Le PIFFF maintenant, c’est aussi une nuit blanche avec des films cultes (ou presque) qui réserve quelques surprises. Pour cette première fois, les organisateurs font fort en faisant une nuit thématique Clive Barker avec 4 films issus de l’univers dérangé de l’artiste sous-estimé qui a tout de même marqué les années 90.
Artiste protéiforme s’intéressant aussi bien à la littérature et au cinéma qu’au jeu vidéo, aux comics ou à la peinture, Clive Barker a marqué, pour tout ceux qui ont pu découvrir un pan de son œuvre, tout le genre horrifique, développant un univers monstrueux dans la lignée de ce qu’a pu faire Lovecraft, n’hésitant pas à aller assez loin dans le malsain. Toujours relativement inconnu du grand public et mésestimé par les sociétés qui ont chercher à adapter son œuvre dérangée au grand écran, le PIFFF a eu la bonne idée de nous initier de belle manière à l’auteur.
La nuit a donc commencé avec Nightbreed : the Cabal cut, très attendu par les fans. Et pour cause puisqu’en adaptant son livre Cabal sous le titre Nightbreed en 1990, Barker s’est fait complètement déposséder du film par les producteur pour le rendre plus conforme au standards. Après une lutte acharnée, une poignée de fans a retrouvé une copie de travail d’origine et a entamé un travail titanesque pour rendre justice à Barker. Nightbreed : the Cabal cut est donc la version la plus proche de la vision de l’auteur. Nous y découvrons donc un homme poursuivi par son psychiatre, qui rejoint un lieu mythique nommé Midian, rempli de monstres le prenant pour le sauveur d’une mystérieuse prophétie. Et très vite sa compagne va chercher à le rejoindre. Ici, c’est plus qu’un simple film d’horreur qui nous est présenté mais un véritable univers alternatif au destin épique et très sombre qui a malheureusement souffert des moyens et désirs de la production.
Une confusion qui vient ici en partie de la qualité du film. En effet, de nombreux passages de ce cut viennent tout droit d’un support VHS et se retrouve donc de piètre qualité sur grand écran, marquant une nette différence avec les passages repris du DVD. Il faudra donc attendre que le travail de restauration par cette bande de fans soit terminé pour pouvoir admirer le film dans son ensemble. (pour leur donner un coup de main en signant la pétition, c’est ici)
Second film présenté dans le cadre de cette nuit thématique, Hellraiser est sans doute ce qui caractérise tout l’univers de Clive Barker. Ici, le fantastique trash se glisse petit à petit dans notre univers. L’intrigue est ainsi plutôt intimiste et tourne autour d’une famille très dysfonctionnelle pour virer dans l’horreur la plus complète et un romantisme sacrément déviant. Mais ce qui rend Hellraiser aussi culte, c’est bien entendu l’apparition des Cénobites menés par le charismatique Pinhead. « Explorateurs» des plaisirs et souffrances tendance SM poussées à l’extrême issus d’un univers parallèle cauchemardesque, ils rendent le film bien plus fascinant qu’une simple histoire de slasher ou de malédiction pour emmener le film vers des territoires inconnus dont seul l’esprit dérangé de Clive Barker a le secret.
C’est ensuite Hellraiser 2 Hellbound qui sera présenté. Le film est la suite directe du premier opus où nous retrouvons l’héroïne dans un hôpital psychiatrique. C’est l’excuse parfaite pour se livrer au n’importe quoi et à toutes les folies possibles et recettes éculées (la jeune autiste qui a réponse à tout) pour étendre l’univers labyrinthique des Cénobites. Le film est ainsi un gros foutoir sans aucun sens qui ne va faire que détruire en 2 minutes tout le charisme de Pinehead de manière assez ridicule. On comprend alors pourquoi Barker a désapprouvé le film et on n’osera pas regarder les suites. Vu la qualité exécrable de cet opus, on se dit alors que le festival aurait mieux fait de nous diffuser l’excellent Midnight Meat Train.
Mais on va tout de suite se réconcilier avec la projection de l’excellent Candyman. Film d’horreur culte qui a marqué les années 90 avec un boogeyman sacrément charismatique incarné par Tony Todd, le film issu d’une nouvelle de Clive Barker et mis en scène par Bernard Rose va explorer les recoins des quartiers laissés aux gangs et à la drogue dans les grandes villes, mettant ainsi en lumière un certain mal-être urbain de l’époque tout en apportant un discours mystique passionnant sur les légendes urbaines et leur transmission. Avec une mise en scène classique mais qui pose bien l’ambiance désespérée d’un film très adulte, des personnages intéressants loin des clichés du slasher habituel, le film porte très bien sa réputation flatteuse et nous invite à réfléchir longuement sur ses thèmes tout en nous filant quelques frissons sanglants. Une belle manière de finir cette nuit Barker.
Retrouvez le reste des films vus dans la programmation.