d’une balade, un couple perd ses enfants et les retrouve quelques heures plus tard… mais suite à cet événement, les enfants commencent à se comporter bizarrement), rien ne suit derrière. Que ce soit l’écriture, la réalisation ou même le jeu des acteurs, tout est assez laid et mal foutu avec un manque de rythme évident. Et on passera sur les scènes de sexe complètement gratuites et le traitement de la pédophilie au ras des pâquerettes. Pas grand chose à sauver dans cette production et on espère que le reste de la compétition lavera cet échec.
Ensuite, l’attendu the ABC’s of Death était présenté hors compétition. Un film à sketches composé de 26 courts-métrages réalisés par 26 réalisateurs spécialistes du genre où chacun s’est vu confier l’illustration d’une lettre de l’alphabet, version horrifique et gore de préférence mais avec de l’humour. Et comme dans toutes les anthologies, force est d’admettre qu’une bonne partie des courts est à jeter pour ne garder qu’une poignée de pépites. Il faut dire qu’avec en moyenne 4 minutes chacun et aucun fil rouge (sinon ce superficiel alphabet), il est difficile de s’exprimer et certains y arrivent plus facilement que d’autre et la compilation durant plus de 2 heures fini par lasser.
De l’ensemble, on retiendra une ambiance plutôt scato et une tendance malsaine à la pédophilie et la maltraitance d’animaux. Parmi les plus réussis on retrouvera donc ceux qui portent bien la patte de leur auteur comme celui de Ben Wheatley (Kill List, s’occupant de la lettre U), Noburo Igushi (les productions Sushi Typhoon sur la lettre F), Kaare Andrews ou Xavier Gens. Mais aussi quelques trouvailles comme ce film d’animation en pâte à modeler trash sur la peur des toilettes.
Retour à la compétition avec ce qui s’annonce comme un joli revival des slasher des eighties avec Stitchies. Coulrophobes s’abstenir puisque le croque-mitaine qui va tenter ici de nous effrayer est un clown venant se venger l’humiliation (et la mort) et reçue lors de son spectacle chez le jeune Tom. Avec cette méchanceté toute irlandaise, le réalisateur nous présente des personnages assez bêtes loin des clichés américains pour servir de chair à canon mais il faudra attendre un moment pour que la fête commence. Le film est en effet assez long à démarrer puis, une fois que le méchant clown débarque dans la baraque le massacre peut commencer.
Si finalement l’hécatombe attendue ne sera pas là, il faut bien admettre que les mises à mort son assez originales et bénéficient d’effets de plateaux à l’ancienne qui font réellement plaisir à voir. Ça embroche, ça gonfle jusqu’à explosion, ça fait des boule de glace à la cervelle et même le chat n’en réchappe pas. C’est bête, saignant et méchant alors forcément, c’est plutôt drôle quand on regarde ça comme un bon vieux énième vendredi 13 ou chucky mal élevé.
Diffusé une seule fois dans un festival Texan, Trailer War est une grosse compilation sur près de 2 heures, de bandes-annonces de films d’exploitation des années 70 et 80. Des films de blaxploitation aux films de kung-fu en passant par les films de boobs, et bien d’autres nanars de l’époque, de la SF cheap au film d’action US patriotique, tout y passe et on doit reconnaitre avoir pris un super pied devant ces trailers rétros complètement ridicules. Parmi les pépites, on retiendra un bon David Carradine, une bande-annonce anglaise de Rabbi Jacob, le super-héros du pauvre Argoman, les rock aliens de Jermaine Jackson, le meilleur de la coupe afro de Jim Kelly, le répétitif the Electric Chair et la trouvaille Partners avec le couple John Hurt – Ryan O’Neil, et on ne vous parle pas de la dernière.
Évidemment, vu la durée, le film a ses moments de creux et on sent que certaines ne sont là que pour le remplissage mais cela ne nous empêche pas de tenir jusqu’au bout avec des répliques et accroches exceptionnelles, des bruitages à la ramasse, des effets super cheap, des musiques kitsch dignes des meilleurs films érotiques.. bref, un programme déviant qui nous ramène aux bonnes heures du pire du grindhouse. On vous met ensuite au défi de trouver tous les films pour les regarder en intégralité !
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