PIFFF 2012 (2e partie)

PIFFF 2012 (2e partie)

Le journal du Paris International Fantastic Film Festival continue avec au programme de cette deuxième salve de film : un film péruvien qui prend son temps, du retro Dario Argento, un Tsui Hark brouillon, une famille déjantée et un doc passionnant sur le numérique. C’est parti.

PIFFF 2012 (2e partie)

On commence cette nouvelle session avec le péruvien the Cleaner, El Limpiador. La capitale a été frappée par un virus mortel qui décime la population mais Eusebio, chargé de nettoyer les lieux où des cadavres ont été retrouvé, retrouve un enfant miraculé. Il va alors le recueillir et tenter de le rassurer. Ici, le virus ne sert finalement que de contexte et l’histoire n’avait peut-être même pas besoin de ça pour arriver à l’essentiel de l’histoire : un vieux mourant recueillant un garçon et cherchant à retrouver sa famille. Car au fond c’est sur cette relation sur laquelle on se concentre pendant la très longue heure et demi que dure le film.
Servi essentiellement par des cadrages fixes et très avare en dialogue, the Cleaner est d’une lenteur qui a de quoi endormir les plus accrocs au café. D’autant plus qu‘on ne s’attache jamais aux personnages (il faut dire qu’affubler le môme d’une boite en carton sur la tête n’aide pas à l’identification) et que l’histoire est très prévisible. On se demande alors pourquoi ne pas avoir réduit la durée du film à un court-métrage qui aurait éliminé les nombreux temps morts où il ne se passe strictement rien pour nous emporter un peu plus dans une histoire qui aurait dégagé un minimum d’émotion. Dommage.

PIFFF 2012 (2e partie)

Au PIFFF, il y a aussi des séances cultes pour replonger dans les premiers films de ceux qui ont marqué le cinéma de genre. C’est donc avec Quatre Mouche de Velours Gris que le festival rendait hommage à Dario Argento. 3e film du réalisateur qui clôturait alors sa « trilogie animale«  dans laquelle il revisitait à sa manière le genre horrifique typiquement italien qu’est le giallo. Si le film est toujours intéressant pour son rapport personnel au genre et à la vie du réalisateur, il n’est malheureusement pas le plus passionnant des trois. Moins inventif, moins gore, moins psychologiquement fou avec des personnages moins intéressants malgré ce trauma de la séparation du couple, il nous emporte plus difficilement.

PIFFF 2012 (2e partie)

L’un des films les plus attendus du festival était sans doute le nouveau Tsui Hark, Dragon Gate, la légende des Sabres Volants. Pour la 3e version de l’histoire de la résistance de Zhao contre le sanguinaire eunuque Yu qui cherche à éliminer toute opposition, le réalisateur a bénéficié d’un budget énorme récompensé par un succès à son échelle en Chine tandis qu’il sortira chez nous directement en vidéo. Et pour cause, car quand on se penche de plus près dessus, le scénario de ce Dragon Gate part dans tous les sens avec des personnages représentant différentes factions de la Chine qui devront s’unir contre un ennemi commun jamais approfondis auxquels on ne s’attache jamais.
Et la mise en scène de l’ancien roi du cinéma de Hong Kong ne va pas arranger notre compréhension puisqu’il va à 100 à l’heure. D’une générosité débordante et avec une foule d’idées (ce combat débutant à cheval et jusqu’en plein milieu d’une tornade), il en oublie hélas la majesté du Wuxiapian traditionnel où le spectacle des costumes et décors grandioses le dispute à la dramaturgie. Car ici, pour notre plus grand malheur, tout cela est noyé au milieu d’effets visuels hideux encore plus desservis par une 3D rendant informes les combats. Dragon Gate est donc fou et imaginatif certes, mais est malheureusement loin de nous épater.

PIFFF 2012 (2e partie)

On ne rechroniquera pas l’excellent Citadel que l’on avait vu à l’Étrange Festival mais nous retournons à la compétition avec In their Skin, film de « home invasion»  où une famille accueille de nouveaux voisins pour dîner. Mais très vite les invités s’imposent jusqu’à retenir la famille en otage. Si la mise en place est plutôt intéressante et la tension monte avec efficacité grâce à des acteurs plutôt bons, le film n’apporte hélas pas grand chose au genre et tout de suite on sent que l’on ne va pas se démarquer beaucoup de Funny Games, d’autant plus que certains passages sont inutiles et que l’auteur ne va pas au bout de son idée pour boucler le film d’un seul coup et de manière totalement superficielle. Dommage.

PIFFF 2012 (2e partie)

Le documentaire de cette année, présenté hors compétition, revient sur l’évolution technique du cinéma. Dans Side by Side, Keanu Reeves part à la rencontre des meilleurs réalisateurs et directeurs de la photographie pour recueillir leurs impressions sur le numérique qui est en passe d’envoyer la pellicule traditionnelle aux oubliettes. En s’intéressant à toutes les étapes de l’utilisation du numérique bien avant les années 2000, le documentaire s’avère très complet. Non seulement il s’intéresse au changement des caméra et de la définition de l’image mais il revient aussi sur les chamboulements que cela implique sur le métier du directeur de la photographie, le montage, les effets visuels ou l’étalonnage qui prend alors une nouvelle importance, jusqu’à la distribution et l’archivage des films.
Il est vrai que la technique a permis de démocratiser l’accès à l’image et par là, a mis du temps avant d’être acceptée par la profession mais on voit que les mentalités changent et que, surtout, il s’agit avant tout d’un outil permettant de raconter des histoires autrement. Un révolution que le grand public ne perçoit pas forcément (ou de manière plutôt inconsciente) mais qui marque tout de même un tournant dans l’histoire du cinéma. Mais tant qu’il y aura des conteurs, il y aura du cinéma.

Retrouvez le reste des films vus dans la programmation.