“Silent Hill : Revelation” de Michael J. Bassett

Par Boustoune

Que dire de Silent Hill : Revelation? Vu le titre, la tentation est grande de garder le silence, tout ce qu’on voudrait dire de pas très aimable sur le film pouvant être retenu contre nous par le distributeur, très fier de proposer son nouveau bébé. Ou alors, plus rigolo, on propose une minute de silence à la mémoire de la franchise Silent Hill, qui vient de rendre l’âme après ce deuxième épisode. Allez hop, une minute de silence. Que ceux qui ne veulent pas entendre de vacheries sur le film en profitent pour sortir (…)

(…) Bon, que dire sur Silent Hill : Revelation, si ce n’est que c’est un mauvais film comme on aimerait en voir moins souvent? 
Franchement, comment est-ce possible de ne pas réussir au minimum une scène terrifiante, juste une, dans un film de près de deux heures, avec le potentiel horrifique du matériau d’origine – les jeux “Silent Hill” et le premier film de la franchise, signé Christophe Gans?
Comment est-ce possible de ne pas créer une atmosphère un tant soit peu angoissante avec pour décors une ville-fantôme, des souterrains sombres et poisseux, et un asile psychiatrique aux murs chargés d’histoires lugubres?
Comment est-ce possible de ne pas du tout – ou si peu – exploiter l’aspect psychanalytique de cet univers onirique/cauchemardesque?

D’accord, avec Michael J. Bassett aux commandes de ce deuxième épisode, on ne pouvait guère s’attendre à des miracles. On sait depuis l’affligeant Solomon Kane que le bonhomme n’est pas un bon cinéaste, ce n’est pas une… révélation (Oui, le jeu de mot est pourri, mais c’est pour nous mettre au diapason du film.). Mais quand même, on était en droit d’attendre un peu mieux que cette succession de péripéties mollassonnes, mal filmées, plombées par des effets 3D tout pourris, qui ne parviennent jamais à nous arracher ne serait-ce qu’un petit frisson d’effroi.

Le premier Silent Hill n’était pas un chef d’oeuvre, loin de là, mais, avant de basculer dans le n’importe quoi scénaristique, Christophe Gans avait quand même réussi à nous faire flipper pendant plus d’une heure avec son ambiance glauque et son bestiaire impressionnant et c’est ce que l’on retient du film aujourd’hui : un bon film d’horreur à l’atmosphère vraiment sordide.
De ce premier opus, Bassett n’a retenu, lui, que le mauvais : l’outrance de son final grandiloquent, la narration confuse, la direction d’acteurs parfois aléatoire… Il tente bien de repomper deux ou trois scènes marquantes de Silent Hill – la scène des infirmières cauchemardesques, entre autres – mais il le fait avec infiniment moins de talent que Christophe Gans, et se vautre donc en beauté.

Bon, à sa décharge, il doit composer avec un scénario infâme, dont tout mystère est éventé au bout d’une demie-heure (pfff, tu parles d’une révélation…) et qui se traîne péniblement d’une scène à l’autre, d’un monstre à l’autre, en meublant avec des dialogues d’une rare platitude. Ah, on vient de voir qu’il est le seul et unique responsable du scénario. C’est donc lui qu’il convient de blâmer pour l’étendue de ce désastre…

Tout tourne cette fois autour du personnage d’Heather Mason, une jeune femme de dix-huit ans. Depuis son enfance, son père et elle passent leur temps à fuir d’une ville à l’autre, changeant constamment d’identité. Officiellement pour échapper à la police, qui veut les arrêter pour un crime dont le père est accusé. Officieusement pour fuir Silent Hill et ses habitants dégénérés. La jeune femme l’ignore. Elle n’a aucun souvenir de cette ville liée à son passé.
Le spectateur qui a vu le premier épisode sait, lui, que la belle Heather n’est autre que la petite Sharon, la fillette jouée par Jodelle Ferland dans le premier opus (pfff, tu parles d’une révélation – bis). Sa mère adoptive, Rose (Radha Mitchell) a donc réussi à l’extirper des entrailles de la ville maudite pour la ramener au bercail, avant de se retrouver piégée dans les ténèbres. Mais Sharon/Heather n’est pas en sécurité. A peine a-t-elle déménagé dans un nouveau bled qu’elle est en proie à de violents cauchemars ayant pour cadre Silent Hill.
Quand son père disparaît, elle comprend qu’il a été enlevé par la secte de fanatiques qui sévit dans la ville-fantôme et décide de s’y rendre illico. Mais comme elle ne sait pas conduire, elle se fait accompagner d’un camarade de classe, qui n’a aucun lien avec la secte en question et Silent Hill, hein, Bassett n’aurait pas osé cet artifice scénaristique grossier, quand même… Euh, ben si en fait… Argh, le spoiler de la mort.

