Attention, la meilleure nouvelle série de la saison n’est ni américaine ni anglaise mais bien française. Mystérieuse et insidieusement addictive, voici donc Les Revenants à découvrir le 26 novembre sur Canal +.
Il y avait à l’origine un film de Robin Campillo sorti discrètement en 2004 dans lequel le scénariste et réalisateur ramenait des centaines de personnes décédées dans leur foyer, étudiait alors les réactions de leurs proches et des autorités suite à ce retour inattendu et étrange. Aujourd’hui, le concept devient une série de 8 épisodes de 52 minutes supervisée Fabrice Gobert. Le réalisateur remarqué pour l’intriguant Simon Werner a disparu va replacer l’histoire dans une bourgade de haute montagne où, du jour au lendemain, certaines personne que l’on croyait mortes depuis des mois voire des années reviennent chez leurs proches. Mais contrairement à la mode horrifique des zombies, Les Revenants ont ici toute leur tête et c’est l’aspect social mêlé à un fantastique discret qui donne à la série toute sa saveur.
On retrouve bien ici la patte que Fabrice Gobert avait imprimé sur son premier film, se concentrant sur plusieurs personnages de manière chorale pour livrer un portrait en mosaïque de la société qu’il décrit tout en entretenant une atmosphère étrange dans un quotidien qui pourrait sembler banal.
Sur le principe, on pouvait aussi penser aux 4400 mais c’est finalement plus du côté de Twin Peaks qu’il faudra sans doute chercher l’inspiration car, en plus de ses habitants que nous allons apprendre à connaître, la ville est un personnage à part entière et nous découvrons au fur et à mesure que d’autres mystères sont inscrits sur dans ses murs, au cœur de la montagne. Ainsi, une histoire de serial-killer viendra se greffer au récit et d’autres surprises pourraient bien arriver. Et on espère rapidement que ce récit nous emmènes sur des pistes inattendues et nous fasse découvrir des personnages forts.
Contrairement à ce dont disposent les États-Unis, nous savons que le budget pour les fictions françaises et relativement serré. Pourtant le réalisateur s’accommode bien de cette contrainte pour distiller lentement les effets surnaturels. En effet, la série prend le temps d’installer ses personnages et les situations. Alors, bizarrement, en partie grâce à une photo soignée et un style cinématographique travaillé, plutôt que d’agacer, ce rythme fascine et entretien le mystère, laisse le temps de se poser des questions. Et si ceux qui ont l’habitude de ce type d’interrogations penseront sûrement déjà détenir quelques réponses, l’ambiance brumeuse reste assez prenante pour ne pas en sortir.
Mais si on suit aussi la série, c’est grâce à ses personnages travaillés. Chaque épisode est ainsi centré sur un personnage avec quelques flashbacks en renfort. On s’intéressera ainsi dans le premier épisode à une jeune fille qui avait disparu dans un accident de car et dont le retour va perturber la famille qui a encore du mal à faire le deuil alors que dans le second épisode, c’est jeune fiancé qui refait surface alors que sa promise a refait sa vie. A côté de ça, on commence aussi à faire la connaissance d’une jeune femme qui va héberger un garçon dont elle ignore tout et des flics qui ont toujours en travers de la gorge de ne pas avoir résolu une affaire qui remonte à des années. Petit à petit on commence alors à comprendre comment fonctionne cette communauté et dont différentes générations seront touchées par le phénomène.
Il faut dire aussi que la série bénéficie de comédiens confirmés ou prometteurs pour beaucoup issus du cinéma sans avoir des images de stars. On y retrouve ainsi Anne Consigny, Clotilde Hesme, Céline Sallette, Pierre Perrier, Guillaume Gouix, Grégory Gadebois ou encore Ana Girardot que l’on sent particulièrement impliqués sur le projet avec des rôles pas toujours faciles mais souvent attachants.
Au final, Les Revenants de Fabrice Gobert vont piocher dans ce qu’il se fait de mieux dans la culture télévisuelle américaine pour se l’approprier et lui donner cette note française particulière qui lui donne tout son intérêt. Pour un coup d’essai dans le fantastique, c’est une belle surprise qui nous est offerte ici et on a hâte d’en savoir plus sur le mystère qui entoure ces personnes, ce village et ces montagnes.