OK, OK, on n’en dit pas plus… (Pfff, quand même, tu parles d’une révélation – ter)
On rajoute juste que, même si le film baigne dans la confusion scénaristique totale, son cheminement reste ultra-prévisible jusqu’au dénouement, ridicule duel de monstres, et que tous les éléments qui pourraient pimenter un peu le scénario sont abandonnés en cours de route sans motif valable.
La mise en scène, ô surprise, est assez abominable. Bassett sait-il tourner un plan qui dure plus d’une seconde? On peut en douter, au vu du résultat, bouillie d’images empilées par un monteur sous amphétamines. Il faudra peut-être lui expliquer que des plans plus fixes, plus longs, sont plus utiles pour créer une ambiance angoissante… L’utilisation du relief n’arrange pas les choses. Pour créer des effets “saisissants”, le cinéaste ne trouve rien de mieux à faire que de faire jaillir des objets hors de l’écran, comme le classique couteau (ouais, bof…) ou des bouts de doigts coupés (moche et ridicule…). Le résultat, laid et confus, fait mal au crâne et nuit à la compréhension globale de l’action. Mais en même temps, on décroche assez vite face à la vacuité du scénario…

Pour parachever le fiasco, le casting n’est pas à la hauteur. Les acteurs sont plutôt expérimentés (Malcolm McDowell, Martin Donovan, Sean Bean, Carrie-Anne Moss, Deborah Kara Unger…), mais, abandonnés à eux-mêmes et trahis par un scénario et des dialogues nullissimes, ils livrent tous des performances assez risibles. Sean Bean et Kit Harington, oubliant un temps leurs “Games of throne” surjouent chaque scène, mais ne parviennent pas à rivaliser avec Malcolm McDowell, en roue libre, qui se lance dans un numéro de cabotinage à faire pâlir de jalousie les pires cabots de Hollywood.
La seule qui tire son épingle du jeu, c’est Adelaide Clemens, l’héroïne du film. La jeune actrice se met en valeur grâce à son joli minois, à mi-chemin entre Michelle Williams et Abbie Cornish, mais aussi par une implication dans son personnage un peu plus grande que celle de ses partenaires.
Sans elle pour nous guider dans le monde de Silent Hill, on avoue qu’on aurait très rapidement abandonné la partie…

Bref, vous aurez compris que ce Silent Hill: Revelation n’est pas du tout à la hauteur du premier épisode (pourtant imparfait et bancal). Il oriente la franchise vers quelque chose de plus bourrin et de moins terrifiant, à l’instar des Resident Evil, également produits par Samuel Hadida.
Il y aura sûrement des amateurs, hélas… De notre côté, on dit “Game over” pour ces films sans âme et sans saveur. On préfère se replonger dans les jeux vidéo “Silent Hill”. Là au moins, il y avait une vraie ambiance angoissante, des effets chocs et un univers cohérent…

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Silent Hill : Revelation
Silent Hill : Revelation 3D

Réalisateur : Michael J. Bassett 
Avec : Adelaide Clemens, Sean Bean, Kit Harington, Malcolm McDowell, Carrie-Anne Moss
Origine : Etats-Unis
Genre : enfer pour cinéphile 
Durée : 1h34

Date de sortie France : 28/11/2012
Note pour ce film : ●○○○○○
Contrepoint critique : Metro
(contrepoint de notre ami Medhi Omaïs en mode schizophrène / monde parallèle)

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